Groupama est victime de sa décision politique sur sa dette

A l’instar de Fitch vendredi, Standard & Poor’s a dégradé l’assureur après la décision de ce dernier ne pas payer le coupon de ses TSS 2007
Antoine Landrot

Hier, Standard & Poor’s a abaissé d’un cran (à BB-) la note de crédit de Groupama et de ses filiales. Vendredi, Fitch avait réduit de deux crans, à BB+. Une double sanction motivée par la décision du mutualiste de ne pas payer le coupon annuel de ses titres super subordonnés (TSS) émis en 2007. S&P reconnaît, tout comme Fitch, que l’annulation de ce versement était une possibilité pour Groupama à partir du moment où sa marge de solvabilité dépasse 100%, ce qui est le cas.

Pourtant l’agence considère, à l’instar de Fitch, que «la décision de l’assureur réduira sa marge de manœuvre financière».

Il existe pourtant un décalage entre la sévérité des conclusions des agences et les motivations de Groupama. Celles-ci sont en effet éminemment internes. D’après nos informations, la décision, prise en septembre, n’émane pas du comité exécutif mais du conseil d’administration, et donc des caisses régionales. Or, celles-ci ont dû renoncer à percevoir des dividendes en 2012. Elles se préparent aussi à réduire leur train de vie dans le cadre du nouveau plan stratégique que le groupe présentera début 2013 pour améliorer son résultat technique, alors que trois plans de départs volontaires, qui représentent environ 550 postes, sont déjà en cours. D’où l’allusion, dans sa communication de vendredi, à la contribution nécessaire de «toutes les parties prenantes», y compris les porteurs de TSS.

Certains au sein du groupe estiment que le conseil d’administration n’aurait pas pris cette décision – essentiellement symbolique – au vu de ses conséquences. D’autant plus que les agences soulèvent du coup la question de la volonté ou capacité de Groupama à payer les coupons futurs sur les TSS 2007, comme ceux de ses deux autres titres de dette subordonnée.

«Il n’a jamais été question de ne pas les payer, affirme une source interne. Groupama jouit d’une situation largement excédentaire en terme de liquidité et les estimations futures des cash-flows laissent à penser que le groupe n’éprouvera pas de difficultés de ce point de vue. En outre, le prochain call est en 2015».

Quoi qu’il en soit, cette mésaventure relance le débat en interne sur la pertinence de la notation de Groupama. Importante pour les activités de courtage et au Royaume-Uni, elle n’a guère de sens depuis les cessions de GAN Eurocourtage et de l’essentiel des activités britanniques. Une décision pourrait être prise d’ici à la fin de l’année.

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