
L’ « open banking » piétine

En matière d’open banking, le Royaume-Uni s’est imposé parmi les pays pionniers. Dès septembre 2016, les neuf principaux établissements du pays en matière de comptes courants (AIBG, Bank of Ireland, Barclays, Danske, HSBC, Lloyds Banking Group, Nationwide, RBS et Santander) ont participé au financement et à la création d’Open Banking Implementation Entity (OBIE), une entité privée, supervisée par l’autorité de la concurrence (CMA) et le régulateur financier britannique (FCA). Dix-huit mois après le lancement de l’initiative, l’heure est aux premiers bilans. Selon UK Finance, l’organisme de représentation des banques outre-Manche, ces neuf établissements engagés dans l’open banking auraient dépensé quelque 1,5 milliard de livres pour cette initiative. La perception des banques aurait cependant évolué : « Il y a deux ans, l’ ‘open banking’ était considéré par beaucoup comme un exercice de conformité uniquement soutenue par une poignée de fintech, explique Imran Gulamhuseinwala, trustee de l’OBIE. Ce n’est plus le cas. Les banques ont dépassé ce stade pour envisager l’ ‘open banking’ comme une opportunité de concurrence accrue et d’innovation. » A l’heure actuelle, 118 entreprises régulées sont autorisées à fournir des services utilisant l’open banking outre-Manche et une centaine d’autres devraient les rejoindre.
Les projets se multiplient. Nationwide a récemment sélectionné sept fintech dans le cadre d’une initiative d’un montant de 3 millions de livres destinée à développer des applications et des services pour venir en aide aux populations vulnérables. Ces dernières auraient tout à gagner des applications de l’open banking. Selon une étude publiée fin juin (« Consumer priorities for open banking »), les personnes à faibles ressources pourraient potentiellement économiser jusqu’à 287 livres par an, soit 2,5 % de leur revenu annuel. Mais l’étude signale aussi que les nombreuses propositions associées à l’open banking ne se sont pas encore matérialisées. « L’ ‘open banking’ est une initiative de plus en plus répandue, assure Sulabh Agarwal, responsable des paiements chez Accenture, mais les défis demeurent. »
Standardisation insuffisante
En avril, l’autorité de la concurrence britannique a ainsi rappelé à l’ordre cinq des neuf banques concernées pour avoir échoué à mettre en oeuvre un certain nombre de fonctionnalités associées à l’open banking, et notamment les applications mobiles : « A l’heure actuelle, toutes les banques sont très occupées à vouloir atteindre l’objectif de la DSP2 en septembre. La commercialisation est passée au second plan, poursuit Sulabh Agarwal. En parallèle, la disponibilité des APIs devient un défi d’autant plus important que les volumes augmentent. » L’existence de plusieurs normes en Europe – STET en France, the Berlin Group en Allemagne, Open banking au Royaume-Uni, etc. – ne simplifierait pas non plus la tâche des banques : « Une plus grande standardisation permettrait de faciliter les partenariats et l’innovation, explique Ireti Samuel-Ogbu, responsable des paiements et créances pour la région EMEA chez Citigroup. L’adoption serait ainsi beaucoup plus rapide. » En avril 2018, la banque américaine est devenue le tout premier établissement commercial outre-Manche à obtenir le statut de fournisseur de services d’initiation de paiement (Payment Initiation Service Provider, PISP). Introduit par DSP2, ce service permet à un acteur d’initier un virement bancaire pour le compte d’autrui, à condition d’obtenir son accord au préalable. « Cette initiative nous permet d’offrir à nos clients entreprises une autre façon de collecter de l’argent de leurs clients en temps réel », explique Ireti Samuel-Ogbu.
La généralisation de l’open banking achoppe sur un manque de popularité. Six mois après sa mise en oeuvre, un sondage YouGov signalait que seuls 28 % des adultes britanniques étaient au courant de l’initiative. Et pour les initiés, l’expérience reste encore vacillante ; en mars dernier, l’OBIE a néanmoins tenté de remédier à cette situation en lançant une troisième version des standards de l’open banking destinée à faciliter l’expérience client. « Le parcours client doit continuer à s’améliorer, insiste Ireti Samuel-Ogbu. En dépit des progrès récemment réalisés, l’ ‘open banking’ ne présente pas le niveau de fluidité d’une carte bancaire par exemple. Pour réduire ce décalage, les commerçants pourraient potentiellement offrir des incitations pour booster l’utilisation des virements à partir de comptes courants. »
De leur côté, les régulateurs britanniques soufflent le chaud et le froid. S’ils reconnaissent l’importance de l’open banking pour les clients, ils s’inquiètent aussi de ses écueils : « L’ ‘open banking’ pose des questions sur la sécurité, le partage des coûts, la structure du système, l’équité en matière de partage de données et les responsabilités juridiques », écrit la Banque d’Angleterre dans un rapport (« Future of Finance »). Un bilan des 18 premiers mois de l’open banking serait à l’étude.

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Etats-Unis : ce que l'on sait de Tyler Robinson, l'assassin présumé de Charlie Kirk
Washington - Tyler Robinson, assassin présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, a été arrêté jeudi soir et identifié publiquement vendredi par les autorités américaines. Voici ce que l’on sait de lui. Aîné d’une fratrie de trois enfants dans le sud de l’Utah Tyler Robinson, 22 ans, vivait «depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington», à l’extrémité sud-ouest de l’Utah, près de la frontière avec le Nevada et l’Arizona, a indiqué le gouverneur de l’Etat, Spencer Cox. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n’a pas de casier judiciaire dans l’Etat, selon les médias américains. «Pendant 33 heures, j’ai prié pour que (...) ce ne soit pas l’un d’entre nous, mais quelqu’un venu d’un autre Etat ou d’un autre pays», a confié vendredi le gouverneur au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d’une balle dans le cou mercredi lors d’un débat public sur un campus universitaire. «Mais cela s’est passé ici, et c'était l’un d’entre nous», a-t-il reconnu. Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l’aîné de trois garçons. Après sa sortie du lycée en 2021, il a «brièvement étudié à l’Université d’Etat de l’Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement. Aucune affiliation politique connue Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n’a aucune affiliation politique connue. Un membre de sa famille a néanmoins témoigné que «Robinson était devenu plus politisé ces dernières années», a souligné le gouverneur Cox. Ce membre de la famille a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions, très conservatrices. Des messages à tonalité antifasciste ont été retrouvés sur les munitions découvertes après l’assassinat, a indiqué Spencer Cox. «Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire +Eh fasciste! Attrape ça!», a expliqué le gouverneur. Une deuxième douille était gravée du refrain de la célèbre chanson antifaciste «Bella ciao» mais d’autres inscriptions paraissaient plus difficiles à interpréter, dont des symboles inspirés de l’univers des jeux vidéo. Dénoncé par des membres de sa famille Tyler Robinson a été signalé aux autorités par des membres de sa famille. Jeudi soir, selon le gouverneur «un membre de la famille» du suspect a joint un ami, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que «Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication» dans l’assassinat. «C’est là qu’il vivait et c’est là qu’ils l’ont remis aux autorités», a indiqué M. Cox. Il a été appréhendé jeudi soir vers 22H00 locales (04H00 GMT vendredi) après 33 heures de traque, selon le directeur de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Selim SAHEB ETTABA © Agence France-Presse