
La blockchain progresse dans la connaissance client

Dans le vaste champ de la conformité, le sujet de la connaissance client occupe une place croissante. Les banques et les entreprises mettent les bouchées doubles pour rendre plus efficaces les vérifications sur l’identité de leurs clients. Parmi les initiatives bien avancées, celle du consortium R3 donne lieu à des résultats concrets. Depuis plus de deux ans, R3 prépare, avec une centaine de banques et plus de 200 partenaires de tous types, une solution d’échange de documents KYC (know your customer) avec la technologie blockchain Corda. Un prototype a pu être mis au point il y a quelques jours : pas moins de 14 entreprises françaises ont simulé un échange de documents KYC avec cinq banques françaises, la Société Générale, Natixis, BNP Paribas, le Crédit Agricole et RCI Banque.
L’expérimentation a permis à chaque entreprise de déployer un «nœud» de la blockchain sur le cloud, l’interface permettant de recevoir des demandes des banques et d’y répondre. L’expérience a été présentée lors d’un atelier aux journées de l’AFTE, le 14 novembre dernier. L’idée du projet R3 est de laisser la propriété des documents de la connaissance client à l’entreprise, celle-ci en permettant l’accès aux banques, en temps réel et dans des conditions de sécurité renforcée. Des applications dans le cadre d’un usage en conditions réelles sont prévues pour l’an prochain.
Côté acteurs financiers, un groupe de travail de place emmené par la Société Générale vise la mise en commun de la collecte des documents liés à l’obligation KYC. Il vient de tenir sa deuxième réunion et le nombre d’établissements participants s’élevait à une trentaine, les grands groupes bancaires et d’assurance français étant rejoints par des acteurs étrangers, comme la Qatar National Bank ainsi qu’une banque chinoise… «Nous sommes en contact avec de nombreuses banques à l’étranger ainsi que plusieurs agences et régulateurs nationaux et étrangers, beaucoup d’acteurs témoignant d’une forte volonté de coopération sur le sujet, indiquent Martial Chambounaud et Eric Le Roux, responsables du projet à la Société Générale. Dans l’immédiat, l’idée est toutefois de donner au projet un ancrage local, en France ou en Europe, pour démarrer.» A court terme, l’objectif est de créer un consortium avec un premier cercle d’acteurs motivés pour, dans les six mois, tracer les pistes d’une solution commune, en termes juridique, de ressources et de gouvernance.
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Paris - Une photographie de l’exposition aux pesticides: les riverains des vignes sont plus imprégnés que les autres Français, démontre une étude nationale inédite, dévoilée lundi par deux agences sanitaires, sans déterminer à ce stade les impacts potentiels sur la santé. Très attendue, dans un contexte d’inquiétudes croissantes mais aussi de tensions avec une partie du monde agricole, l'étude PestiRiv a mesuré la présence de 56 substances dans l’urine et les cheveux de 1.946 adultes et 742 enfants, ainsi que dans l’air extérieur, les poussières et l’air des habitations, plus quelques potagers. D’une ampleur inédite, elle a porté en 2021-2022 sur 265 sites dans six régions viticoles (Grand Ouest, Bourgogne Franche-Comté, Auvergne Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine). Ce travail de Santé publique France et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a aussi recherché d’autres sources d’exposition potentielles (alimentation, modes de vie). «Cohérents» avec ceux d'études aux Etats-Unis et aux Pays-Bas, selon les deux agences, les résultats montrent que les riverains des vignobles «sont plus exposés aux produits phytopharmaceutiques (fongicides, herbicides, insecticides ndlr) que ce(ux) vivant loin de toute culture». Ils ont été communiqués aux parties prenantes (exploitants, élus locaux, ONG...) La majorité des substances, spécifiques à cette culture (folpel, métirame) ou pas (glyphosate, fosétyl-aluminium, spiroxamine...), ont été retrouvées près des vignes - culture choisie pour sa forte consommation de ces produits et sa proximité des habitations. Enfants plus imprégnés Dans les zones viticoles (à moins de 500 mètres) ont été retrouvés des niveaux de contamination parfois supérieurs de «45% dans les urines», «plus de 1.000% dans les poussières», «12 fois» plus grands dans l’air ambiant, comparé aux zones à plus d’un kilomètre de toute culture, a détaillé à la presse Clémence Fillol (SpF). En période de traitement des cultures, les «niveaux de contamination pouvaient augmenter de jusqu'à 60% dans les urines ou selon les pesticides mesurés», de «plus de 700% dans les poussières, jusqu'à «45 fois dans l’air ambiant», a-t-elle poursuivi. Deux facteurs principaux sont apparus dans cette exposition: elle augmente avec la quantité de pesticides épandue et diminue avec l'éloignement des vignes, a précisé Ohri Yamada (Anses). La durée d’aération du logement et du temps passé à l’extérieur jouent aussi, dans une moindre mesure. Les enfants de 3 à 6 ans étaient plus imprégnés, car «davantage en contact avec le sol» ou portant les mains à leur bouche, «par leur apport alimentaire aussi», a précisé Mme Fillol. Les moins de trois ans n’ont pas été inclus, les scientifiques invoquant des difficultés concrètes (recueil d’urine...). Et trop peu de viticulteurs et ouvriers agricoles ont participé pour établir une imprégnation spécifique. Autre limite: les chercheurs n’ont pas pu accéder aux «données réelles d’utilisation des produits phytopharmaceutiques», et ont dû employer «une méthode très complexe et très chronophage» pour reconstituer les quantités de pesticides épandues. Surtout, cette photographie n'évalue pas les effets de ces expositions sur la santé. «Nous ne disposons pas aujourd’hui de lien entre les niveaux d’imprégnation retrouvés et des éléments cliniques en santé humaine», notamment sur des cancers, a résumé Benoît Vallet, directeur général de l’Anses. D’autant que d’autres expositions environnementales (métaux lourds, particules fines, etc) peuvent influer. Cette étude «ne prétend pas répondre à toutes les questions», a souligné Caroline Semaille, directrice générale de SpF, et «d’autres grandes enquêtes avec l’Anses viendront compléter ses premiers résultats». Même si les niveaux d’exposition ne dépassent pas ceux anticipés dans les autorisations de mise sur le marché (AMM) de pesticides, les agences recommandent, par précaution, de «réduire au strict nécessaire le recours aux produits phytopharmaceutiques», avec notamment une application «ambitieuse» de la stratégie Ecophyto. Autre préconisation: informer les habitants avant les traitements pour qu’ils puissent adapter leur comportement: se déchausser en rentrant chez soi, nettoyer le sol, sécher le linge à l’intérieur, etc. «Cette étude confirme nos craintes», a commenté à l’AFP François Veillerette, porte-parole de Générations futures, inquiet du «peu d’empressement (de l’Etat ndlr) à relancer le plan Ecophyto», qui prévoit de diminuer par deux l’usage des pesticides d’ici 2030. L’ONG appelle à élargir les zones sans traitement (actuellement 10 mètres pour la vigne) et à accélérer la conversion au bio. Le Comité national des interprofessions des vins (CNIV) a insisté sur une amélioration des pratiques du secteur depuis dix ans, appelant aussi les fabricants de pesticides à faire évoluer leurs produits. Rébecca FRASQUET © Agence France-Presse