Régulation bancaire : l’Allemagne met en garde les Etats-Unis contre une action unilatérale

La BaFin s’inquiète du projet porté par Washington visant à exiger un renforcement des fonds propres des banques étrangères
Antoine Duroyon

Les régulateurs allemands veillent au grain. Ils sont montés hier au créneau pour avertir du danger d’une action isolée des Etats-Unis en matière de supervision financière. La BaFin, l’autorité allemande des marchés financiers, a indiqué qu’elle discutait avec les régulateurs américains de leur projet de renforcement des fonds propres des établissements étrangers. Lors d’une conférence de presse à Bonn, la présidente de la BaFin, Elke Koenig, a estimé qu’une telle décision «serait un pas dans la mauvaise direction».

Tonalité similaire du côté de la Bundesbank, la banque centrale allemande. Sa vice-présidente, Sabine Lautenschlaeger, a jugé qu’une action unilatérale des Etats-Unis rendrait la gestion des grands établissements plus difficile, de même que la résolution de banques d’envergure mondiale dans une mauvaise passe. «Des règles nationales spécifiques ne s’accordent pas avec un univers de banques actives internationalement», a-t-elle expliqué lors d’une conférence distincte de celle de la BaFin. La représentante de la Bundesbank a également considéré que le ratio de levier de 3% compris dans Bâle 3 est insuffisant et que se focaliser sur ce seul indicateur est une erreur, étant donné qu’il implique des règles comptables variées dans différents pays.

Du côté des acteurs bancaires, on s’inquiète d’une «balkanisation de la régulation» pour reprendre l’expression employée hier par Anshu Jain, co-directeur général de Deutsche Bank. Son confrère de Commerzbank, Martin Blessing, a repris la même idée en déclarant qu’il observait la tendance à une fragmentation réglementaire affectant particulièrement les établissements transfrontières.

Ce tir de barrage contre les ambitions américaines intervient alors que la BaFin a révisé à la baisse son estimation de déficit en fonds propres pour les grandes banques allemandes. Elle le situe désormais à 14 milliards d’euros contre 32 milliards au second semestre 2012. Deutsche Bank a levé 3 milliards d’euros de capitaux le mois dernier, tandis que sa dauphine Commerzbank devait boucler hier une augmentation de capital de 2,5 milliards d’euros. Selon les nouvelles normes mises en place par Bâle 3, les établissements devront afficher un ratio de fonds propres durs (core tier one) de 7% d’ici 2019.

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