
Le Crédit Mutuel veut accélérer dans l’assurance grâce à sa banque en ligne

C’est une rupture dans l’histoire du groupe mutualiste. Sans remettre en cause son modèle de banque relationnelle de proximité, le Crédit Mutuel veut faire de la banque en ligne un nouveau levier de croissance dans le cadre de son plan stratégique, a appris L’Agefi de plusieurs sources concordantes. Actionnaire à hauteur de 80% de Cofidis Participations depuis mai 2020, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, la principale entité du groupe qui rassemble 14 fédérations, pourrait faire de Monabanq un nouveau canal de distribution, en particulier de produits d’assurance.
Le groupe bancaire, qui a bousculé ses concurrents lors de la crise du Covid-19 en proposant à ses assurés professionnels une «prime de relance mutualiste», «ambitionne d’avoir sur l’assurance les mêmes parts de marché que sur les dépôts et les crédits», a affirmé Nicolas Théry, son président, lors de l’assemblée générale de la Fédération Centre Est-Europe, principale fédération du groupe. Un objectif qu’il juge «ambitieux mais réaliste».
En 2020, les Assurances du Crédit Mutuel se classaient au dixième rang des assureurs français en termes de chiffre d’affaires, selon un palmarès établi par Mazars pour L’Argus de l’assurance, loin derrière le Crédit Agricole, qui continue d’occuper la première place. Le groupe mutualiste ne cesse, toutefois, de grappiller des parts de marché. En 2021, l’assurance a généré 1,9 milliard d’euros de revenus au sein du Crédit Mutuel Alliance Fédérale, soit une hausse de 31,4%. Une dynamique supérieure à celle de l’activité des réseaux bancaires, qui a crû de 4,4%, à 8,9 milliards d’euros.
Conquérir les professionnels
L’essentiel du chiffre d’affaires en assurance (plus de 90%) est aujourd’hui réalisé sur le marché des particuliers. L’objectif, désormais, est de conquérir la clientèle professionnelle et d’entreprises. «Un axe de développement prioritaire» pour le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, a rappelé Nicolas Théry vendredi 20 mai devant les élus et les administrateurs. Mais, de l’aveu d’une source interne, le réseau de conseillers en agences n’est pas le mieux armé pour multi-équiper la clientèle professionnelle. «Ils sont surtout entraînés à faire du flux sur les crédits, pas à vendre de l’assurance», estime-t-elle.
Le Crédit Mutuel, qui s’est engagé dans une campagne de recrutement pour muscler son équipe de conseillers dédiés aux professionnels, souhaiterait aussi explorer de nouveaux canaux de distribution en dehors de son réseau physique. Si travailler avec le courtage n’est pas totalement exclu, le canal le plus pertinent pour un bancassureur est celui de la vente directe. «Le Crédit Mutuel a déjà un savoir-faire grâce à Monabanq», relève une source interne.
Utiliser le passeport européen comme les néobanques
Cette stratégie va au-delà de la vente de produits d’assurance. Le développement de la banque en ligne vise, plus généralement, à conquérir des clients non bancarisés au Crédit Mutuel. «Nous avons une relation client de grande qualité et nos clients nous sont fidèles. Pourquoi ne nous recommandent-ils pas comme les clients de Boursorama ?», s’est interrogé Nicolas Théry lors de l’assemblée générale du Crédit Mutuel Centre Est-Europe. La banque en ligne de la Société Générale s’enorgueillit de conquérir 300.000 nouveaux clients par trimestre. Dans le même temps, au Crédit Mutuel, «nous peinons même à conquérir les enfants de nos clients», remarquait Nicolas Théry.
La conquête de nouveaux clients pourrait également se jouer sur le terrain européen. Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale réalise aujourd’hui 23% de son produit net bancaire en dehors de la France, essentiellement en Allemagne, via ses filiales Targobank et Banque européenne du Crédit Mutuel. Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale pourrait s’appuyer sur Monabanq pour se développer hors de France grâce au passeport européen, une stratégie qui s’avère bien moins coûteuse que de réaliser des acquisitions à l’étranger. Les néobanques, comme l’allemande N26, l’ont d’ailleurs bien compris.
Rationaliser le réseau d’agences en zones urbaines
Enfin, cette stratégie de conquête via le digital pourrait aller de pair avec une rationalisation des réseaux du Crédit Mutuel et du CIC dans les zones urbaines où la densité d’agences est très élevée. «Il ne s’agit pas de remettre en cause notre modèle de proximité, le réseau en zones rurales sera préservé, mais d’optimiser notre maillage de manière plus pertinente», précise une source interne. A Paris, par exemple, on compte quelque 120 agences pour les deux réseaux, dont certaines dans la même rue. Les suppressions d’agences se feraient, le cas échéant, «sans casse sociale», avec une affectation des salariés à d’autres tâches.
Dans une logique de réduction des coûts, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale s’est par ailleurs engagé dans un mouvement de mutualisation de ses automates avec BNP Paribas et la Société Générale dans les zones urbaines, ont annoncé les trois partenaires à l’automne dernier.
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