
Le Crédit Agricole et BPCE rouvrent en fanfare le marché de la dette financière

C’est la reprise sur le marché primaire de la dette en euros. Ce 3 janvier, pas moins de quatorze entreprises, pour l’essentiel du secteur financier, ont lancé des emprunts obligataires pour un total annoncé de 9,8 milliards d’euros. Il s’agirait de la journée la plus active depuis mi-novembre, selon le pointage de Bloomberg.
Parmi ces émetteurs, on trouve plusieurs banques françaises ainsi que l’assureur Axa. Crédit Agricole SA a ainsi placé une dette perpétuelle AT1 de 1,25 milliard d’euros, portant un coupon de 7,25%, contre une indication initiale de 7,625%. Le livre d’ordres atteignait déjà 2 milliards d’euros à la mi-journée.
BPCE a lancé quant à lui deux emprunts senior à 5 ans (juillet 2028) et 10 ans, avec des marges indicatives de 155 à 160 points de base au-dessus des taux mid-swaps pour le premier, et 175 pb pour le second. Le groupe a finalement levé 2,25 milliards à des spreads respectifs de 140 et 155 pb.
BNP Paribas, qui cherchait à placer une dette senior à 8 ans, avec un spread initial de 110 à 115 pb, a récolté 1,25 milliard d’euros, pour un spread de 92 pb. Axa, pour sa part, visait un emprunt à 10 ans proposé à un spread de 100 à 105 pb, qui avait attiré 1,5 milliard d’euros de demande à la mi-journée. L’assureur a placé 750 millions d’euros en resserrant la marge à 75 pb.
Parmi les autres signatures présentes dans le marché ce mardi, figurent la captive de financement de Renault, RCI Banque, et l’espagnol Santander, qui a bouclé à midi le placement de 3,5 milliards d’euros d’obligations sécurisées, en deux tranches.
Lundi, le Crédit Mutuel Arkea, à travers sa structure d'émission d’obligations foncières, et la banque autrichienne Erste, avaient été les premiers à s’aventurer sur le marché en euros.
Fenêtre de tir
La réouverture en fanfare du marché primaire de la dette est logique, les émetteurs cherchant à anticiper le plus possible leurs programmes de financements en 2023. Leur fenêtre de tir devrait en outre se refermer d’ici à fin janvier en raison du démarrage de la période de la publication des résultats annuels 2022, avec un «blackout» imposé.
L’année s’annonce encore volatile sur les marchés des obligations d’entreprise, en raison de la remontée des taux, confirmée mi-décembre par la Banque centrale européenne, et des incertitudes macro-économiques. L’exercice 2022 s’est soldé par l’une des pires performances annuelles de la classe d’actifs crédit, et par une chute du volume d'émissions sur les marchés primaires pour les signatures de qualité investment grade et a fortiori pour le segment à haut rendement (high yield).
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Népal : à la prison de Katmandou, les évadés d'un jour regagnent leur cellule
Katmandou - «C'était terrible à l’extérieur... alors je rentre». Quelques jours seulement après s'être enfui de sa prison de la capitale népalaise Katmandou, Avinash Rai, 46 ans, s’est représenté à sa porte, le ventre plein d’un bon repas pris en famille. Comme lui, plus de 13.500 détenus ont profité des émeutes meurtrières qui ont renversé, la semaine dernière, le gouvernement népalais pour fausser compagnie à leurs gardiens. Quand il évoque le désordre qui a précipité son évasion, Avinash Rai en tremble encore. «Nos vies étaient en danger», décrit-il, ses deux sacs en bandoulière, avant de rejoindre sa cellule. «C'était fou. Il y avait des milliers de manifestants hors de contrôle qui criaient à l’extérieur et aucun policier nulle part», raconte le détenu. «Il y avait le feu partout, des actes de vandalisme. Et soudain, les portes se sont ouvertes». Il les a franchies sans réfléchir, poussé vers la liberté dans un pays en plein chaos. Les troubles ont éclaté le 8 septembre lorsque la police a ouvert le feu sur des milliers de jeunes manifestants, réunis sous la bannière de la «Génération Z», qui dénonçaient le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites. Au moins 19 protestataires ont été tués ce jour-là à Katmandou et dans le reste du pays. «Revenez plus tard» Le lendemain, la colère s’est déchaînée dans les rues de la capitale, où les symboles du pouvoir, le parlement en tête, ont été incendiés, détruits ou pillés. Au pouvoir depuis 2024, le Premier ministre KP Sharma Oli a dû démissionner. Au total, 73 personnes ont été tuées, selon le dernier bilan officiel publié mercredi. «Les autorités de la prison, ou ce qu’il en restait, nous ont dit +partez, et revenez plus tard, quand ce sera plus sûr+", se souvient Avinash Rai. Condamné à vingt-deux mois de prison pour contrebande avec l’Inde, il ne lui en reste plus que deux à purger. Alors il a décidé, sagement, de suivre le conseil de ses geôliers. «C'était fou que tous ces gens aient pu s'évader», s'étonne encore Nagendra Sreshtha, un ami venu le raccompagner. «On lui a dit que c'était dans son intérêt de rentrer en prison de son plein gré». En échange, Avinash Rai espère désormais «un peu de clémence» du gouvernement provisoire mis en place jusqu’aux élections prévues en mars 2026. D’autres que lui ont fait ce pari. Selon le porte-parole de la police, Binod Kharel, environ 5.000 évadés avaient retrouvé mercredi leur cellule, pour la plupart volontairement. Parmi ceux qui se pressent devant la prison de Bakhu, il y a aussi Som Gopali, 40 ans. Condamné à cinq ans pour agression, il revient accomplir les neuf mois qui lui restent. «Pas une évasion» Une dernière étreinte avec son épouse, et il franchit la lourde porte de l'établissement. «Ca a été un choc quand Som m’a téléphoné pour me dire qu’il était dehors. J'étais sidérée», confie sa sœur Preeti Yonyan, 42 ans, qui se pince encore pour croire à sa sortie inattendue. «Il n’aurait pas tenu très longtemps dehors, avec la police à ses trousses», raisonne-t-elle. Noircis par les flammes, recouverts de graffitis à la gloire de la «Génération Z», les hauts murs de la maison d’arrêt de Bakhu ont gardé les traces de l’assaut lancé par les émeutiers. «La structure des bâtiments n’a pas été atteinte mais il n’y a plus de couvertures, de matelas ou d'équipement. Et de la suie partout», témoigne Savyata Bahkati, 22 ans, volontaire pour une association qui intervient en détention. «Ils ont commencé à nettoyer les murs et à les repeindre», poursuit-elle, «mais ça va encore prendre trois ou quatre jours». Les derniers candidats à la réincarcération se pressent devant la prison. «Ce n'était pas une évasion. Mon fils est innocent», répète Suresh Raj Aran, 40 ans, espérant que Sevak, 23 ans, ne soit pas puni pour s'être fait la belle. «Bien sûr, je préfère qu’il soit à la maison», dit-elle, «mais dans le respect de la loi». Bhuvan BAGGA © Agence France-Presse -
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