L’action Société Générale intègre le scénario du pire en Russie

L’exposition du groupe en capital et en dette à SG Russie atteint 4,8 milliards d’euros. Sa décote boursière en tient compte.
Alexandre Garabedian

Les temps sont rudes pour la Société Générale, première banque étrangère en Russie. La dégringolade du rouble et des prix du pétrole, et leurs répercussions sur l’économie russe, menacent aujourd’hui les ambitions de la banque dans la région. Hier, l’action Société Générale a perdu jusqu’à 7,3% en Bourse avant de finir en repli de seulement 0,52% à 34,18 euros, alors que l’indice sectoriel des banques de la zone euro gagnait 2,27%. Sur décembre, le titre affiche une sous-performance de 6,5 points par rapport à l’indice.

En mai 2014, le groupe avait promis une rentabilité sur fonds propres de 14% pour SG Russie, qui rassemble toutes ses implantations dans le pays (Rosbank, Delta Credit, etc.). Soit un résultat net cible de 150 millions d’euros, contre 39 millions hors dépréciations des écarts d’acquisition sur les neuf premiers mois de 2014. En septembre, le groupe aurait révisé ses projections budgétaires sur la base d’un baril de pétrole à 70 dollars et d’une croissance nulle cette année et l’an prochain. Des hypothèses qui paraissent désormais encore trop optimistes.

De sources proches, le sujet d’inquiétude ne serait pas tant la clientèle de grandes entreprises, exportatrices en dollars, que celle des particuliers, qui représentent 50% par exemple du bilan de Rosbank. «La croissance des salaires réels est devenue négative en août. Nous avons accru nos estimations de coût du risque en 2015 et 2016 à 300 pb contre 250 et 220 pb, et nous anticipons désormais une perte nette de 39 millions pour SG Russie en 2016», indiquent les équipes de HSBC.

De l’avis des analystes, la valorisation boursière du groupe intègre cependant le pire des scénarios. A fin octobre, l’exposition de la maison mère à SG Russie atteignait 4,8 milliards d’euros: 3,2 milliards en capital, 600 millions en dette hybride et 1 milliard en financements seniors intragroupes, une part que la banque s’efforce de diminuer progressivement.

«Même dans l’hypothèse improbable où le groupe renoncerait à sa filiale, l’exposition représente 6 euros par action alors que celle-ci traite avec une décote de 12 euros sur la valeur comptable 2014 estimée», souligne Jon Peace, analyste chez Nomura. Sur ce critère de la book value, le titre Société Générale s’échange déjà avec une décote boursière de 20% par rapport à ses concurrents français, malgré une solvabilité et une rentabilité comparables.

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