Les régulateurs américains ont tendance à pantoufler dans les banques

Une étude menée par la Fed de New York souligne que le nombre de transfuges vers le secteur privé augmente en période d’intense activité réglementaire.
Julien Beauvieux

La proximité entre régulateurs américains et banquiers continue à faire couler de l’encre. Alors que depuis plus d’un an la Fed de New York est pointée du doigt dans sa supervision de Goldman Sachs et JPMorgan, une étude réalisée en juin dernier et relayée ce mercredi par le Financial Times souligne la tendance des équipes des régulateurs à poursuivre leur carrière dans le privé.

Menée par deux chercheurs académiques et un membre de la Fed de New York entre décembre 2013 et juin 2014, le document pointe l’absence de statistiques sur les transferts entre régulateurs et banquiers. A partir d’une analyse statistique basée sur les curriculum vitae de plus de 35.000 anciens et actuels régulateurs, ces derniers admettent néanmoins l’existence de «passerelles».

«Les preuves de flux bruts entrants et sortants plus importants durant les périodes d’intense activité réglementaire sont cohérentes avec la théorie de l’école réglementaire», expliquent les auteurs de l’étude. «Selon elle, les employés intègrent les effectifs des régulateurs pour être formés et ensuite vont dans le secteur privé pour monnayer leurs compétences, quand leur capital humain réglementaire est le mieux valorisable», analysent-ils.

Les auteurs disqualifient en revanche la théorie du «quiproquo», particulièrement mise en avant par les détracteurs de la Fed. Selon cette analyse, les régulateurs seraient en effet tentés d’être moins rigoureux lors de leurs contrôles, dans l’optique de s’attirer les faveurs des banques pour obtenir un futur emploi. Selon eux, cette hypothèse devrait produire une forte baisse du nombre de salariés partant pour le privé en période de forte activité réglementaire, ce qui n’est pas le cas. «Cela n’écarte pas la possibilité de distorsions de la régulation bancaire à un niveau plus microéconomique», concèdent-ils cependant.

Les auteurs de l’étude ont par ailleurs mis en avant une relation entre les mouvements de personnels et la conjoncture économique. Les régressions mathématiques mettent ainsi en évidence une corrélation de -0,6 entre les flux nets vers le secteur réglementaire et l’évolution du PIB. Des corrélations similaires sont aussi observables avec d’autres indicateurs comme le taux de chômage ou la profitabilité du secteur bancaire.

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