
Les prêteurs subprimes connaissent un retour en grâce aux Etats-Unis
Bientôt huit ans après le déclenchement de la crise financière mi-2007 aux Etats-Unis, les «subprimes» payent à nouveau. En témoigne la vente à bon prix par Citigroup la semaine dernière de sa filiale de crédit à la consommation de type subprime, OneMain, à un spécialiste américain du crédit à la clientèle fragile, Springleaf.
Prix de l’opération: 4,25 milliards de dollars (3,81 milliards d’euros), en numéraire. Mardi, à la clôture, le titre de l’acheteur bondissait de 32% à Wall Street, à 50,23 dollars. Il s’est maintenu à plus de 49 dollars les jours suivants. Le cours de Citigroup gagnait un petit 0,6% au soir de l’annonce. La vente a été conclue à un prix plus bas que ce que la plupart des analystes anticipaient, selon Reuters. Mais en 2011, la presse américaine estimait la valeur de OneMain à 2 milliards de dollars, 3 tout au plus. Et en 2009, Citi n’en attendait pas plus d’un milliard.
«Cette activité ne collait pas à notre stratégie, mais elle est utile aux clients qui ont besoin d’un crédit», assure Michael Corbat, directeur général de Citi. OneMain, 103 ans, ex-CitiFinancial, spécialiste des crédits personnels destinés à une clientèle à faibles revenus, a été placée en 2009 par Citi dans Citigroup Holdings, structure créée pour regrouper les actifs à liquider depuis la crise. Citigroup a tenté plusieurs fois depuis de vendre cette entité qu’elle a également cherché à introduire en Bourse en octobre dernier.
Redevenu profitable en 2011, OneMain détient aujourd’hui près de 10 milliards de dollars d’actifs, contre 13 milliards en 2011. Springleaf, l’ex-American General vendu par AIG en 2010 à Fortress Investment Group, profite lui aussi du renouveau du subprime aux Etats-Unis. Repris pour une bouchée de pain par le fonds de private equity (le FT évoque la somme de 200 millions) alors qu’il accumulait les pertes, le prêteur a été introduit en Bourse en 2013. Il y capitalise aujourd’hui 5,6 milliards de dollars. Il a dégagé 64 millions de dollars de résultat net au troisième trimestre.
Grâce à OneMain, Springleaf espère porter entre 800 et 900 millions de dollars en 2017 le résultat net de l’entité combinée. Celle-ci affiche 14 milliards de dollars de prêts (personnels, auto) consentis à 2,5 millions de clients aux Etats-Unis.
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Reconnaissance de la Palestine : selon la diplomatie palestinienne, un message à Israël sur "les illusions" de l'occupation
Ramallah - La reconnaissance prochaine de la Palestine par plusieurs Etats dont la France, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, adresse un message clair à Israël sur les «illusions» de l’occupation, a déclaré mercredi la ministre des Affaires étrangères palestinienne, Varsen Aghabekian Chahine. Dans un entretien accordé à l’AFP à quelques jours du sommet sur la question palestinienne que Paris et Ryad doivent coprésider le 22 septembre à l’ONU, et où plusieurs pays ont promis de reconnaître l’Etat de Palestine, Mme Aghabekian, qui s'était dite «choquée» par l’inaction de l’Union européenne face à la guerre à Gaza, voit dans ce nouvel élan diplomatique la réalisation d’une promesse de la communauté internationale qu’elle attendait depuis longtemps. Q: A quoi vous attendez-vous la semaine prochaine? R: Cette reconnaissance ne changera pas immédiatement la situation sur le terrain. Certains diront peut-être: +mais qu’est-ce que cette reconnaissance, qu’est-ce que cela signifie si je ne vois pas la fin de l’agression contre la bande de Gaza?+, mais ça contribue à mettre fin à l’agression contre la bande de Gaza. La reconnaissance n’est pas symbolique. C’est quelque chose de très important, car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours. Elle envoie également un message clair aux Palestiniens : +nous soutenons votre droit à l’autodétermination+, elle renforce le concept et la solution à deux Etats. Cela nous donne un élan pour l’avenir car on pourra s’appuyer sur ça et chaque pays qui reconnaîtra la Palestine prendra des engagements fondés sur cette reconnaissance. Chaque étape compte. Nous ne pouvons pas nier le fait que la reconnaissance nous rapproche de la concrétisation effective de l’Etat, mais oui, nous devons également travailler à un cessez-le-feu permanent [à Gaza] et à d’autres aspects nécessaires pour que les gens voient un avenir en Palestine. Q: Israël critique ces annonces de reconnaissance, que lui répondez-vous? R: Le monde d’aujourd’hui comprend et voit ce dont Israël est capable en tant qu’Etat occupant, expansionniste et annexionniste, et comprend ce qu’Israël dit, car il n’hésite pas à le dire. Israël dit au monde: +je veux aller de l’avant, je veux construire ce grand Israël+, ce qui implique une atteinte à la sécurité, à l’indépendance et à la souveraineté des Etats voisins. Et la non-reconnaissance renforcera les extrémistes de tous bords [israéliens et palestiniens, NDLR], car ceux-ci ne veulent pas voir deux Etats coexister. Q: Et si Israël refuse? R: Israël ne veut pas négocier. Allons-nous donc rester à la merci de cet Etat occupant jusqu'à ce qu’il commence à penser que nous voulons peut-être négocier ? Si les gens pensent qu’Israël va se présenter à la table des négociations, cela n’arrivera jamais. Depuis que nous nous sommes engagés dans ce processus de paix [avec les accords d’Oslo en 1993, NDLR], nous avons vu davantage de nos terres annexées par Israël, davantage d’activités de colonisation, davantage de violence de la part des colons et davantage d'étouffement de notre vie. Nous ne laisserons pas cela continuer. Nous demandons simplement que nos droits, tels qu’ils sont consacrés par le droit international, soient respectés. Et nous savons qu’ils [le gouvernement israélien du Premier ministre Benjamin Netanyahu, NDLR] vont essayer d’annexer davantage, et nous le voyons sur le terrain. Nous voyons les barrières érigées à l’entrée des villages et des villes. La violence va s’intensifier. [Mais] Israël ne peut pas continuer à agir comme un Etat au-dessus des lois, car s’il veut vivre dans la paix et la sécurité dans la région, il doit agir comme un Etat normal. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et dire: +c’est Israël, nous ne pouvons rien y faire+. Q: L’opposition des Etats-Unis est-elle un problème? R: Au bout du compte, le monde entier sera d’un côté, et probablement Israël et quelques pays de l’autre. [Ces reconnaissances] changent la donne, et nous devons donc les envisager positivement et continuer d’avancer. Nous espérons que [les Etats-Unis du président américain Donald Trump] finiront par accepter ce qui est nécessaire dans cette région, c’est-à-dire deux Etats. Q: Certains pays lient leur reconnaissance à un cessez-le-feu à Gaza ou au désarmement du Hamas. Cela peut-il freiner votre élan ? R: En ce qui concerne le désarmement du Hamas, je pense qu’il y a un consensus à ce sujet. Et par ailleurs, même le Hamas dit qu’il ne veut pas faire partie du gouvernement de Gaza après la guerre. Donc si un accord de paix est conclu et qu’il y a un cessez-le-feu permanent, cela ne devrait pas poser de problème. Chloe ROUVEYROLLES-BAZIRE © Agence France-Presse