
Nouvelle génération de juristes bancaires

Un chiffre : 9,4 juristes par milliard d’euros de chiffre d’affaires contre 7,9 en 2015. Les résultats de la sixième édition de la Cartographie des Directions juridiques, réalisée par LEXqi Conseil en partenariat avec le Cercle Montesquieu et l’Association française des juristes d’entreprise (AFJE), font état d’une augmentation sensible du nombre de juristes au sein des entreprises. De même, 40 % des directions juridiques ont un budget interne en hausse par rapport à 2017. Ces chiffres indiquent que des recrutements sont toujours à prévoir en 2018.
La valse aux profils
Il y a encore un an, les spécialistes du secteur bancaire affirmaient que les recrutements stagnaient au sein des grandes banques françaises, lesquelles préféraient recycler les juristes déjà présents plutôt que d’ouvrir leurs portes à de nouveaux venus. Donatien de Longeaux, directeur juridique d’UBS France, cherchait de son côté à accueillir des profils plus jeunes et digitaux pour accompagner la transformation de son service. Finalement, il a recruté à Paris un seul juriste au profil plus senior en provenance d’une grande banque privée de la place, avec toutefois une certaine « habileté intellectuelle » en matière de digitalisation. Un choix qu’il explique par la volonté d’UBS de déléguer certaines tâches en externe : « L’équipe juridique est sollicitée sur des sujets de plus en plus techniques et variés dans tous les domaines concernés par la digitalisation. Pour ce faire, nous faisons appel à l’expertise reconnue de cabinets d’avocats spécialisés. Cela permet à l’équipe de rester stable, agile et pluridisciplinaire tout en complétant son savoir-faire sur des missions ponctuelles. » Actuellement, un autre recrutement est en cours à Monaco pour la direction juridique d’UBS. Celle de la Société Générale a, pour sa part, ouvert quelques postes et nommé pas moins de 24 Legal Digital Champions parmi les juristes de ses différentes implantations pour insuffler la culture digitale au sein des services juridiques. « Nous souhaitons développer des profils de juristes familiers avec les outils numériques, afin de mieux maîtriser ceux-ci » commente Dominique Bourrinet, directeur juridique de la Société Générale. « Il n’y en a pour l’instant pas assez à mon goût. Sans se transformer en une direction informatique, il est important d’avoir en son sein des personnes capables de comprendre l’approche digitale pour mieux l’adapter à la sphère juridique. » Dans ce cadre, le directeur juridique a accueilli des profils d’ingénieurs en informatique et lancé des formations spécifiques dédiées aux juristes.
Des juristes et des machines
La digitalisation est devenue la clé de voûte de la transformation des services juridiques. Toujours selon les résultats de la Cartographie 2018 des directions juridiques, plus de 75 % d’entre elles ont lancé un projet de transformation de leurs méthodes de travail en s’appuyant notamment sur la gestion électronique de documents (GED), le e-learning juridique, la signature électronique de documents et la génération automatique de contrats. A l’horizon 2020, 78 % des directions juridiques interrogées envisagent de poursuivre la digitalisation de la fonction ou de commencer à l’initier, et 61 % des juristes considèrent que la digitalisation aura un impact durable sur l’exercice de leur métier. En venant « dépolluer » les spécialistes du droit des questions simples et récurrentes du quotidien, les chatbots, par exemple, les aident à se recentrer sur des tâches plus stratégiques. Tout comme la digitalisation des différentes clauses et conditions générales de la banque, qui génèrent habituellement un volume indigeste de documents. « Nous nous sommes fixés quatre ambitions : accroître notre position de business partners stratégiques, contribuer activement à la maîtrise des risques juridiques, être à la pointe de l’innovation et améliorer la maîtrise des coûts de fonctionnement de la filière juridique » énumère Céline Haye-Kiousis, directrice juridique Groupe BPCE et secrétaire générale du conseil de surveillance de BPCE. Les juristes du groupe sont en train de faire évoluer les outils existants, comme celui du pilotage des activités afin qu’il soit digitalisé de bout en bout, de la génération automatique des contrats à l’archivage. « Nous ne sommes pas dans une stratégie où la machine remplace le juriste, mais où le juriste devient un juriste augmenté qui peut désormais travailler plus efficacement », assure-t-elle. Au sein de la Société Générale, un plan d’adaptation de la filière juridique sur trois ans a été lancé aux mêmes fins : « Cela consiste à adopter de nouvelles offres technologiques qui permettront de fluidifier et d’optimiser la prestation juridique, et de libérer du temps pour permettre aux juristes de se concentrer sur les tâches à haute valeur ajoutée » précise Dominique Bourrinet.
Accompagner les changements
Autre sujet brûlant pour les juristes bancaires, l’entrée en vigueur le 25 mai dernier du règlement européen relatif à la protection des données personnelles (RGPD). « La transformation de la relation que la banque entretient avec son client a nécessité de revoir les processus contractuels, et place le juriste au cœur de la réflexion puis de l’exécution. Il accompagne la conduite du changement en intégrant ces expertises dans une approche pragmatique et homogène. L’entrée en vigueur du RGPD est un bon exemple de cette vision intégrée : du banquier au responsable du traitement des données, le juriste intervient à chaque étape. Il est devenu incontournable à une époque et dans un environnement où ce que l’on croyait acquis est en constant mouvement » explique Donatien de Longeaux. Céline Haye-Kiousis indique qu’au sein de BPCE, il a fallu se doter de compétences supplémentaires en matière de données en recrutant davantage de profils réglementaires. « La data est extrêmement stratégique pour le groupe. Il est nécessaire d’assurer au client que ses données sont sécurisées », assure-t-elle avant d’ajouter : « De manière générale, aujourd’hui, le juriste reste le gardien du temple et de la sécurité juridique mais il se doit aussi d’avoir une compréhension beaucoup plus poussée des enjeux opérationnels, et plus largement des systèmes informatiques et techniques. »
Ces évolutions modifient de surcroit la manière de gérer et de recruter. Elle nécessite de la part du directeur juridique de se poser en véritable chef d’orchestre de ces transformations. « Il nous faut travailler de manière plus intégrée et collégiale avec les différents métiers, et être résolument orientés vers les solutions, l’analyse des risques et la satisfaction client. » Le directeur juridique n’est pas le seul à accompagner les changements. Depuis quelques temps, émergent au sein des directions juridiques des métiers qui n’existaient pas il y a quelques années, comme les « data analysts » et autres gestionnaires de projets digitaux. Alexandra Voegelin-Dehay, anciennement juriste, est depuis 2014 responsable des projets juridiques et knowledge manager de la filière juridique de la Société Générale. « Je voyais que la banque se transformait et intégrait des nouvelles technologies dans ses métiers, mais ce n’était pas encore le cas des services juridiques. J’ai donc décidé de ne plus faire de droit, mais de rester tout de même dans l’environnement juridique pour aider au développement de la digitalisation de nos services. J’avais la volonté de participer activement à l’entrée de notre filière juridique dans le 21e siècle », raconte-t-elle. Depuis cette date, Skill, Argos et Elvis sont autant de projets digitaux que cette juriste 3.0 a mis en place, respectivement pour le knowledge management, la veille juridique et la gestion des dossiers. Prochaine étape : le recrutement d’un bras droit pour venir l’épauler dans ses démarches. Aucun profil particulier en vue, si ce n’est de savoir maîtriser les outils numériques… et d’avoir « une tête bien faite »
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Les Etats-Unis disposés à lancer une bouée de sauvetage financière à l'Argentine de Javier Milei
Buenos Aires - Le Trésor américain s’est dit lundi prêt à «faire ce qui est nécessaire» pour soutenir l'économie de l’Argentine, alors que le président ultralibéral Javier Milei s’emploie à calmer des marchés financiers fébriles après plusieurs revers politiques. Le gouvernement de Javier Milei, proche allié de Donald Trump, fait face depuis quelques semaines à une crise du taux de change qui s’est accentuée après une gifle électorale début septembre lors d’un scrutin régional dans la province de Buenos Aires, perçu comme test en vue des législatives de mi-mandat, le 26 octobre. Le président argentin a par ailleurs essuyé des camouflets au Parlement, qui s’est prononcé contre plusieurs de ses veto sur des textes portant sur des augmentations de financements de l’aide aux personnes handicapées, à l’université, ou à un hôpital pédiatrique emblématique. Les marchés financiers ont réagi par une vive dépréciation du peso et une baisse des obligations et des actions. C’est dans ce contexte et alors qu’il cherche un prêt américain pour couvrir les échéances de la dette que Javier Milei doit rencontrer le président Donald Trump et le secrétaire au Trésor Scott Bessent mardi, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Les États-Unis «sont prêts à faire ce qui est nécessaire» pour soutenir l’Argentine, a affirmé lundi sur X le secrétaire américain. «Ces options peuvent inclure, mais ne se limitent pas à, des lignes d'échange, des achats directs de devises et des acquisitions de dette gouvernementale libellée en dollars américains», a détaillé Scott Bessent. L’Argentine «est un allié systémique important des États-Unis en Amérique latine» et Washington reste convaincu que le soutien de M. Milei "à la discipline budgétaire et aux réformes favorisant la croissance est nécessaire pour rompre avec la longue histoire de déclin de l’Argentine», a-t-il poursuivi. Sur X, Javier Milei a remercié MM. Trump et Bessent pour leur «soutien inconditionnel au peuple argentin», estimant que «ceux d’entre nous qui défendent les idées de liberté doivent travailler ensemble». La directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, a également salué la déclaration de Scott Bessent et souligné «le rôle crucial des partenaires dans la promotion de politiques fortes pour la stabilisation et la croissance au bénéfice du peuple argentin». Les États-Unis ont soutenu un accord conclu en avril par l’Argentine avec le FMI pour un prêt de 20 milliards de dollars, auxquels se sont ajoutés 12 milliards de dollars de la Banque mondiale et 10 milliards de dollars de la Banque interaméricaine de développement. Sous l’effet d’une austérité budgétaire drastique et de larges coupes dans la dépense publique, le président argentin, élu en décembre 2023 avec pour ambition de redresser l'économie de son pays, est parvenu à juguler l’inflation chronique, qui dépassait 200% sur un an, à 33,6%. «Nous y travaillons» Le ministre argentin des Affaires étrangères, Gerardo Werthein, a jugé lundi la rencontre à venir «très prometteuse». Concernant le montant du prêt discuté avec le Trésor américain, «il y a eu beaucoup de spéculations, on a parlé de 30 milliards de dollars et c’est absolument faux», a-t-il affirmé auprès de Radio Mitre, «nous y travaillons mais pour un montant plus modeste». L’Argentine, qui a un historique de crises économiques et d’hyperinflation, est devenu au fil des ans le principal débiteur du FMI. En 2018, le pays sud-américain a obtenu un prêt massif de 44 milliards de dollars du Fonds, montant dont le pays doit encore rembourser la majeure partie, et pour lequel le gouvernement péroniste (centre-gauche) précédant celui de Javier Milei a négocié un refinancement en 2022. Le gouvernement Milei a par ailleurs annoncé lundi la suspension des taxes sur les exportations de céréales jusqu’au 31 octobre afin de «générer un plus grand apport en dollars», selon le porte-parole présidentiel Manuel Adorni. Sonia AVALOS © Agence France-Presse