
Le Crédit Agricole se prépare à faire le dos rond
Cela aurait pu être bien pire. Au troisième trimestre, Crédit Agricole SA a publié un résultat net de 977 millions d’euros, en baisse de 18,5% par rapport à la même période en 2019, mais supérieur de près de 25% à ce qu’anticipait le consensus des analystes fourni par la société. Ce résultat a été notamment soutenu par une bonne performance dans la banque de détail et la banque d’investissement en France. Le véhicule coté du Crédit Agricole a aussi réussi à maîtriser ses coûts, en baisse de 2%, et à diminuer ses provisions pour risque de crédit. Malgré cette période de reprise, la conjoncture devrait se dégrader à nouveau dans les mois qui viennent, à l’aune du deuxième confinement qui a été décidé en France et dans de nombreux pays d’Europe.
D’ailleurs, la présence rare de Dominique Lefebvre, le président de Crédit Agricole SA lors de la présentation des résultats trimestriels à la presse, montre bien que la situation est loin d’être habituelle. La période qui s’annonce «va être dure pour certains de nos clients qui ont déjà été ébranlés par la première, déclare Dominique Lefebvre. Nous n’avons d’autre solution que d’accompagner nos clients qui doivent, pour la plupart d’entre eux, arriver à traverser cette phase difficile».
Si CASA reste solide, avec un ratio de fonds propres durs CET1 de 12,6%, au-dessus de l’objectif de 11% qu’il s’est fixé à moyen terme, il va devoir faire face au ralentissement de l’activité économique au dernier trimestre.
560.000 moratoires de crédit
Depuis le premier confinement, la banque affirme avoir soutenu ses clients. Elle a comptabilisé pour 29,5 milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat (avec un taux d’acceptation de 97,4%), pour 189.000 clients. Elle a aussi accordé 560.000 moratoires pour remboursement de crédit pour 4,2 milliards d’euros reportés. A fin septembre, les deux tiers de ces pauses sont arrivés à échéance, et sur ce nombre, 97% des souscripteurs de prêts ont repris des paiements normaux. Le nombre de défauts reste donc très mesuré.
Seulement, le second confinement a stoppé net la normalisation de la situation. Avant de retrouver une économie de sortie de crise, «dans 6 à 8 mois», la banque va devoir faire face à une nouvelle vague de demandes de moratoires et, potentiellement, de nouveaux défauts. «Le Crédit Agricole accordera massivement les moratoires nécessaires à ses clientèles frappées par les fermetures administratives. Et nous ne pouvons y répondre intelligemment qu’en le faisant (…) de façon totalement personnalisée», déclare Philippe Brassac, directeur général de Crédit Agricole SA.
Le corollaire d’une situation qui sera plus difficile pourrait être une hausse importante du coût du risque. Ce à quoi Jérôme Grivet, directeur général adjoint, en charge du pôle finances groupe répond qu’«au quatrième trimestre, nous allons réviser notre scénario économique. Cela donnera potentiellement un besoin supplémentaire de notre stock de provisions de prudence. Mais on ne peut pas en déduire que nous allons voir une explosion du coût du risque».
Il faudra aussi s’attendre à ce que les activités qui avaient rebondi au troisième trimestre, comme la conquête de nouvelle clientèle, les crédits à la consommation, les crédits à l’habitat, ou encore les nouvelles affaires en assurance, ralentissent momentanément. L’éclaircie estivale est terminée.
Plus d'articles Banque & Assurance
-
Turenne accélère la démocratisation du private equity en région
La société lance un véhicule dédié au financement d’entreprises dans les Hauts-de-France, visant une vingtaine de millions d’euros. -
Covéa signe une première année satisfaisante en tant que réassureur
PartnerRe, que Covéa a racheté en 2022, a dégagé un résultat opérationnel en hausse l’an dernier mais affiche une perte nette en raison de la remontée des taux. -
Le Crédit Agricole veut combler son retard dans le leasing automobile
Grâce au rachat des activités de Leaseplan et ALD, le groupe bancaire associé à Stellantis renforce sa présence en Europe. Son ambition : devenir le leader de la location longue durée.
Contenu de nos partenaires
Les plus lus de
- La Société Générale présente sa nouvelle direction autour de Slawomir Krupa
- Credit Suisse entraîne le secteur bancaire européen dans sa chute
- Les actions chutent avec les banques américaines
- L’électrochoc SVB met la finance sous tension
- Credit Suisse, trois ans de descente aux enfers
- Les gérants prennent la mesure de la persistance de l’inflation
- Silicon Valley Bank : la chute éclair de la banque des start-up
- Slawomir Krupa sort la Société Générale du brouillard
- Chute de SVB : les Etats-Unis garantissent les dépôts et HSBC rachète les actifs anglais
-
Bras de fer
Automobile: les libéraux allemands font le forcing sur les carburants synthétiques
Le ministre des Transports menace de ne pas voter à Bruxelles l'interdiction du moteur thermique à partir de 2035 -
Tournant
Royaume-Uni: l'accord sur le protocole nord-irlandais marque-t-il la fin de la politique partisane sur le Brexit?
Les compromis consentis par l’Union européenne et le soutien de principe du Labour mettent les « Brexiter » dos au mur -
Edifiant
Politique du logement: 38 milliards pour quels résultats?
Les pouvoirs publics consacrent un budget bien supérieur à celui de la moyenne de l’Union européenne pour aider les Français à mieux se loger. Sans atteindre les effets attendus