
Banquiers et assureurs paieraient près de la moitié de l’impôt exceptionnel 2017
Les directeurs financiers des groupes bancaires et d’assurance n’ont pas encore affiné leurs calculs – «il est trop tôt», a déclaré ce vendredi le DG de la Société Générale, Frederic Oudéa – mais ils savent que leurs entreprises seront parmi les plus gros contributeurs à la surtaxe d’IS annoncée par le gouvernement. Sur le principe, le calcul est simple: toute entreprise réalisant en France plus de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires paiera un supplément d’impôt sur les bénéfices de 30% au titre de 2017, avant le 20 décembre. Autrement dit, leur taux d’impôt passera de 33,33% à 43,33%. Entre 1 milliard et 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le taux d’IS passera de 33,33% à 38,33%.
Les banques à réseaux seront fortement mises à contribution. En 2016, le Crédit Agricole s’est acquitté en France de 1,04 milliard d’euros, au titre des impôts courants (hormis les différés). BNP Paribas a versé 667 millions, la Société Générale 445 millions et La Banque Postale 300 millions. BPCE affiche 1,33 milliard, mais ne différencie pas impôts de l’année courante et ceux qui sont différés. Au total, ces banques ont versé au fisc français plus de 3 milliards d’euros. Sur cette base, elles paieront grosso modo 1 milliard d’impôt en plus.
Selon l’ACPR, les banques exerçant en France ont payé, en 2016, 5 milliards d’euros d’impôt sur les bénéfices. Certes, toutes ne réalisent pas plus de 3 milliards de chiffre d’affaires. Mais on peut estimer que la surtaxe acquittée par les banques approchera donc 1,5 milliard.
Les assureurs sont aussi concernés. Pour 2016, Axa a payé 543 millions d’impôt en France, CNP plus de 450 millions. Covéa s’est acquitté globalement de 480 millions d’IS, dont la majeure partie en France. Avec Allianz France et Generali France, ce sont plus de 2 milliards d’euros d’impôt qu’ont versés ces grands assureurs, qui sont tous concernés par la surtaxe de 30%. Autrement dit, sur la base des impôts 2016, ils seraient amenés à payer 600 millions d’euros en plus. Compte tenu des autres assureurs, le milliard d’impôt supplémentaire serait approché pour le secteur de l’assurance.
Au total, banquiers et assureurs pourraient donc payer près de 2,5 milliards, soit la moitié de la contribution exceptionnelle que votera l’Assemblée nationale ce lundi. Les mutualistes sont particulièrement pénalisés, puisqu’ils ne recevront rien au titre du remboursement de la taxe sur les dividendes. Pour les autres, ces remboursements viendront adoucir la facture.
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Un an après les émeutes, la Martinique renforce son « bouclier qualité-prix » contre la vie chère
Fort-de-France - Un an après les émeutes en Martinique sur fond de mobilisation contre la vie chère, les principaux acteurs de la distribution et les services de l’Etat ont adopté lundi une version étendue du «bouclier qualité-prix» (BQP). «C’est l’aboutissement de trois mois de négociations avec la grande distribution, avec les grossistes importateurs, pour obtenir un bouclier qualité-prix qui soit élargi», a salué le préfet de la Martinique, Etienne Desplanques, à l’issue de la signature de ce dispositif annuel de modération des prix des produits de consommation courante. Il s’agissait d’une des mesures phares inscrites dans le protocole de lutte contre la vie chère, signé le 16 octobre 2024 par le prédécesseur de M. Desplanques et une trentaine d’interlocuteurs locaux, au terme de plusieurs semaines de protestation populaire sur cette île où les produits alimentaires sont en moyenne 40% plus chers que dans l’Hexagone, selon l’Insee. Malgré la signature de ce protocole, les prix ont enregistré en juillet 2025 une progression de 0,8% sur un an en Martinique, indiquait l’institut fin août. «L’Etat s'était engagé à ouvrir une négociation» et «les associations de consommateurs nous le demandaient», a rappelé le représentant de l’Etat. Jusqu’ici limité à 134 articles répartis en quatre «sous-paniers» - produits alimentaires, infantiles, d’hygiène ou d’entretien -, le BQP, dont la nouvelle version entre en vigueur dès mardi, comporte désormais 180 produits, dont 14 fournitures scolaires, catégorie jusqu’ici exclue du dispositif. En outre, une catégorie «BQP bricolage», qui inclut 36 articles vendus dans sept enseignes de l'île, a été créée, en s’inspirant du modèle existant à La Réunion. Ces produits ont été définis «par les associations de consommateurs, qui ont fait état de leurs besoins», s’est félicité Patrick Plantard, le président de l’Observatoire des prix, des marges et des revenus des Antilles-Guyane, qui prend part chaque année à l'élaboration du BQP. Le dispositif annuel devrait être étoffé d’un «BQP automobile» portant sur les pièces détachées et «les services d’entretien des véhicules», a indiqué le préfet. Les négociations avec les acteurs de ce secteur seront lancées «d’ici quelques semaines», a-t-il précisé. © Agence France-Presse