
Londres va devoir changer son approche des bonus bancaires

L’encadrement des rémunérations des banquiers outre-Manche reste un chantier ouvert. Le Trésor britannique et la City devraient perdre leur combat contre l’Union européenne, si la Cour de justice du Luxembourg suit début 2015 l’avis de son avocat général Niilo Jääskinen sur le plafonnement des bonus. Le juriste a estimé hier que la directive européenne CRD est en droit de plafonner à 100% du salaire fixe, ou 200% avec l’accord des actionnaires, les parts variables versées aux banquiers.
L’avis n’est pas contraignant, mais la Cour de justice de l’Union européenne le suit dans la majorité des cas. Londres a admis sa défaite et précisé hier soir qu’il ne ferait pas recours.
Le Royaume-Uni estimait que le «bonus cap» contrevient aux dispositions sur la liberté d’établissement et la libre prestation de services. «Dès lors que la composante variable de la rémunération a une incidence directe sur le profil de risque des établissements financiers, [elle] peut affecter la stabilité des établissements financiers qui opèrent librement dans l’Union et, par voie de conséquence, celle des marchés financiers de l’Union», répond l’avocat général. Ce dernier estime aussi que la règle n’empiète pas sur la liberté des Etats à légiférer sur les rémunérations des travailleurs: «La fixation d’un ratio de rémunération variable par rapport aux salaires de base n’équivaut pas à un ‘plafonnement des primes des banquiers’ ni à la fixation du niveau de rémunération, car aucune limite n’est imposée aux salaires de base auxquels les primes sont rattachées».
Le Trésor britannique a eu beau jeu hier de retourner l’argument: la règle a pour effet pervers d’inciter les banques à relever le salaire de base pour continuer à verser de juteux bonus aux meilleurs traders. Elles l’ont fait en 2012, de 26% en moyenne, selon l’Autorité bancaire européenne (EBA). En gonflant ses coûts fixes, le secteur s’affaiblit au lieu de se renforcer. L’EBA s’est aussi élevée mi-octobre contre le système des défraiements (allowances), une part de salaire fixe, mais en réalité un bonus déguisé, inventé par les banques.
Anticipant cet avis, le gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark Carney a plaidé dès lundi pour des réformes qui mettraient aussi les banquiers en risque sur leur salaire fixe, «afin que le fardeau des prises de risques excessives ou d’une mauvaise conduite des collaborateurs soit supporté par ces derniers». Un paiement partiel sous forme d’obligations de performance est évoqué.
Plus d'articles du même thème
-
«La BCE n’a pas de fortes incitations pour réduire davantage ses taux»
Stefano Fiorini, responsable des fonds global fixed income chez Generali Investments -
Exail Technologies, pépite de la défense, prend d'assaut le SBF 120
La société, détenue à 44% par la famille Gorgé, est spécialisée dans les drones autonomes maritimes et les systèmes de navigation. Elle profite de l'appétit des investisseurs pour le secteur de la défense. -
Le cours du blé français reste sous le seuil de rentabilité
Entre de bonnes récoltes et une faible demande, les prix du blé varient dans des fourchettes plus resserrées, indépendamment des tensions géopolitiques et commerciales, et restent globalement plutôt tirés vers le bas par des prix du maïs.
ETF à la Une

Invesco casse les frais de gestion sur son ETP Bitcoin
- Le patron de la Société Générale prend la menace Revolut au sérieux
- L’AMF sanctionne Altaroc et ses deux dirigeants à hauteur de 1,3 million d’euros
- BNP Paribas confirme ses objectifs 2025 et dévoile des ambitions pour 2028
- Le Crédit Agricole revendique une place dans l’accès aux soins et les services aux plus âgés
- Rubis confirme avoir engagé des discussions avec des acteurs industriels et financiers
Contenu de nos partenaires
-
Le bon grain et l'ivraie
Retraites et inégalité intergénérationnelle – par Frédéric Gonand
La crise des Gilets Jaunes en 2018 avait mis à jour de multiples – et souvent bien réels – éléments d’inégalité. Mais jamais n’a été évoquée l’inégalité intergénérationnelle considérable qu’introduit un déficit public hors de contrôle -
Europa
L’Europe, la grande oubliée des débats budgétaires – par Valérie Hayer
« Un an après la présentation du rapport Draghi, 11 % seulement de ses propositions ont été mises en œuvre » -
Paniers percés
En 35 ans, aucun gouvernement n'a vraiment réduit les dépenses publiques
Selon une note de François Ecalle pour Fipeco que nous dévoilons, de gauche ou de droite, tous ont dans l'ensemble creusé les déficits, hors effet de la conjoncture