
L’UFC-Que Choisir veut bousculer le marché du cautionnement bancaire
Un marché créé par les banques à leur bénéfice exclusif, pour un produit sans intérêt pour le client». Telle est l’accusation sévère portée hier par l’UFC Que Choisir à l’encontre du cautionnement bancaire en France. L’étude réalisée par l’association de consommateurs dénonce un manque criant de concurrence au sein d’un marché qu’elle évalue à 520 millions d’euros annuels (moyenne 2007-2013).
Un constat l’amenant à saisir pour avis l’Autorité de la concurrence et à se tourner vers le législateur. Le président de l’association, Alain Bazot, doit ainsi rencontrer le ministre de l’Economie Emmanuel Macron dès vendredi afin de le sensibiliser sur la nécessité d’inscrire le sujet dans le projet de loi croissance et pouvoir d’achat.
Les banques en France tireraient parti d’un système taillé sur mesure. Moins onéreux que les deux autres solutions offertes à l’emprunteur pour garantir le versement de ses mensualités que sont l’hypothèque et le privilège du prêteur de deniers, le cautionnement bancaire se taille la part du lion, représentant 56% des garanties en 2012 contre 30% en 2000. Et si cette garantie n’est pas légalement obligatoire, 1% des prêts seulement sont accordés sans elle.
L’UFC Que Choisir enfourche ce nouveau cheval de bataille car le consommateur ne dispose pas dans les faits du choix réel de l’organisme de cautionnement. Son cheminement serait balisé par les banques vers les organismes qu’elles détiennent directement, soit de manière captive (Camca pour le Crédit Agricole/LCL, CMH pour le Crédit Mutuel/CIC, …) soit en association avec le Crédit Logement. A lui seul ce dernier maîtrise 54% du cautionnement bancaire en France. L’information défaillante au consommateur permettrait aux banques d’engranger de confortables revenus, la concurrence «sclérosée» aboutissant à des marges très élevées. Pis, le Fonds mutuel de garantie du Crédit Logement aurait pour principe fondateur de «mutualiser les pertes et (de) privatiser les bénéfices», le fonds couvrant l’intégralité des défauts sans bénéficier des intérêts de ses placements, reversés aux actionnaires.
L’UFC Que Choisir assure que le simple fait de pouvoir choisir l’acteur de cautionnement le moins cher aujourd’hui permettrait au consommateur une économie de 41% représentant 210 millions d’euros ou 560 euros par dossier. Dans l’hypothèse d’une réduction raisonnable des marges, l’économie pourrait être portée à 270 millions d’euros en moyenne par an.
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