Goldman Sachs se réinvente en plateforme de services financiers

Avec Marcus, la firme de Wall Street se rêvait en nouveau leader de la banque au quotidien. Faute de rentabilité, elle mise sur d’autres sources de revenus.
Aurélie Abadie
Marcus
En quatre années, Marcus, la néobanque de Goldman Sachs, a cumulé près de 4 milliards de dollars de pertes.  -  Bloomberg

Goldman Sachs est à un tournant de son histoire. La firme de Wall Street, dont le succès a longtemps été porté par sa banque d’investissement, cherche de nouvelles sources de revenus récurrents et décorrélés de la volatilité des marchés. Son PDG David Solomon a compris que le digital était une lame de fond. Mais sa tentative pour faire de Goldman Sachs une référence sur le marché des particuliers via sa banque en ligne Marcusa échoué.

En quatre ans, la néobanque a cumulé près de 4 milliards de dollars de pertes. Malgré ses 15 millions de clients actifs, ses 110 milliards de dépôts et ses 19 milliards de dollars de prêts accordés, elle devrait encore être dans le rouge cette année, alors qu’elle était censée atteindre le point mort.

Place donc au recentrage stratégique. David Solomon a dévoilé, à l’occasion de la présentation des résultats trimestriels de la banque, sa troisième réorganisation en quatre ans. Les activités de Goldman Sachs seront désormais découpées en trois entités : la première réunira la gestion d’actifs et la banque privée, la deuxième regroupera les activités de marché avec la banque d’investissement, et la troisième les activités de transaction banking ainsi que « les solutions de plateforme », notamment l’activité de cartes de crédit génératrice de revenus et les partenariats avec des géants industriels comme Apple et General Motors.

Marcus recentrée sur la gestion de fortune

Les activités de Marcus seront donc dissoutes dans la première et la troisième entités. Les produits bancaires ne seront plus destinés au grand public mais à la clientèle très fortunée et aux employés des partenaires commerciaux de la banque. Cela représente près de 500 entreprises avec plus de 9 millions de salariés éligibles à cette offre, estime Goldman Sachs.

« Notre stratégie fondamentale reste la même », a souligné David Solomon lors d’une conférence téléphonique avec des analystes. Cette dernière avait été exposée « en termes clairs et directs » en janvier 2020. Elle consiste à « renforcer les activités cœur, diversifier les produits et services, et opérer de manière plus efficiente pour générer des retours durables ».

Ce nouveau modèle opérationnel, baptisé « One Goldman Sachs », encouragera donc les synergies en misant sur « la relation globale avec le client ». La fusion de la banque d’investissement et des activités de marché répond, elle aussi, à cette logique. Goldman Sachs se fixe pour objectif de « maximiser le partage de portefeuille et faire croître les activités de financement ». L’entité gestion d’actifs et gestion de fortune aura, quant à elle, pour but d’accroître les revenus tirés des commissions.

Le partenaire bancaire des grands marchands

La restructuration de Marcus ne signifie pas, pour autant, que la banque renonce à ses ambitions en matière de digitalisation de l’offre. Bien au contraire. « Je considère qu’il y a encore une opportunité formidable pour distribuer des produits digitaux à nos clients », a martelé David Solomon auprès des analystes. La banque continuera également de servir le mass market via l’intermédiaire des nouveaux champions de la relation client comme Apple. Le géant à la pomme a noué un partenariat avec Goldman Sachs pour sa carte de crédit Apple Card, auquel s’est récemment ajouté le lancement d’un compte d’épargne à rémunération élevée.

Goldman Sachs collabore, par ailleurs, avec le constructeur automobile General Motors auquel elle fournit une carte de crédit depuis janvier 2022, mais aussi avecla fintech référente du paiement en ligne, Stripe,pour fournir des services bancaires à ses clients commerçants. Le but de ces activités est clairement affiché : « faire croître les profits avant impôt » de la firme. Après avoir élargi ses activités à la banque commerciale lors de la sortie de la crise financière de 2008, le géant de Wall Street prend ainsi un nouveau virage, celui de la «plateformisation» de la finance.

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