
Groupama anticipe de moins bons résultats pour les assureurs

Groupama ne cache pas son inquiétude pour le secteur de l’assurance. «Toutes les planètes nous étaient hostiles en 2022 avec la reprise brutale de l’inflation, la remontée sans précédent des taux d’intérêt et l’intensité des sinistres climatiques avec des phénomènes que nous n’avions jamais pu observer dans l’histoire», déplore Thierry Martel, directeur général de Groupama, qui présentait le 17 mars ses résultats annuels.
Et 2023, qui a commencé avec de fortes hausses des tarifs en réassurance, n’annonce pas d’embellie. «Notre analyse fondamentale en macroéconomie est que l’inflation est là pour un certain temps. (…) Le très mauvais début d’année des réassureurs n’annonce pas de perspectives d’amélioration des conditions de réassurance et on ne sait pas ce qui peut arriver avec les sinistres climatiques», énumère le dirigeant.
Augmentation des primes inéluctable
Le huitième assureur généraliste en France, qui compte 6,5 millions de sociétaires et clients, avec un chiffre d’affaires en hausse de 4,3% à 15,9 milliards d’euros fin 2022, n’entend pas se laisser dominer par le contexte pour autant. Outre la constitution de provisions spécifiques supplémentaires de surinflation pour les sinistres de biens et responsabilité, le groupe mutualiste annonce déjà des hausses de tarifs. Il affirme toutefois respecter les engagements pris auprès du ministre de l’Economie de ne pas appliquer d’augmentations au-delà de l’inflation. «L’augmentation des primes est inéluctable. Si l’on veut payer, il nous faut plus de revenus que de dépenses. Nos sociétaires viennent nous voir en nous demandant d’augmenter les prix», rapporte Thierry Martel.
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En ce qui concerne la réassurance, la mutuelle profite de sa stratégie de «tuilage». Celle-ci consiste à ne renouveler que par moitié chaque année ses contrats, qui sont donc signés pour deux ans. Cela permet de mieux absorber la hausse et d’espérer plus de latitude dans les négociations l’an prochain. «Ce qui va peser, c’est moins l’augmentation que la moindre protection. Si on rejouait 2022 avec les conditions de réassurance de 2023, les résultats ne seraient pas du tout les mêmes sur le marché», confie Thierry Martel.
Résultat net en baisse de 8%
Les sinistres climatiques, dont le coût total est estimé à 10 milliards d’euros pour les assureurs en 2022, ont été historiquement chers l’an dernier. Groupama accuse une ardoise d’environ 1,5 milliard d’euros, contre 600 à 700 millions d’euros jusqu’ici pour une «grosse année climatique». La moitié de ce montant, environ, étant cédée aux réassureurs, «la dérive de l’impact en net n’est pas très importante». Le ratio combiné non-vie du groupe (sinistres et charges rapportés aux primes) augmente tout de même de 1,6 point à 99,4%, en particulier de 1,7 point en France à 99,5%.
Avec un bénéfice net en baisse de 8% à 454 millions d’euros au titre de l’année 2022 et un ratio de solvabilité en hausse de 24 points à 207% sans mesures transitoires, Groupama fait mieux que résister. Son résultat opérationnel, en baisse de 131 millions d’euros à 349 millions d’euros, est tiré par ses activités internationales qui affichent un résultat en hausse de plus de 80% à 109 millions d’euros. Elles profitent notamment d’un doublement des primes en Roumanie, autour de 600 millions d’euros, et d’un redressement de ses activités italiennes.
Si le résultat net ne baisse «que» de 8%, c’est grâce aux plus-values réalisées nettes. Celles-ci passent de 131 millions d’euros en 2021 à 315 millions en 2022, notamment du fait de la cession d’un immeuble sur les Champs-Elysées à Paris. Au niveau du bilan, les fonds propres IFRS du groupe ont fondu de 10,7 milliards d’euros fin 2021 à 7,5 milliards d’euros fin 2022 «sous l’effet de la dévaluation des actifs de taux consécutive à la forte remontée des taux d’intérêt».
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