L’UFC-Que Choisir se paye les très lucratives facilités de trésorerie

L’association critique l’opacité des miniprêts aux particuliers et la réglementation inadaptée. Les paiements fractionnés sont aussi dans le collimateur.
Franck Joselin

La machine à cash du miniprêt pourrait s’enrayer. L’association de consommateurs UFC-Que Choisir dénonce l’opacité des tarifs de ces offres sur internet et porte plainte contre Floa Bank, la banque détenue conjointement par Casino et le Crédit Mutuel en passe d'être rachetée par BNP Paribas, Cashper, une filiale de Novum Bank agréée à Malte, et le site Bling pour pratiques commerciales trompeuses. L’association note que sous des aspects simples, les offres de miniprêts dissimulent des frais et «des taux d’intérêts réels jusqu’à cent fois supérieurs au taux d’usure». Pour des montant inférieurs à 3.000 euros, ce taux d’usure est actuellement de 21,07%.

L’UFC-Que Choisir demande donc davantage de transparence sur les tarifs de ces prêts, que leur distribution soit accompagnée «d’une analyse rigoureuse de la solvabilité des emprunteurs» et que les autorités encadrent leurs prix en les soumettant, comme les autres crédits, à la règle du seuil de l’usure.

Aujourd’hui, les miniprêts, comme les paiements fractionnés, échappent à la réglementation sur le crédit. Celle-ci ne concerne en effet que les prêts dont l’échéance est supérieure à trois mois. «Ces miniprêts échappent alors aux dispositions légales protégeant les particuliers contre le risque de souscrire un crédit inadapté à leur situation», regrette l’UFC. Contactée par l’association, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a indiqué que ce type de prêts, ainsi que les paiements fractionnés, qui peuvent aussi receler des frais cachés selon l’UFC, feront l’objet «d’une attention particulière de ses services en 2021».

L’UFC-Que Choisir met notamment cause les options qui accompagnent ces prêts qui vont de quelques dizaines d’euros jusqu’à 1.000 euros et qui font monter la facture. Or, ces options, qui permettent au souscripteur de toucher immédiatement les sommes empruntées au lieu d’attendre plusieurs semaines, sont très largement utilisées, «par 80% des clients», constate l’UFC dans une enquête publiée dans son magasine. Ainsi, pour un paiement immédiat pour un emprunt de 100 euros remboursable in fine après un mois, les frais se montent à 30 euros pour Cashper, soit un taux d’intérêts annualisés de 2.234%, à 13 euros pour Floa Bank, via le site Coup de Pouce (136%) et à 7 euros pour Bling (128%). Sans surprise, Bling a réagi dans un communiqué, «très surpris» par cette plaine de l’UFC-Que Choisir, la considérant «parfaitement infondée». La société met notamment en avant le fait qu’elle n’a pas le statut de banque et que les frais étaient visibles sur son site. Contacté par L’Agefi, la direction de Floa Bank «s’étonne d’apprendre par voie de presse que Floa fait l’objet d’une plainte». «Les coûts de nos ‘mini prêts’ sont affichés clairement», précise la banque, soulignant que les frais appliqués «respectent en tous points la réglementation en vigueur».

Ce coup de projecteur sur les miniprêts, qui éclabousse aussi les paiements fractionnés, tombe mal. Certaines sociétés spécialisées dans les facilités de paiement voient actuellement leur valorisation grimper. Outre Floa, dont la valorisation pourrait atteindre 250 millions d’euros, au lieu des 200 millions attendu lors de sa mise en vente, le suédois Klarna a montré le potentiel de l’activité de paiement fractionné. La fintech s’est valorisée 31 milliards de dollars lors de sa dernière levée de fonds au mois de mars. En France, Oney Bank, détenue à 50,1% par BPCE et par Auchan, qui se revendique «leader du paiement fractionné en France, en Italie, au Portugal, en Roumanie et n°2 en Espagne» s’est appuyée sur cette activité pour traverser la crise sans trop d’encombre.

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