
Scor donne des gages pour un retour vers sa rentabilité technique

Scor mise sur un meilleur portefeuille pour séduire. Le groupe de réassurance français, qui vient de limoger son directeur général Laurent Rousseau pour embaucher le directeur de la souscription de Swiss Re Thierry Léger, a largement revu ses engagements lors des renouvellements des contrats de réassurance du 1er janvier 2023. A taux de change constants, les primes de réassurance concernées - 67% des traités de réassurance dommages et responsabilité - ont ainsi baissé de 12,1% sur un an à 3,66 milliards d’euros. « Ces renouvellements ont été marqués par une contraction de l’offre de réassurance et une demande de protection soutenue des cédantes », indique le réassureur.
Amélioration du ratio de souscription
Cette réduction, qui s’accompagne d’une « augmentation des tarifs de 9% avant prise en compte des hypothèses d’inflation », s’explique par la baisse de 20,4% des primes de sa division de réassurance non vie Scor Global P&C. Le réassureur a finalement réussi à diminuer de 14% son exposition aux catastrophes naturelles. Il a en outre imposé des fortes hausses de tarifs pour les traités couvrants les cat nat (71% en Amérique du Nord et 44% en Europe).
Outre la revue de ses engagements en catastrophes naturelles, Scor a respecté l’un des trois piliers identifiés dans son plan d’urgence lancé après le troisième trimestre où il a affiché une perte de 270 millions d’euros : saisir des opportunités de croissance. Les primes «Treaty Global Lines», qui couvrent les branches agriculture, aviation, crédit caution, assurance décennale, engineering, marine et énergie, espace, cyber et alternative solutions, ont progressé de 3,6% à 1,48 milliard d’euros. « Le ratio net de souscription attendu du portefeuille renouvelé au 1er janvier 2023 s’améliore de 2,5 à 3 points », conclut Scor, qui se réjouit d’obtenir « lors de ces renouvellements de meilleures conditions, telles que l’exclusion de périls supplémentaires, des franchises plus élevées ainsi que des conditions de reconstitution plus strictes ».
Positionnement concurrentiel
Après avoir accumulé plus de 500 millions de pertes sur les trois premiers trimestres de 2022, Scor était très attendu sur ces renouvellements, notamment du côté de la réduction de l’exposition aux catastrophes naturelles. « Ces choix forts sont conformes à la stratégie suivie depuis plus d’un an et devraient contribuer au redressement de la rentabilité technique du groupe », réagit Manuel Arrivé, directeur au sein de l’équipe assurance de Fitch Ratings, qui a dégradé sa perspective du groupe. Mais les problèmes de Scor sont plus profonds. « A ce stade, nous continuons à voir peu de clarté sur la capacité bénéficiaire à court terme de la société et nous restons sur cette opinion malgré les efforts manifestes de Scor pour améliorer et modifier la rentabilité de l’activité », jugent ainsi les analystes de JPMorgan.
Thierry Léger, qui prendra ses fonctions le 1er mai 2023, doit déjà plancher sur les orientations stratégiques dont il dévoilera les lignes lors de l’assemblée générale. « Avec l’entrée en fonction d’un nouveau directeur plus tard en 2023, nous continuons d’envisager un scénario réaliste selon lequel d’autres mesures pourraient être prises, ce qui permettrait de renforcer la prudence pour permettre à l’entreprise de réussir son redressement », poursuit JPMorgan. « L’enjeu pour Scor est de réussir à réduire ces expositions tout en préservant son positionnement concurrentiel sur des marchés clés. Nous porterons une attention particulière sur ce point cette année », résume Manuel Arrivé.
Risque d’exécution
La tâche s’annonce d’autant plus compliquée que Thierry Léger sera observé de près. Moody’s Investor Services a récemment abaissé la note de crédit de Scor de Aa3 à A1, en relevant sa perspective de négative pour refléter « l’affaiblissement récent de la rentabilité du groupe et la prévision de Moody’s selon laquelle la direction générale du groupe sera probablement confrontée à un niveau élevé de surveillance de la part des parties prenantes externes, à savoir les clients et les investisseurs, et des parties prenantes internes, ce qui augmentera le risque d’exécution dans la mise en œuvre d’un nouveau plan stratégique ». Bienvenue.
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