
Generali soigne sa stratégie avec l’acquisition de La Médicale
Une question d’appétit et de santé. Generali et Crédit Agricole Assurances ont annoncé mercredi être entrés en négociations exclusives en vue de l’acquisition par Generali France de La Médicale. La branche spécialisée de Crédit Agricole Assurances dédiée aux professionnels de la santé, qui pourrait être valorisée 400 millions d’euros selon Bloomberg et Reuters, compte plus de 300.000 clients en France et a enregistré 552 millions d’euros de primes en 2020. Elle propose aux professionnels de la santé une assurance santé, des contrats de responsabilité civile, d’épargne retraite, de prévoyance ainsi qu’une assurance prévoyance aux internes en médecine pour un total de plus de 600.000 contrats.
Selon les communiqués des groupes, qui ne détaillent pas les conditions financières mais précisent que le projet «est le fruit d’échanges et de collaboration de bon niveau noués à la faveur de partenariats récents», l’opération intégrerait la cession d’un portefeuille de garanties décès de Predica. La filiale du Crédit Agricole Assurances spécialisée en épargne vie et en prévoyance emprunteur céderait donc les garanties décès commercialisées par La Médicale, soit l’équivalent de 80 millions d’euros de primes sur les 552 millions d’euros de primes engrangés en 2020.
Opération stratégique
«Ce projet répond à la volonté de Crédit Agricole Assurances de se focaliser sur le développement de son modèle de bancassurance vecteur de synergies significatives avec les autres entités du groupe Crédit Agricole», explique le groupe, qui avait acquis La Médicale en 2004 à l’occasion du rachat du Crédit Lyonnais. Le groupe cède donc cette activité car elle ne présente pas de synergies avec son réseau, ou seulement sur une frange réduite de sa clientèle. Le Crédit Agricole continuera de se développer sur l’assurance, mais de manière plus large, avec la possibilité de réallouer son capital. «En tant que bancassureur universel et acteur majeur de la santé, Crédit Agricole Assurances souhaite renforcer son offre en la matière auprès de l’ensemble de ses clients via les banques de proximité du Groupe», peut-on lire dans le communiqué.
Du côté de Generali, on inscrit l’opération dans le plan stratégique triennalqui doit prendre fin cette année. Sur les quatre milliards d’euros que l’assureur prévoyait de déployer dans des opérations de croissance et des fusions-acquisitions, il lui reste un milliard d’euros. «Grâce à une complémentarité de compétences et d’expertises, ce projet offrirait à Generali France l’opportunité d’une approche privilégiée auprès de cibles affinitaires professionnelles du monde médical en s’appuyant sur la marque leader de La Médicale». L’assureur, qui propose déjà des contrats d’assurance aménagés pour les professions médicales, pourrait accélérer sur le segment et profiter de la spécialisation de La Médicale.
Agents généraux
Créée en 1948, La Médicale s’appuie sur un réseau de 125 agents généraux exclusifs répartis dans 45 agences. «Culturellement, la Médicale est beaucoup plus proche de Generali avec ses agents généraux que du Crédit Agricole avec ses réseaux bancaires», décrypte un bon connaisseur du milieu. L’opération «permettrait de renforcer d’un point de vue stratégique et commercial ses activités Santé, Prévoyance et Dommages, de compléter son écosystème en santéet de conforter son réseau d’agents généraux qui compte 668 agents et 765 agences nationales», détaille le communiqué. «Absorber La Médicale serait inutile car cela reviendrait à tuer l’imager de marque. L’intérêt serait de capitaliser sur le savoir-faire des agents généraux pour optimiser la distribution», commente ce même observateur.
Face à la concurrence, notamment de la MACSF sur son segment, La Médicale a aussi annoncé début 2020 un plan stratégique. «Ce plan vise à concentrer la croissance de La Médicale sur les besoins professionnels de ses clients et s’appuie sur un plan d’investissements permettant une modernisation et une digitalisation des processus et services de l’entreprise, au bénéfice de ses clients», décrit la filiale dans son rapport sur la solvabilité et la situation financière 2020. Generali pourra l’y aider car l’assureur a justement lancé le test d’une innovation dans le paiement des cotisations en début d’année. .
Détérioration du rapport sinistres sur primes
Qualifiée de «petite pépite» par certains en raison de sa clientèle qui assure des primes récurrentes, La Médicale a vécu quelques exercices chahutés. En trois ans, son rapport sinistres sur primes est passé de 79% à 93% puis 96% et deux augmentations de capital (de 60 millions d’euros en 2019 et de 40 millions d’euros en 2020) ont été effectuées. Fin 2020, son ratio de solvabilité ressort à 125% alors qu’elle a été touchée par une forte sinistralité sur ses contrats de responsabilité civile et a fait un geste commercial de 40 millions d’euros à destination de ses assurés pendant la pandémie, «notamment ceux détenteurs d’une multirisque professionnelle et ayant connu une baisse de leur activité», explique-t-elle .
La conclusion de la transaction, prévue pour mi-2022, reste soumise à l’information et à la consultation des instances représentatives du personnel et à l’obtention des autorisations des autorités réglementaires.
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