Le Crédit Agricole se prépare à faire le dos rond

La banque a publié des résultats meilleurs qu’attendu au troisième trimestre. Mais le reste de l’année pourrait être plus compliqué.
Franck Joselin

Cela aurait pu être bien pire. Au troisième trimestre, Crédit Agricole SA a publié un résultat net de 977 millions d’euros, en baisse de 18,5% par rapport à la même période en 2019, mais supérieur de près de 25% à ce qu’anticipait le consensus des analystes fourni par la société. Ce résultat a été notamment soutenu par une bonne performance dans la banque de détail et la banque d’investissement en France. Le véhicule coté du Crédit Agricole a aussi réussi à maîtriser ses coûts, en baisse de 2%, et à diminuer ses provisions pour risque de crédit. Malgré cette période de reprise, la conjoncture devrait se dégrader à nouveau dans les mois qui viennent, à l’aune du deuxième confinement qui a été décidé en France et dans de nombreux pays d’Europe.

D’ailleurs, la présence rare de Dominique Lefebvre, le président de Crédit Agricole SA lors de la présentation des résultats trimestriels à la presse, montre bien que la situation est loin d’être habituelle. La période qui s’annonce «va être dure pour certains de nos clients qui ont déjà été ébranlés par la première, déclare Dominique Lefebvre. Nous n’avons d’autre solution que d’accompagner nos clients qui doivent, pour la plupart d’entre eux, arriver à traverser cette phase difficile».

Si CASA reste solide, avec un ratio de fonds propres durs CET1 de 12,6%, au-dessus de l’objectif de 11% qu’il s’est fixé à moyen terme, il va devoir faire face au ralentissement de l’activité économique au dernier trimestre.

560.000 moratoires de crédit

Depuis le premier confinement, la banque affirme avoir soutenu ses clients. Elle a comptabilisé pour 29,5 milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat (avec un taux d’acceptation de 97,4%), pour 189.000 clients. Elle a aussi accordé 560.000 moratoires pour remboursement de crédit pour 4,2 milliards d’euros reportés. A fin septembre, les deux tiers de ces pauses sont arrivés à échéance, et sur ce nombre, 97% des souscripteurs de prêts ont repris des paiements normaux. Le nombre de défauts reste donc très mesuré.

Seulement, le second confinement a stoppé net la normalisation de la situation. Avant de retrouver une économie de sortie de crise, «dans 6 à 8 mois», la banque va devoir faire face à une nouvelle vague de demandes de moratoires et, potentiellement, de nouveaux défauts. «Le Crédit Agricole accordera massivement les moratoires nécessaires à ses clientèles frappées par les fermetures administratives. Et nous ne pouvons y répondre intelligemment qu’en le faisant (…) de façon totalement personnalisée», déclare Philippe Brassac, directeur général de Crédit Agricole SA.

Le corollaire d’une situation qui sera plus difficile pourrait être une hausse importante du coût du risque. Ce à quoi Jérôme Grivet, directeur général adjoint, en charge du pôle finances groupe répond qu’«au quatrième trimestre, nous allons réviser notre scénario économique. Cela donnera potentiellement un besoin supplémentaire de notre stock de provisions de prudence. Mais on ne peut pas en déduire que nous allons voir une explosion du coût du risque».

Il faudra aussi s’attendre à ce que les activités qui avaient rebondi au troisième trimestre, comme la conquête de nouvelle clientèle, les crédits à la consommation, les crédits à l’habitat, ou encore les nouvelles affaires en assurance, ralentissent momentanément. L’éclaircie estivale est terminée.

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