Le système interbancaire britannique s’offre une grosse frayeur

Chaps, qui permet de traiter les paiements de gros montants entre banques, n’a pu fonctionner une partie de la journée. Un camouflet pour la Banque d’Angleterre.
Alexandre Garabedian

Le Royaume-Uni s’est offert hier un test à grande échelle des risques systémiques posés par les infrastructures de paiement. Pendant plus de neuf heures, la Banque d’Angleterre a suspendu le fonctionnement du système Real Time Gross Settlement (RTGS), par lequel transitent quotidiennement des centaines de milliards de livres de paiements entre banques.

Une décision prise à la suite d’un dysfonctionnement identifié lors d’un contrôle de routine ce week-end. Le service n’a pu reprendre qu’après seize heures, heure locale, et a été prolongé jusqu’à vingt heures pour permettre de purger les opérations en attente. Dans l’intervalle, les plus grosses transactions ont dû être traitées manuellement par la banque centrale.

Le système RTGS sert de socle à deux mécanismes de transfert de fonds entre banques, qualifiés «d’importance systémique» par la BoE sur son site internet. Le premier, Clearing House Automated Payment System (Chaps), détenu par les grands banques commerciales britanniques, permet d’assurer les prêts interbancaires de gros montants, mais également les transferts de fonds pour les particuliers lorsque ceux-ci règlent l’achat d’un bien immobilier. En 2013, il traitait en moyenne 277 milliards de livres de paiements chaque jour et, chaque lundi, quelque 2.500 transactions immobilières.

Le deuxième système, Crest, est le système de règlement-livraison de titres du Royaume-Uni, dont Euroclear a la responsabilité. Il n’aurait pas été affecté par le blocage d’hier. Les paiements de petits montants tels que les prélèvements automatiques, qui ne transitent pas par Chaps, n’ont pas non plus été bloqués.

La BoE a régulièrement souligné ces dernières années à quel point RTGS constituait un maillon critique de la sécurité du système financier. L’interruption des paiements crée un effet boule de neige qui pourrait poser en quelques heures des problèmes de liquidité à une banque.

La Banque d’Angleterre n’avait eu à déplorer aucun incident entre 2011 et 2013. Hier, même le «back up» de la BoE n’a pas dû fonctionner. Ce ratage spectaculaire a conduit Andrew Tyrie, le président de la commission du Trésor au Parlement britannique, à demander officiellement des explications à la banque centrale. «Toute notre économie dépend d’un système de paiement fiable. Nous devons être sûrs que la cause [du problème] a été identifiée et traitée», a-t-il indiqué dans une lettre.

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