
La Société Générale est prise dans le bourbier russe

La Russie ne tient décidemment pas ses promesses. Non seulement Rosbank peine à devenir un relais de croissance pour sa maison-mère, la Société Générale, mais son patron a été arrêté hier par la police russe. Vladimir Golubkov, président du directoire de Rosbank (photo), aurait été pris en flagrant délit de corruption. Le ministère russe de l’Intérieur le soupçonne d’avoir touché un pot-de-vin de 5 millions de roubles (123.000 euros environ) et d’avoir réclamé au total 1,5 million de dollars (1,2 million d’euros) en échange de l’octroi d’un prêt.
Vladimir Golubkov a été interpellé au siège de la banque. Une vidéo diffusée sur internet montre l’arrivée d’une unité spéciale de la police puis le patron de Rosbank, debout derrière son bureau jonché de liasses de billets. L’une de ses adjointes, également arrêtée, les aurait reçus en mains propres d’une entreprise automobile russe. Celle-ci aurait collaboré au coup de filet après avoir déjà versé 1,2 million de dollars de commissions.
«Il a été établi que le président du directoire réclamait 1,5 million de dollars au représentant d’une société commerciale pour prolonger son accord de crédit et pour conclure un nouvel accord avec un taux d’intérêt et des mensualités moins importants», indique le ministère de l’Intérieur russe dans un communiqué. Vladimir Golubkov était entré chez Rosbank en 1999. Il a gravi les échelons jusqu’à en prendre la tête en 2008.
Véridique ou coup monté, cette affaire intervient alors que les autorités russes ont engagé une lutte contre la corruption qui touche, pour la première fois, un dirigeant de banque. Elle tombe très mal pour la Société Générale qui a continué à miser sur le pays, malgré un climat incertain pour les affaires, après le départ d’autres groupes étrangers comme HSBC et Barclays. Rosbank a affirmé coopérer pleinement avec les autorités et a nommé un président par intérim, Igor Antonov, jusque-là premier vice-président de l’établissement. La Société Générale n’a fait pas de commentaires, une porte-parole soulignant simplement que seules deux personnes sont mises en cause et pas Rosbank elle-même.
La banque française commençait tout juste à tirer les fruits du plan de la restructuration de ses activités russes. L’an dernier, Rosbank a perdu 10% de ses effectifs, rationalisé son réseau et cédé ses activités biélorusses et de recouvrement. Cela a permis à la Société Générale de renouer avec les bénéfices dans le pays au premier trimestre 2013. Le résultat net de ses enseignes russes atteint 19 millions d’euros à fin mars, contre une perte de 20 millions d’euros un an plus tôt. Une goutte d’eau face au montant de 1,7 milliard d’euros investi entre 2006 et 2008 pour prendre le contrôle de Rosbank, que la Société Générale a déprécié à hauteur de 250 millions d’euros l’an dernier.
Elle avait pris 20% du capital de la banque russe en 2006, avant de lui apporter en 2011 ses filiales DeltaCrédit et Rusfinance, puis BSGV, son autre réseau russe. La banque de la Défense détient aujourd’hui 82,4% de Rosbank, le reste étant entre les mains d’actionnaires russes tels le conglomérat industriel Interros Holding et la banque VTB. Troisième établissement à capitaux privés par son réseau d’agences, Rosbank revendique la quatrième place du marché russe dans la banque de détail, loin derrière les géants publics Sberbank et VTB.
Plus d'articles du même thème
-
Les droits de douane américains n’empêchent pas les dirigeants d’ETI de dormir
La hausse des droits de douane est perçue comme un facteur d'inquiétude, mais limité. Seules 2% des ETI interrogées en août dans le cadre du baromètre de confiance Grant Thornton font état d’un impact fort sur leur activité. -
Des niveaux de valorisation en trompe-l’œil
Le graphique ci-dessous présente les ratios cours/bénéfices trimestriels de l’indice S&P 500 pondéré par la capitalisation et de sa version équipondérée ainsi que sa moyenne depuis 2010. A première vue, l’indice S&P 500 affiche un niveau de valorisation relativement élevé, (23,5 fois les bénéfices, contre environ 30 fois au début des années 2000), alimentant les inquiétudes quant à une possible survalorisation. -
Le marché européen de nouveau porté par la «value»
Le mois d’août a été relativement calme pour les marchés actions, malgré un newsflow soutenu et la résurgence du risque politique en France. Dans l’ensemble, les risques baissiers et l’incertitude ont certes persisté, qu’il s’agisse des interrogations autour de l’indépendance de la Fed, de la soutenabilité de la dette ou encore de la légalité des droits de douane imposés par l’administration Trump. Néanmoins, les marchés actions ont davantage porté leur attention sur des indicateurs plus fondamentaux, soutenus par une saison de résultats solide et par une Fed dont l’évolution de la fonction de réaction vers le marché de l’emploi laisse entrevoir un prochain assouplissement monétaire.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

BlackRock lance le premier ETF adossé à la méthodologie MSCI World sur la neutralité géographique et sectorielle
- Nicolas Namias assure que le projet de fusion des gestions d’actifs de BPCE et Generali se poursuit
- Eramet subit deux revers en Indonésie
- Jean-Baptiste Tricot (Axa) : « Nous continuerons à travailler avec Axa IM dans les mêmes conditions »
- Le fonds de pension néerlandais PFZW poursuit la rotation drastique de ses gérants
- CNP Assurances pourrait céder trois immeubles dans le centre de Paris
Contenu de nos partenaires
-
Wall Street atteint de nouveaux records, poussée par la Fed
Washington - La Bourse de New York a terminé dans le vert jeudi, tirant profit de la détente monétaire amorcée la veille par la banque centrale des Etats-Unis (Fed) pour atteindre de nouveaux sommets. Les trois principaux indices de la place américaine ont atteint un nouveau record: le Dow Jones (+0,27%) à 46.142,42 points, le Nasdaq (+0,94%) à 22.470,73 points et le S&P 500 (+0,48%) à 6.631,96 points. «La frénésie boursière ne montre aucun signe d’essoufflement après la décision prise hier par la Fed» d’abaisser ses taux d’un quart de point pour les ramener dans une fourchette comprise entre 4% et 4,25%, résume Jose Torres, d’Interactive Brokers. Après neuf mois de statu quo, ce changement de direction monétaire était attendu par les investisseurs. Ces derniers sont donc surtout optimistes pour la suite. Selon la médiane des prévisions de la Fed, ses membres anticipent deux autres baisses de taux (d’un quart de point chacune) en 2025, ce qui impliquerait une nouvelle détente à chacune des réunions programmées d’ici la fin de l’année. «Les parties du marché sensibles aux taux, comme les petites capitalisations, réagissent positivement à cette annonce», souligne auprès de l’AFP Angelo Kourkafas, d’Edward Jones. L’indice Russell 2000, qui comprend 2.000 PME, a ainsi affiché une nette progression (+2,51% à 2.467,70 points), et effacé un record en clôture datant de 2021. La Fed s’est gardée mercredi de s’engager sur les futures baisses de taux. «Ce qu’elle nous a dit, c’est que les données continueront d’avoir beaucoup de poids», relève M. Kourkafas. Selon lui, la baisse des taux annoncée mercredi «doit être considérée comme une mesure préventive plutôt que comme une réaction à une récession économique ou à une forte hausse du chômage». Les nouvelles inscriptions aux chômage ont d’ailleurs reflué la semaine dernière (+231.000 contre +240.000 attendues), selon des données publiées jeudi, ce qui a permis aux investisseurs «de pousser un soupir de soulagement», estime Jose Torres. Cet indicateur a légèrement tendu le rendement des emprunts d’Etat américains, qui évoluait vers 20H15 GMT autour de 4,11% pour l'échéance à 10 ans, contre 4,09% la veille en clôture. Côté entreprises, le fabricant de semiconducteurs et microprocesseurs Intel s’est envolé, porté par l’annonce d’une prise de participation de son rival Nvidia d’une valeur de 5 milliards de dollars. Le titre de l’entreprise a bondi de 22,77% à 30,57 dollars, au plus haut depuis un an. L’action Nvidia a réalisé des gains plus modestes, prenant 3,49% à 176,24 dollars. Avec cet accord, Nvidia et Intel indiquent vouloir développer plusieurs générations de produits pour des centres de données, alors que le boom de l’intelligence artificielle (IA) génère d’immenses besoins en puces électroniques très performantes. Une grande partie du secteur des semiconducteurs a bénéficié de cette annonce, à l’instar de Micron (+5,56%), Qualcomm (+1,74%) et Marvell Technology (+4,58%). Le groupe Live Nation visé, comme sa filiale Ticketmaster, par une action en justice à l’initiative des autorités américaines, a perdu 2,77% à 164,68 dollars. L’agence de protection des consommateurs (FTC) et sept Etats américains reprochent à ces entreprises d’avoir permis à des revendeurs d’acheter des quantités substantielles de billets de spectacles et événements sportifs, en violation des limites d’achat puis de les revendre à des prix bien supérieurs. Nasdaq © Agence France-Presse -
Journée de mobilisation du 18 septembre : "La France n'a pas été bloquée", se félicite Bruno Retailleau
Paris - «La France n’a pas été bloquée» jeudi lors de la journée de mobilisation sociale, qui a rassemblé 506.000 personnes dans le pays, dont 55.000 à Paris, s’est félicité le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. Le ministre a annoncé, peu après 20H00, 309 interpellations et 134 gardes à vue à la suite des actions et manifestations, où étaient présents «7.300 individus radicalisés, dangereux, black blocs». «Ils ont tenté, on l’a bien vu à travers les images, de troubler, de gâcher des cortèges et des manifestations mais heureusement nos forces de l’ordre» les ont «systématiquement» «contrés», a-t-il précisé lors d’un point de presse en sortant de la cellule interministérielle de crise relative à la journée de mobilisation nationale. Selon le ministre démissionnaire, 26 policiers et gendarmes ont été blessés. «Moi, je ne m’y habitue pas. Là encore, ça n’est pas normal». A Paris, le parquet a annoncé, à ce stade, 29 personnes en garde à vue, dont sept mineurs, «pour la très grande majorité, pour les infractions de participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations, violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique, et port d’arme de catégorie D, cette catégorie désignant indifféremment gazeuse, couteau, etc». «On a compté à 19H00 700 actions de voie publique», c’est-à-dire «des tentatives de blocage, de filtrage ou des cortèges», a précisé Bruno Retailleau, et «140 actions de déblocages ont eu lieu, dont 18 à Paris». «Dans la quasi-totalité des cas», les manifestations se sont déroulées «dans de bonnes conditions en province, à Paris également», a-t-il encore dit. «Globalement, il y a moins de participation dans les grandes agglomérations» mais davantage «dans les plus petites agglomérations, dans des villes de province», avec «dans les cortèges beaucoup de présence syndicale et beaucoup moins (...) de présence de lycéens», a détaillé M. Retailleau. «C'étaient deux journées en une, il y avait le mouvement Bloquons tout le matin et ensuite les cortèges en fin de matinée et pendant l’après-midi», a-t-il relaté. «Les forces de l’ordre ont été très, très réactives et nous avons débloqué systématiquement celles et ceux qui prétendaient bloquer un certain nombre d’infrastructures, de lycées ou autres» et «ces interventions précisément ont permis d’assurer la libre circulation (...) sur l’ensemble des grands axes de circulation», a-t-il souligné, rappelant que 80.000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés. © Agence France-Presse -
Pornographie : Free propose un VPN gratuit pour contourner la limite d'âge, un député signale l'opérateur à l'Arcom
Strasbourg - Le député PS Thierry Sother a annoncé jeudi qu’il saisissait l’Arcom, le gendarme du numérique, à la suite de la mise à disposition gratuite par Free d’un VPN permettant de contourner l’obligation de certifier son âge pour accéder à des sites pornographiques. Une loi entrée en vigueur cette année interdit aux mineurs l’accès aux sites pornographiques. Mais l’opérateur Free a annoncé mardi mettre gratuitement à disposition de ses abonnés à ses offres mobiles un réseau privé virtuel (VPN), un logiciel qui permet de cacher sa localisation réelle. «Ce dispositif permet à tous les abonnés -sans distinction d'âge- de masquer leur adresse IP, de simuler une connexion depuis l’Italie ou les Pays-Bas et donc de contourner les mesures de restriction d’accès à certains sites, y compris celles liées à la protection des mineurs», explique le député du Bas-Rhin dans un communiqué. L’initiative de Free «soulève de graves préoccupations», poursuit-il. «En offrant aux mineurs un moyen simple d'échapper à ces dispositifs, Free compromet directement l’efficacité et la portée de cette législation» sur la vérification de l'âge. Au-delà de cette loi, le VPN de Free «menace l’ensemble des futures régulations numériques visant à protéger les mineurs et les internautes français», avertit M. Sother. «En particulier, le projet annoncé par le gouvernement d’interdire l’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 15 ans deviendrait inapplicable si des opérateurs fournissent eux-mêmes des outils généralisés de contournement». Dénonçant «un risque majeur pour la santé de nos enfants», le député annonce avoir saisi l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) «afin qu’elle enjoigne sans délai à l’entreprise Free de prendre les dispositions nécessaires au respect de la loi». «Le service VPN proposé par Free est un service qui existe déjà par ailleurs, et qui est proposé par de très nombreux acteurs du marché, en France comme à l’international», s’est défendu auprès de l’AFP l’opérateur. Free a aussi précisé offrir «un contrôle parental gratuit sur les offres mobiles», qui reste actif lorsque le VPN est activé, et permettre aux parents de garder le contrôle sur la ligne secondaire de leur enfant. Cinq sites internet pornographiques, qui avaient reçu une mise en demeure en août, ont mis en place des mesures de vérification de l'âge de leurs utilisateurs, a indiqué l’Arcom le mois dernier. Le géant du secteur Aylo, maison mère des plateformes Youporn, Pornhub et Redtube, a en revanche suspendu ses sites en France. Selon une étude menée sur le premier semestre 2024 par l’Arcom, près de 40% des enfants en France accèdent à des sites pornographiques chaque mois. © Agence France-Presse