2020, l’année de tous les records

Elle restera comme celle de la crise du coronavirus mais sur les marchés financiers comme une pluie de records.
Xavier Diaz

L’année 2020 restera dans les mémoires comme celle du Covid mais sur les marchés financiers comme celle de drôles de records. Records sur les marchés actions, de taux ou de matières premières mais aussi sur le très spéculatif segment des cryptomonnaies.

Sur les marchés actions, après la chute vertigineuse de février-mars, en pleine crise du coronavirus, le rebond a été tout aussi spectaculaire. Depuis les plus bas de mars 2020, la capitalisation des places boursières dans le monde a gonflé de près de 40.000 milliards de dollars, à plus de 100.000 milliards. «Ce rallye dépasse les quatre précédents depuis 100 ans (1929, 1938, 1974 et 2009)», relèvent les stratégistes de Bank of America. Mais ce rebond a un prix, les actions n’ont jamais été aussi chères. L’indice MSCI Monde capitalise plus de 25 fois les bénéfices anticipés pour les 12 prochains mois, au plus haut. Des records, Wall Street en a engrangé. On retiendra le bond de 42,9% du Nasdaq à un plus haut historique de 12.888,28 points, porté par les grandes valeurs technologiques qui ont été les grandes gagnantes de la crise du coronavirus. Les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) symbolisent cette polarisation. Ces cinq valeurs représentent désormais un quart de la capitalisation du S&P 500 (qui a également terminé l’année au plus haut).

Tesla en tête

Une action dépasse l’ensemble: Tesla. Le constructeur de véhicules électriques a vu sa valeur multipliée par huit (+730%). Sa capitalisation est désormais près de trois fois plus importante que celle du deuxième constructeur mondial (en Bourse) Toyota, qu’il a dépassé en juillet dernier. L’ascension fulgurante de la valeur cette année, qui laisse incrédule de nombreux investisseurs, repose sur beaucoup de spéculation mais aussi sur un contexte favorable. Elle a reçu le soutien sans faille des investisseurs particuliers américains en début d’année (deuxième valeur préférée des clients du courtier Robinhood), elle a divisé par cinq son nominal en août (ce qui lui a permis de poursuivre son rebond dans la deuxième partie de l’année) et elle a réalisé quatre puis cinq trimestres consécutifs bénéficiaires ce qui lui a ouvert la voie à son intégration dans l’indice S&P 500 en décembre (directement parmi les dix plus grandes valeurs). Une ascension qui lui a permis de lever 12 milliards de dollars au travers de trois augmentations de capital, soit trois fois le montant que Tesla avait levé depuis son introduction en 2010. Il n’en demeure pas moins que cette forte progression soulève des interrogations, y compris chez Elon Musk, le fantasque fondateur du groupe, qui avait jugé la valeur trop chère en juillet dernier. Elle a plus que doublé depuis.

Les records n’ont toutefois pas été l’apanage des marchés actions. Sur les marchés de taux également, les compteurs se sont emballés avec un rendement des Treasuries 10 ans tombant à un plus bas historique de 0,68%. Des emprunts américains qui ont atteint un record d’émissions de 3.400 milliards de dollars; une tendance imitée par le marché crédit américain avec 2.500 milliards de dollars d’émissions. Des records sont également tombés en zone euro mais la plus grande sensation aura été le passage en rendement négatif des emprunts à 10 ans portugais et espagnol en fin d’année.

Sur le marché des matières premières, les contrats futures sur le pétrole ont atteint un record à la baisse en mars, plongeant en négatif alors que les investisseurs, ne voulant pas être livrés, ont cherché à déboucler leurs positions à tout prix. A l’inverse, les métaux précieux ont atteint un record à la hausse cet été, l’or dépassant les 2.000 dollars l’once à 2.049 dollars. En hausse de 25% sur l’année, le métal jaune réalise sa meilleure performance en 10 ans. L’argent fait encore mieux avec un bond de près de 50%.

Le bitcoin s’envole

Mais l’autre sensation de l’année 2020 aura été le rebond du bitcoin qui après avoir dépassé son précédent record (19.000 dollars fin 2017) mi-décembre a terminé l’année à 28.831 dollars, après une hausse de 313% depuis janvier. Contrairement à son ascension de 2017, soutenue par la spéculation des particuliers, cette nouvelle progression est portée par l’engouement nouveau des banques, des entreprises et des investisseurs institutionnels pour la vedette des cryptomonnaies. Ce qui la rendrait plus soutenable. A voir. Ces investisseurs cherchent des actifs permettant de se prémunir contre une hausse hypothétique de l’inflation. Une hausse qui serait alimentée par les 22.000 milliards de dollars de stimulus budgétaire et monétaire mis sur la table pour faire face à la crise du coronavirus. Rien que les banques centrales ont injecté 1.000 milliards de dollars chaque mois depuis mars, soit 1,3 milliard chaque heure, selon les calculs de BoA. Même si jusqu’à présent ces injections de liquidités massives n’ont eu aucun effet sur l’inflation, car elles n’ont pas permis d’accélérer la vitesse de circulation de la monnaie, mais plutôt contribué à gonfler des bulles sur les marchés financiers. La hausse du bitcoin se poursuivait en ce début d’année, à 34.000 dollars hier, dans les cotations à Singapour.

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