Deutsche Bank prend ses pertes dans l’affaire Kirch

La banque allemande s’est résolue à régler un litige vieux de douze ans, qui creusera de 350 millions d’euros sa perte nette du quatrième trimestre
Alexandre Garabedian

Deutsche Bank vient de régler l’un des plus vieux litiges qui encombraient son service juridique: la faillite du groupe allemand de médias Kirch en 2002. L’accord amiable signé hier par la banque avec les héritiers de Leo Kirch met fin à une procédure qui ternit depuis douze ans son image outre-Rhin, a éclaboussé deux de ses directeurs généraux – Rolf Breuer puis Josef Ackermann – et menaçait d’en faire autant avec Jürgen Fitschen. Le co-directeur général du groupe s’est en effet retrouvé fin 2013 dans le viseur de la justice allemande sur ce dossier.

Pour se délester de ce boulet, Deutsche Bank devrait débourser environ 925 millions d’euros. L’accord prévoit une transaction de 775 millions, selon le communiqué de la banque, montant auquel s’ajoutent des intérêts et le remboursement des frais juridiques engagés. Ces deux derniers éléments s’élèveraient à 110 millions et 40 millions d’euros respectivement, selon Bloomberg. Les provisions déjà constituées pour ce litige se montrent insuffisantes, et les résultats du quatrième trimestre, que Deutsche Bank a déjà publiés, seront amputés de 350 millions après impôt.

A fin 2013, le groupe avait provisionné au total 2,3 milliards d’euros pour faire face à l’ensemble de ses risques juridiques. Ceux-ci l’ont conduit à publier une perte de 958 millions au quatrième trimestre, que l’affaire Kirch va donc porter à 1,3 milliard. D’autres litiges pourraient coûter très cher à la banque, tels les soupçons de manipulation du marché des changes, dont elle est le numéro un mondial.

Tout est parti d’une interview de Rolf Breuer sur Bloomberg TV en 2002. Le patron de Deutsche Bank évoque alors les difficultés déjà bien connues du groupe Kirch. Quelques mois plus tard, ce dernier dépose le bilan. Leo Kirch, décédé en 2011, et ses héritiers, ont toujours soutenu que cet entretien avait accéléré les problèmes de liquidités du groupe et faisait partie d’un «complot» de Deutsche Bank pour mettre à bas l’empire des médias.

L’accord amiable éteint les procédures entre les deux parties, mais pas encore les investigations de la justice. En décembre 2012, la haute cour de Munich avait jugé que Rolf Breuer et la banque étaient responsables des propos tenus sur Kirch. La justice a ouvert des enquêtes sur les témoignages fournis dans cette affaire par Rolf Breuer, Josef Ackermann, Jürgen Fitschen et l’ancien président de la banque, Clemens Börsig.

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