
Quand les banquiers se font « missionnaires »

« C’est une grande satisfaction d’apporter mon aide à des lycéens. J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie professionnelle et c’est l’heure de rendre un peu de ce qui m’a été donné », témoigne Philippe Lousky, qui a mené une longue carrière chez BNP Paribas et à La Banque Postale, dans les salles de marché puis comme déontologue. Salarié détaché de La Banque Postale dans le cadre d’un mécénat de compétences (1) à l’Institut pour l’éducation financière du public (IEFP) – éditeur du site Lafinancepourtous.com –, il encadre des banquiers bénévoles et intervient lui-même dans un programme de culture financière pour des lycéens de la filière sciences et technologies du management et de la gestion (STMG).
Comme lui, de nombreux salariés de banques et d’organismes financiers se sont engagés dans l’éducation financière du public, comme bénévoles ou dans le cadre d’un mécénat de compétences. Certains en ont fait leur métier. Un investissement utile, car la France n’est pas une bonne élève : 85 % des Français n’ont reçu aucun enseignement sur ce sujet, que ce soit à l’école, dans leurs études supérieures ou en entreprise (2). Le ministère de l’Economie a lancé, en 2016, une stratégie d’éducation financière, portée par la Banque de France (lire l’entretien page 40). Légitimes comme premiers interlocuteurs du public sur les questions financières et portées par un besoin d’engagement sociétal, les banques se sont emparées du sujet depuis plusieurs années déjà. Un levier de motivation pour leurs salariés, heureux de donner de leur temps pour expliquer la gestion de budget ou délivrer des notions d’économie.
Il y a cinq ans, Gérard Ast, responsable des partenariats à la direction commerciale du Bas-Rhin de la Société Générale, a mis en place un partenariat avec l’antenne strasbourgeoise du réseau Crésus, dont l’un des objectifs est de prévenir l’exclusion financière. La banque a aussi contribué au développement et au financement de « Dilemme », un jeu de société utilisé comme support pédagogique. « Nous intervenons régulièrement en binôme avec des personnes de Crésus dans des collèges, des lycées, et récemment dans une maison des Compagnons du devoir, explique Gérard Ast. Je participe personnellement à des sessions, car j’aime ce contact avec les jeunes. Cela me permet de voir comment ils perçoivent les questions budgétaires, d’aborder le sujet avec eux de manière technique et de démystifier la relation client-banquier. »
Employé par Crésus à Strasbourg, Brieuc Bara, 30 ans, qui a travaillé dans la banque et l’assurance (CIC, MMA), mais aussi dans un magasin spécialisé dans les jeux de société, est chargé des nouveaux développements de Dilemme. Il co-anime de nombreuses sessions pédagogiques, souvent en tandem avec un volontaire d’une banque. Certains d’entre eux, formés pour l’animer, sont ainsi devenus ambassadeurs du jeu. « Il permet d’aborder le budget de manière pédagogique. Certains problèmes peuvent être évités comme la surutilisation du crédit renouvelable », avance Brieuc Bara.
A la Société Générale, environ 200 salariés en France sont engagés dans l’éducation financière. Avec Crésus, mais aussi dans des centres de formation d’apprentis (CFA), des écoles de la deuxième chance ou des établissements pour l’insertion dans l’emploi (Epide). Les collaborateurs de la banque ont accès à une plate-forme listant toutes les actions qu’ils peuvent réaliser sur leur temps de travail dans le cadre du mécénat de compétences. En France, ils s’engagent en moyenne trois jours par an. « Cette implication donne aux salariés un sentiment d’utilité qui se ressent dans leur engagement professionnel au quotidien, estime Cécile Jouenne-Lanne, directrice de la citoyenneté et responsable de la fondation Société Générale. Cela enrichit les ressources humaines de l’entreprise. »
Donner du sens au métier
Partager leurs connaissances, redorer une image écornée par la crise financière… : les motivations personnelles de ces « missionnaires » de l’éducation financière sont de puissants moteurs. « Beaucoup de salariés voulant donner du sens à leur métier nous sollicitent, confirme Pascale Micoleau-Marcel, déléguée générale de l’IEFP. Depuis 2015, ils peuvent s’impliquer dans un programme bénévole que nous avons développé et qui consiste à travailler, avec des lycéens de terminale STMG, sur des cas réels d’entreprises. » « Les échanges avec les jeunes sont très riches, et presque tous les bénévoles du début sont encore présents aujourd’hui, ce qui est significatif », abonde Philippe Lousky, qui souhaiterait étendre le réseau de bénévoles de l’IEFP, d’environ 80 personnes actuellement, pour être en mesure de répondre à toutes les demandes de lycées.
Certains réseaux bancaires ont créé leur propre structure d’éducation financière, telle Finances & Pédagogie, lancée dès 1957 par les Caisses d’Epargne pour sensibiliser et former tous les publics aux questions d’argent (lire le témoignage page 39). L’association fonctionne avec 22 correspondants régionaux, tous salariés. Le Crédit Agricole a, quant à lui, développé 81 « Points Passerelle », entendez des lieux d’accueil pour des personnes en difficulté financière. Huit d’entre eux sont des associations d’intérêt général qui reçoivent tous les publics, les autres sont dédiés à la clientèle de la banque. Le dispositif, indépendant du réseau commercial, emploie 130 conseillers et fait intervenir 930 accompagnants bénévoles – administrateurs du Crédit Agricole ou retraités. « Les conseillers Points Passerelle proposent des solutions budgétaires et guident le public vers un accompagnement social et économique grâce à des partenariats locaux avec des associations, des centres communaux d’action sociale, des entreprises, explique Véronique Lebreton, responsable RSE et inclusion bancaire à la Fédération nationale de la banque verte. Depuis 2010, ils animent aussi des ateliers d’éducation budgétaire, notamment auprès des jeunes. » Ils interviennent dans des missions locales, des écoles de la deuxième chance, des maisons familiales rurales (MFR) ou encore au sein de l’association Unis-Cité.
Sensibiliser tôt
Les salariés pour qui l’éducation financière est devenue leur métier y voient un aboutissement logique de leur parcours ou une envie de transmettre, comme en témoigne Astrid Delacour, chef de projet éducation financière à la Banque de France – qui vient de monter une direction dédiée (lire l’encadré) : « J’ai développé le contenu et la visibilité d’‘Assurance, banque, épargne, info service’, un site d’informations pédagogiques sur les produits financiers, à l’ACPR [Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, NDLR]. A ce titre, j’ai intégré les premiers groupes de réflexion à la Banque de France sur l’éducation financière, puis j’ai accédé à temps plein à cette mission. Cela a énormément de sens pour moi d’agir en prévention sur ces questions », soutient la chef de projet, qui développe aussi le site Mesquestionsdargent.fr (portail d’information de la Banque de France). Ayant une double formation de juriste et de communication digitale, Astrid Delacour a effectué la majeure partie de sa carrière dans des banques et des assurances. « J’ai aussi été officier de communication dans la gendarmerie et je retrouve, dans cette mission, la notion de service à la population », témoigne-t-elle.
Mais pour instiller une culture financière, il faut s’y prendre de bonne heure. L’opération « Un banquier dans ma classe », organisée depuis 2015 par la Fédération bancaire française (FBF) dans le cadre de la Semaine européenne de l’argent, s’adresse aux élèves de CM1 et CM2. « L’éducation financière est au programme des écoles dans de nombreux pays. Comme le secourisme ou les notions de code de la route, les notions budgétaires et financières sont des prérequis, qui accompagnent ensuite les élèves tout au long de la vie, plaide Béatrice Durand de la FBF. L’éducation financière comprend deux volets : sensibiliser le plus tôt possible, puis être présent avec les bons outils à chaque moment, auprès de chaque public qui en a besoin », explique celle qui a en charge « Lesclesdelabanque.com ». Sur cet autre site d’information édité par la FBF, particuliers, entrepreneurs et travailleurs sociaux peuvent télécharger quelque 80 mini-guides bancaires, qui sont distribués gratuitement à de nombreux relais (centres sociaux, associations de consommateurs…). De quoi démultiplier l’action de ceux qui portent la bonne parole sur le terrain.
(1) Mise à disposition par l’entreprise de collaborateurs sur leur temps de travail pour réaliser des actions d’intérêt général. (2) « Education financière : connaissances et pratique des Français », sondage Ifop pour le ministère de l’Economie et des Finances, septembre 2016.
Un déficit de connaissances
60 % des personnes interrogées ne connaissent pas l’effet de l’inflation sur leur pouvoir d’achat.
La même proportion ne sait pas calculer les intérêts sur un placement simple, type livret d’épargne.
50 % ne connaissent pas la différence entre crédit et crédit renouvelable.
Enquête réalisée sur un échantillon de 2.154 personnes majeures. Juin 2018.
Source : Banque de France
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Berlin - Un tribunal allemand doit rendre mardi son jugement concernant un Afghan accusé du meurtre d’un policier, lors d’une attaque aux motivations jihadistes, première d’une série qui avait choqué le pays et contribué à la progression de l’extrême droite. Le procureur a requis une peine de prison à perpétuité pour Sulaiman A., 26 ans, assortie d’une reconnaissance de la gravité particulière de la culpabilité qui rendrait très difficile une libération anticipée. Accusé d’un meurtre et de cinq tentatives de meurtre, l’accusé avait gardé le silence sur le motif de son acte présumé à l’ouverture de son procès, mi-février, dans une salle sécurisée de la prison de Stuttgart-Stammheim (sud-ouest). Le 31 mai 2024 à Mannheim (ouest), sur la place du marché, il s’en était pris à plusieurs membres d’une organisation anti-islam, le Mouvement citoyen Pax Europa (BPE), poignardant l’orateur principal, Michael Stürzenberger, déjà condamné pour incitation à la haine raciale. L’accusé a ensuite donné plusieurs coups de couteau à quatre personnes qui voulaient l’arrêter, avant de s’en prendre à un policier de 29 ans. Une vidéo le montrant en train de frapper l’agent à la tête avait largement circulé sur les réseaux sociaux, accentuant l'émotion. La victime était décédée deux jours plus tard à l’hôpital. Mineur non accompagné Selon les enquêteurs, Sulaiman A., un partisan du groupe jihadiste Etat islamique (EI), aurait décidé au printemps 2024 de commettre un attentat en Allemagne contre des «infidèles». Des médias allemands ont affirmé qu’il était arrivé en Allemagne à l'âge de 14 ans, avec son frère, mais sans leurs parents. Ils se sont vu refuser l’asile mais, en tant que mineurs non accompagnés, ont bénéficié d’un sursis, puis d’un titre de séjour. Le verdict est attendu une semaine après la condamnation à perpétuité d’un Syrien pour une autre attaque jihadiste au couteau, à Solingen, qui avait fait trois morts en août 2024. Espacées de trois mois, ces deux attentats avaient pesé sur les élections législatives de l’hiver suivant, marquées par la progression du parti d’extrême droite AfD. Au cours de la campagne, l’Allemagne a connu d’autres violences meurtrières impliquant des ressortissants étrangers qui ont enflammé le débat sur la politique d’asile et la sécurité. Mi-février, l’ouverture du procès de Sulaiman A. avait d’ailleurs coïncidé avec une attaque à la voiture-bélier à Munich, dont l’auteur présumé est également afghan. Elle a fait 2 morts et 44 blessés graves. Un million de réfugiés Juste avant, fin janvier, un Afghan souffrant de troubles psychiatriques s’en est pris à un groupe d’enfants dans un parc à Aschaffenbourg (sud), poignardant à mort deux personnes, dont un garçon de deux ans. La première économie européenne a accueilli plus d’un million de réfugiés, dont de très nombreux Syriens et Afghans, lors de la crise migratoire de 2015-2016. Mais elle a aujourd’hui définitivement tourné cette page associée à l’ex-chancelière Angela Merkel (2005-2021). Pour enrayer l’ascension de l’AfD, le chancelier conservateur Friedrich Merz a opéré un nouveau tour de vis sur la politique migratoire, instaurant notamment le refoulement des demandeurs d’asile aux frontières. En juillet, sa coalition a organisé le rapatriement de 81 condamnés afghans dans leur pays, malgré la présence au pouvoir des talibans. Samedi, le ministère de l’Intérieur a redit à l’AFP son intention de «permettre des rapatriements réguliers et fréquents vers l’Afghanistan», justifiant ainsi des «discussions techniques» avec les talibans. © Agence France-Presse