Moody’s sanctionne la structure de refinancement des banques françaises

L’agence de notation relève leur recours accru aux prêts de la Banque de France. Les notes intègrent trois crans de soutien systémique
Florent Le Quintrec

Nouveau coup dur pour les banques françaises. A l’issue d’un processus de révision initié en juin, Moody’s a abaissé d’un cran la note de crédit de long terme des trois grands établissements cotés. La note de la Société Générale a été ramenée à A1 et celle de BNP Paribas et du Crédit Agricole SA à Aa3. Ces notes sont toutes assorties d’une perspective négative.

Moody’s évoque principalement des conditions de financement et de liquidité difficiles pour ces banques, traditionnellement très dépendantes du marché de gros. «Depuis juin, les conditions de refinancement se sont considérablement détériorées, essentiellement en raison des inquiétudes des investisseurs autour de la crise souveraine en Europe», justifie l’agence. Elle souligne surtout la raréfaction des liquidités en dollars du fait du retrait des fonds monétaires américains, conduisant les banques à passer davantage au guichet de la Banque de France. D’après Bloomberg, les huit principaux money market funds ont réduit de 68% leurs prêts aux banques françaises en novembre.

«La note de long terme intègre désormais trois crans de soutien systémique (deux crans précédemment) du fait de la vision de l’agence selon laquelle la probabilité d’un soutien systémique […] reste très élevée», précise Moody’s.

C’est précisément l’éventualité d’une intervention de l’Etat auprès des banques qui avait conduit plus tôt dans la semaine S&P à mettre sous surveillance la note souveraine de la France, avec quatorze autres pays de la zone euro. Ce qui l’a ensuite conduite à faire de même pour les grandes banques européennes et notamment françaises.

Moody’s s’inquiète par ailleurs que les ventes d’actifs des banques françaises ne génèrent pas autant de gain en capital qu’escompté et qu’une aggravation de la crise en zone euro détériore leur qualité de crédit du fait de leur exposition, bien que réduite, aux pays périphériques. Cette décision de Moody’s intervient, de façon surprenante, au lendemain des résultats de l’évaluation par l’EBA, qui ont fait apparaître un moindre besoin pour les banques françaises que lors des précédentes estimations. Et surtout, au lendemain des nouvelles mesures de la BCE pour aider au refinancement du secteur bancaire (L’Agefi Quotidien du 9 décembre). Seule banque à avoir réagi, la Société Générale s’est dit surprise de cette sanction et des raisons invoquées.

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