
Les assureurs européens veulent privilégier le rendement à la liquidité
Entre durcissement réglementaire et taux d’intérêts proches de zéro, l’environnement est de plus en plus difficile pour les assureurs européens. Selon la quatrième étude annuelle sur le secteur conduite par Goldman Sachs, 74% des responsables interrogés dans la région Europe-Moyen Orient-Afrique (EMEA) estiment que les opportunités d’investissement vont en se détériorant. Conséquence, ces derniers sont 47% à indiquer vouloir réduire la liquidité de leur portefeuille, afin de capter la prime d’illiquidité.
«Cette année les assureurs font preuve [à travers le monde] du plus grand pessimisme depuis que nous avons lancé l’étude il y a quatre ans», souligne Goldman Sachs AM. Plus marqué dans la zone EMEA, ce pessimisme traduit notamment dans la région une grande inquiétude quant au bas niveau des taux d’intérêt, cité comme le principal risque par 57% des sondés. A l’instar des assureurs allemands, la profession est également plus soucieuse qu’ailleurs de l’effet de ces taux bas sur la solvabilité. La zone EMEA ressort ainsi en tête avec 21% des sondés estimant que l’industrie est sous-capitalisée, compte tenu de l’impact réglementaire de Solvabilité 2.
Face à ces contraintes, le secteur demeure néanmoins soucieux de prendre des risques calculés afin de remplir ses engagements vis-à-vis de ses assurés. «L’appétit pour le risque des assureurs de la zone EMEA a augmenté ces dernières années et ils escomptent prendre davantage de risque de liquidité en 2014», souligne ainsi Goldman Sachs. L’étude constate à l’inverse que la majorité des assureurs de la zone Amérique a l’intention de «maintenir son niveau de risque», tandis que «les assureurs panasiatiques comptent augmenter leur exposition aux risques crédit et actions».
Selon l’étude, la classe d’actifs la plus plébiscitée par les assureurs de la zone EMEA est la dette d’infrastructure, dont le solde d’opinion entre augmentation et diminution de l’exposition totalise 34%. Si les actions européennes (31%) arrivent en deuxième position, en raison du soutien offert par le QE de la BCE et des anticipations de reprise en zone euro, les prêts d’entreprises midcap (28%) arrivent en troisième position, dans le sillage de l’engouement pour la dette privée. Suivent l’immobilier coté (25%) et les obligations américaines de catégorie investissement (24%), qui ne recueillent que 15% à l’échelle mondiale.
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Pesticides : une étude nationale révèle une forte exposition des riverains des vignobles
Paris - Une photographie de l’exposition aux pesticides: les riverains des vignes sont plus imprégnés que les autres Français, démontre une étude nationale inédite, dévoilée lundi par deux agences sanitaires, sans déterminer à ce stade les impacts potentiels sur la santé. Très attendue, dans un contexte d’inquiétudes croissantes mais aussi de tensions avec une partie du monde agricole, l'étude PestiRiv a mesuré la présence de 56 substances dans l’urine et les cheveux de 1.946 adultes et 742 enfants, ainsi que dans l’air extérieur, les poussières et l’air des habitations, plus quelques potagers. D’une ampleur inédite, elle a porté en 2021-2022 sur 265 sites dans six régions viticoles (Grand Ouest, Bourgogne Franche-Comté, Auvergne Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine). Ce travail de Santé publique France et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a aussi recherché d’autres sources d’exposition potentielles (alimentation, modes de vie). «Cohérents» avec ceux d'études aux Etats-Unis et aux Pays-Bas, selon les deux agences, les résultats montrent que les riverains des vignobles «sont plus exposés aux produits phytopharmaceutiques (fongicides, herbicides, insecticides ndlr) que ce(ux) vivant loin de toute culture». Ils ont été communiqués aux parties prenantes (exploitants, élus locaux, ONG...) La majorité des substances, spécifiques à cette culture (folpel, métirame) ou pas (glyphosate, fosétyl-aluminium, spiroxamine...), ont été retrouvées près des vignes - culture choisie pour sa forte consommation de ces produits et sa proximité des habitations. Enfants plus imprégnés Dans les zones viticoles (à moins de 500 mètres) ont été retrouvés des niveaux de contamination parfois supérieurs de «45% dans les urines», «plus de 1.000% dans les poussières», «12 fois» plus grands dans l’air ambiant, comparé aux zones à plus d’un kilomètre de toute culture, a détaillé à la presse Clémence Fillol (SpF). En période de traitement des cultures, les «niveaux de contamination pouvaient augmenter de jusqu'à 60% dans les urines ou selon les pesticides mesurés», de «plus de 700% dans les poussières, jusqu'à «45 fois dans l’air ambiant», a-t-elle poursuivi. Deux facteurs principaux sont apparus dans cette exposition: elle augmente avec la quantité de pesticides épandue et diminue avec l'éloignement des vignes, a précisé Ohri Yamada (Anses). La durée d’aération du logement et du temps passé à l’extérieur jouent aussi, dans une moindre mesure. Les enfants de 3 à 6 ans étaient plus imprégnés, car «davantage en contact avec le sol» ou portant les mains à leur bouche, «par leur apport alimentaire aussi», a précisé Mme Fillol. Les moins de trois ans n’ont pas été inclus, les scientifiques invoquant des difficultés concrètes (recueil d’urine...). Et trop peu de viticulteurs et ouvriers agricoles ont participé pour établir une imprégnation spécifique. Autre limite: les chercheurs n’ont pas pu accéder aux «données réelles d’utilisation des produits phytopharmaceutiques», et ont dû employer «une méthode très complexe et très chronophage» pour reconstituer les quantités de pesticides épandues. Surtout, cette photographie n'évalue pas les effets de ces expositions sur la santé. «Nous ne disposons pas aujourd’hui de lien entre les niveaux d’imprégnation retrouvés et des éléments cliniques en santé humaine», notamment sur des cancers, a résumé Benoît Vallet, directeur général de l’Anses. D’autant que d’autres expositions environnementales (métaux lourds, particules fines, etc) peuvent influer. Cette étude «ne prétend pas répondre à toutes les questions», a souligné Caroline Semaille, directrice générale de SpF, et «d’autres grandes enquêtes avec l’Anses viendront compléter ses premiers résultats». Même si les niveaux d’exposition ne dépassent pas ceux anticipés dans les autorisations de mise sur le marché (AMM) de pesticides, les agences recommandent, par précaution, de «réduire au strict nécessaire le recours aux produits phytopharmaceutiques», avec notamment une application «ambitieuse» de la stratégie Ecophyto. Autre préconisation: informer les habitants avant les traitements pour qu’ils puissent adapter leur comportement: se déchausser en rentrant chez soi, nettoyer le sol, sécher le linge à l’intérieur, etc. «Cette étude confirme nos craintes», a commenté à l’AFP François Veillerette, porte-parole de Générations futures, inquiet du «peu d’empressement (de l’Etat ndlr) à relancer le plan Ecophyto», qui prévoit de diminuer par deux l’usage des pesticides d’ici 2030. L’ONG appelle à élargir les zones sans traitement (actuellement 10 mètres pour la vigne) et à accélérer la conversion au bio. Le Comité national des interprofessions des vins (CNIV) a insisté sur une amélioration des pratiques du secteur depuis dix ans, appelant aussi les fabricants de pesticides à faire évoluer leurs produits. Rébecca FRASQUET © Agence France-Presse