
Le Crédit Foncier boucle sa deuxième titrisation déconsolidante

Bis repetita pour le Crédit Foncier. La filiale de crédit immobilier de BPCE a bouclé la semaine dernière sa deuxième titrisation publique de prêts aux particuliers, une opération lancée mi-juin. L’établissement a ainsi cédé un portefeuille de 13.500 prêts pour un total de 1,4 milliard d’euros.
Comme le premier RMBS public du Crédit Foncier, CFHL-1, mené en mai 2014, cette transaction présente l’avantage d’être déconsolidante, un critère jugé nécessaire par les banques pour que cette technique de gestion de bilan prenne enfin son essor en Europe. «Concernant les tranches notées AAA, représentant plus de 87% du Fonds commun de titrisation, le spread de la tranche à trois ans est ressorti à 30 points de base contre 37 points de base pour CFHL-1, et celui de la tranche longue est ressorti à 45 points de base contre 65 points de base pour celle de CFHL-1», précise l’émetteur en marge de la publication de ses résultats.
Pour le Crédit Foncier, le succès de ces opérations est vital: faute de dépôts, la banque n’a dû sa survie pendant la crise qu’à son adossement à BPCE, alors que des acteurs au modèle comparable, comme le CIF, ont disparu. Il est sous la pression de sa maison-mère pour réduire la taille de son bilan. Au premier semestre, touché par la faillite de Heta en Autriche, le prêteur immobilier a dégagé une perte nette de 20 millions.
BPCE a publié de son côté un résultat net hors exceptionnels de 886 millions (+2,5%) au deuxième trimestre. La banque a enregistré une nouvelle progression des revenus des Caisses d’Epargne (+4,6% sur un an hors variation de la provision pour épargne logement) et des Banques Populaires (+2,6%), la hausse des commissions faisant plus que compenser la baisse des marges d’intérêt dans les deux réseaux.
«Nous constatons au deuxième trimestre une baisse du coût du risque dans tous nos métiers, et elle est particulièrement marquée chez Natixis», a souligné hier François Pérol. Le président de BPCE ajoute que le groupe est «dans la trajectoire financière du plan élaboré fin 2013», mais que les nouvelles taxes bancaires auront un impact de «310 millions d’euros en résultat net sur 2014-2017».
Natixis, de son côté, affiche une hausse de 7% de son produit net bancaire, à 2,17 milliards, et de 5% de son résultat net hors exceptionnels, à 398 millions. Natixis AM a collecté 10 milliards d’euros en net sur le trimestre et voit ses encours grimper à 812 milliards à fin juin.
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Paris - Une nouvelle figure de la classe dirigeante libanaise dans le viseur de la justice française: une enquête est ouverte à Paris visant Najib Mikati, Premier ministre jusqu'à début 2025, soupçonné de s'être constitué frauduleusement un important patrimoine de «biens mal acquis». Interrogé par l’AFP, le Parquet national financier (PNF) a confirmé l’ouverture de cette enquête. Au Liban, le service de communication de Najib Mikati a indiqué «ne pas avoir été notifié». A l’origine de cette procédure, une plainte déposée en avril 2024 par le Collectif des victimes des pratiques frauduleuses et criminelles au Liban (CVPFCL) et l’association anti-corruption Sherpa. Cette dernière porte plainte en France depuis une vingtaine d’années contre des responsables étrangers, soupçonnés d’avoir amassé une fortune par la corruption ou le détournement de fonds publics, avant de la recycler, au moins en partie, dans l’Hexagone. Les deux associations ont ouvert en 2021 un front libanais à ces affaires de «biens mal acquis», qui concernaient à l’origine des chefs d’Etat africains, en portant plainte contre l’ancien dirigeant de la banque du Liban, Riad Salamé. En 2024, elles ciblent Najib Mikati, 69 ans, et ses proches, dont son frère Taha Mikati. Ils sont suspectés d’avoir acquis différents biens en France et à l’étranger par des structures multiples, dont des montages offshore. Une fortune qu’ils auraient amassée frauduleusement, au mépris notamment du fisc, tandis que le pays du Cèdre s’enfonçait dans le chaos politique et financier. Lors du dépôt de la plainte, Najib Mikati avait assuré avoir «toujours agi dans le strict respect de la loi», tout comme les membres de sa famille. «L’origine de notre patrimoine familial est entièrement transparente, légitime et conforme à la législation», avait insisté celui qui a été Premier ministre du Liban à plusieurs reprises, et jusqu'à début 2025. Yachts et jets privés Najib Mikati, qui a fait fortune dans les télécoms, et son frère Taha, sont présentés par les plaignants comme faisant partie des plus grandes fortunes du Liban, la famille possédant yachts, jets privés ou immeubles sur la Côte d’Azur, à Monaco et dans les plus beaux quartiers de Paris. Ils ont aussi investi dans des marques de prêt-à-porter, comme Façonnable. La première plainte visait les infractions de blanchiment et recel ou complicité, association de malfaiteurs, le tout commis en bande organisée, circonstance aggravante. Elle a été complétée par de nouveaux éléments en avril 2025, conduisant le PNF à se saisir du dossier. En cause notamment, les liens de la famille Mikati avec la Bank Audi France, spécialisée dans la clientèle du Moyen-Orient, dont l’ancien Premier ministre est actionnaire, ou un important contrat de fourniture de services télécoms au Liban et en Syrie conclu en 1994. Il aurait selon les plaignants conduit à priver l’Etat de vastes recettes. «Pouvoir de nuisance» Cette enquête «va peut-être réduire le pouvoir de nuisance de ceux qui cherchent à tout prix à saper le processus en cours pour que cesse la prédation des intérêts privés sur l’Etat et l’intérêt public des Libanais», ont déclaré à l’AFP les avocats, Mes William Bourdon et Vincent Brengharth. Plusieurs enfants des frères Mikati sont aussi visés comme de potentiels receleurs de l’argent supposément blanchi. Les plaignants pointent également des opérations suspectes à leurs yeux entre des comptes et sociétés contrôlées par les Mikati et d’autres, aux mains de l’ancien dirigeant de la banque du Liban, Riad Salamé. Une information judiciaire est désormais en cours à Paris visant ce dernier, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, tandis que son frère Raja Salamé a été mis en examen. Ils contestent fermement les faits. François BECKER © Agence France-Presse