
La BCE demande aux créanciers de Heta de déprécier leurs titres de 50%
Les superviseurs allemands prennent la main dans le dossier Heta. Après la Bundesbank, la BCE est à son tour montée au créneau en demandant aux créanciers de la «bad bank» autrichienne, dans une lettre envoyée dans le cadre de sa mission de supervision, de comptabiliser des provisions d’au moins 50% de leur exposition, selon le Handelsblatt.
Créée fin 2014, cinq ans après la nationalisation de Hypo Alpe Adria (HAA), une ex-filiale de BayernLB, Heta a noué avec le secteur financier allemand des liens importants qui font craindre des répercussions systémiques. Après la mise en résolution de la «bad bank» début mars, Berlin a déjà dû voler au secours de Düsseldorfer Hypothekenbank.
«Je crois que la situation doit être prise sérieusement», a déclaré vendredi Andreas Dombret, directeur de la supervision bancaire à la Bundesbank et membre du directoire de la BCE. «Il est recommandé de prendre des provisions, et si je devais donner un chiffre je dirais qu’il devrait au minimum être de 50%», a-t-il ajouté.
Début avril, la Bundesbank a indiqué que les assureurs allemands sont exposés à Heta à hauteur de 1,5 milliard d’euros, portant le chiffrage à plus de 7 milliards compte tenu des 5,5 milliards d’euros comptabilisés dans les livres des banques du pays. Parmi les principaux créanciers figure notamment BayernLB et ses 2,4 milliards de prêts non remboursés par Heta.
Pour l’heure, le provisionnement des créanciers, qui inclut des banques autrichiennes et françaises, demeure variable. Parmi les premières à communiquer, Deutsche Pfandbriefbank a annoncé une provision de 120 millions d’euros sur son portefeuille de 395 millions, soit un taux de provisionnement de 30%.
Hier, la Compagnie de Financement Foncier, le véhicule d'émission d’obligations foncières du Crédit Foncier, a indiqué dans son rapport annuel 2014 avoir comptabilisé rétroactivement une provision de 115,1 millions d’euros sur son exposition nette de 263,1 millions, soit un taux de 44%. L’autrichienne Hypo NOE a en revanche indiqué qu’elle ne voyait aucune raison d’augmenter ses provisions, fixées à 25% de son exposition de 225 millions d’euros.
Ces différences s’expliquent notamment par l’appréciation de la garantie de 10,2 milliards d’euros de la Carinthie, la province d’origine de HAA. Bien que le Land soit en grande difficulté, Hypo NOE a expliqué à Bloomberg que cette garantie n’est «pas complètement sans valeur».
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Etats-Unis : des jeunes saisissent la justice contre Trump, accusé de sacrifier leur avenir climatique
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Un an après les émeutes, la Martinique renforce son « bouclier qualité-prix » contre la vie chère
Fort-de-France - Un an après les émeutes en Martinique sur fond de mobilisation contre la vie chère, les principaux acteurs de la distribution et les services de l’Etat ont adopté lundi une version étendue du «bouclier qualité-prix» (BQP). «C’est l’aboutissement de trois mois de négociations avec la grande distribution, avec les grossistes importateurs, pour obtenir un bouclier qualité-prix qui soit élargi», a salué le préfet de la Martinique, Etienne Desplanques, à l’issue de la signature de ce dispositif annuel de modération des prix des produits de consommation courante. Il s’agissait d’une des mesures phares inscrites dans le protocole de lutte contre la vie chère, signé le 16 octobre 2024 par le prédécesseur de M. Desplanques et une trentaine d’interlocuteurs locaux, au terme de plusieurs semaines de protestation populaire sur cette île où les produits alimentaires sont en moyenne 40% plus chers que dans l’Hexagone, selon l’Insee. Malgré la signature de ce protocole, les prix ont enregistré en juillet 2025 une progression de 0,8% sur un an en Martinique, indiquait l’institut fin août. «L’Etat s'était engagé à ouvrir une négociation» et «les associations de consommateurs nous le demandaient», a rappelé le représentant de l’Etat. Jusqu’ici limité à 134 articles répartis en quatre «sous-paniers» - produits alimentaires, infantiles, d’hygiène ou d’entretien -, le BQP, dont la nouvelle version entre en vigueur dès mardi, comporte désormais 180 produits, dont 14 fournitures scolaires, catégorie jusqu’ici exclue du dispositif. En outre, une catégorie «BQP bricolage», qui inclut 36 articles vendus dans sept enseignes de l'île, a été créée, en s’inspirant du modèle existant à La Réunion. Ces produits ont été définis «par les associations de consommateurs, qui ont fait état de leurs besoins», s’est félicité Patrick Plantard, le président de l’Observatoire des prix, des marges et des revenus des Antilles-Guyane, qui prend part chaque année à l'élaboration du BQP. Le dispositif annuel devrait être étoffé d’un «BQP automobile» portant sur les pièces détachées et «les services d’entretien des véhicules», a indiqué le préfet. Les négociations avec les acteurs de ce secteur seront lancées «d’ici quelques semaines», a-t-il précisé. © Agence France-Presse -
Allemagne : la justice se prononce sur le meurtre d’un policier attribué à un Afghan radicalisé
Berlin - Un tribunal allemand doit rendre mardi son jugement concernant un Afghan accusé du meurtre d’un policier, lors d’une attaque aux motivations jihadistes, première d’une série qui avait choqué le pays et contribué à la progression de l’extrême droite. Le procureur a requis une peine de prison à perpétuité pour Sulaiman A., 26 ans, assortie d’une reconnaissance de la gravité particulière de la culpabilité qui rendrait très difficile une libération anticipée. Accusé d’un meurtre et de cinq tentatives de meurtre, l’accusé avait gardé le silence sur le motif de son acte présumé à l’ouverture de son procès, mi-février, dans une salle sécurisée de la prison de Stuttgart-Stammheim (sud-ouest). Le 31 mai 2024 à Mannheim (ouest), sur la place du marché, il s’en était pris à plusieurs membres d’une organisation anti-islam, le Mouvement citoyen Pax Europa (BPE), poignardant l’orateur principal, Michael Stürzenberger, déjà condamné pour incitation à la haine raciale. L’accusé a ensuite donné plusieurs coups de couteau à quatre personnes qui voulaient l’arrêter, avant de s’en prendre à un policier de 29 ans. Une vidéo le montrant en train de frapper l’agent à la tête avait largement circulé sur les réseaux sociaux, accentuant l'émotion. La victime était décédée deux jours plus tard à l’hôpital. Mineur non accompagné Selon les enquêteurs, Sulaiman A., un partisan du groupe jihadiste Etat islamique (EI), aurait décidé au printemps 2024 de commettre un attentat en Allemagne contre des «infidèles». Des médias allemands ont affirmé qu’il était arrivé en Allemagne à l'âge de 14 ans, avec son frère, mais sans leurs parents. Ils se sont vu refuser l’asile mais, en tant que mineurs non accompagnés, ont bénéficié d’un sursis, puis d’un titre de séjour. Le verdict est attendu une semaine après la condamnation à perpétuité d’un Syrien pour une autre attaque jihadiste au couteau, à Solingen, qui avait fait trois morts en août 2024. Espacées de trois mois, ces deux attentats avaient pesé sur les élections législatives de l’hiver suivant, marquées par la progression du parti d’extrême droite AfD. Au cours de la campagne, l’Allemagne a connu d’autres violences meurtrières impliquant des ressortissants étrangers qui ont enflammé le débat sur la politique d’asile et la sécurité. Mi-février, l’ouverture du procès de Sulaiman A. avait d’ailleurs coïncidé avec une attaque à la voiture-bélier à Munich, dont l’auteur présumé est également afghan. Elle a fait 2 morts et 44 blessés graves. Un million de réfugiés Juste avant, fin janvier, un Afghan souffrant de troubles psychiatriques s’en est pris à un groupe d’enfants dans un parc à Aschaffenbourg (sud), poignardant à mort deux personnes, dont un garçon de deux ans. La première économie européenne a accueilli plus d’un million de réfugiés, dont de très nombreux Syriens et Afghans, lors de la crise migratoire de 2015-2016. Mais elle a aujourd’hui définitivement tourné cette page associée à l’ex-chancelière Angela Merkel (2005-2021). Pour enrayer l’ascension de l’AfD, le chancelier conservateur Friedrich Merz a opéré un nouveau tour de vis sur la politique migratoire, instaurant notamment le refoulement des demandeurs d’asile aux frontières. En juillet, sa coalition a organisé le rapatriement de 81 condamnés afghans dans leur pays, malgré la présence au pouvoir des talibans. Samedi, le ministère de l’Intérieur a redit à l’AFP son intention de «permettre des rapatriements réguliers et fréquents vers l’Afghanistan», justifiant ainsi des «discussions techniques» avec les talibans. © Agence France-Presse