
Des frais de courtage trop bas peuvent susciter la méfiance

Les investisseurs s’en réjouissent, les banques et les sociétés de gestion un peu moins. Dans sa dernière Lettre de l’Observatoire de l’épargne, l’Autorité des marchés financier (AMF) constate que les frais sur les placements financiers ont eu tendance à baisser en 2019. Si l’AMF considère que les coûts de transaction pour les actions en direct, ou les frais de gestion pour les placements collectifs constituent «un enjeu important», pour les investisseurs, certains points de cette étude ne sont pas sans rappeler les propos de Robert Ophèle, le président de l’AMF, devant le Sénat le mercredi 10 mars. «Il faut refuser les instruments à fort effet de levier et ne pas céder à la magie du zéro commission», a-t-il déclaré devant les sénateurs, faisant notamment allusion à l’affaire GameStop aux Etats-Unis.
Frais nuls mais exécutions parfois coûteuses
Or, l’Observatoire publié le même jour revient aussi sur ce problème. Constatant que certains courtiers proposent des frais extrêmement bas, voire quasi nuls, sur des ordres de bourse, l’Autorité rappelle que «le coût d’une transaction peut découler de la marge entre le cours d’achat et le cours de vente d’une valeur ou encore des conditions dans lesquelles l’ordre est passé». Pour résumer, «même quand les frais de courtage sont nuls, l’exécution de l’ordre peut s’avérer coûteuse», note l’AMF.
Ceci étant, tous les frais de courtage ne sont pas nuls, loin de là. Pour les comptes titres, ils se montent entre 0,52 et 0,79%, selon les montants (entre 1.000 et 10.000 euros). Ils n’ont que peu évolué d’une année sur l’autre (entre 0,51% et 0,8% en 2018), mais la baisse se révèle très sensible pour les PEA. Pour ces derniers, alors que les frais étaient équivalents à ceux des comptes-titres en 2018, ils sont passés en moyenne à 0,49% des montants en 2019. C’est une conséquence directe de la loi Pacte, selon laquelle, depuis le 1er juillet 2020, le coût d’un ordre passé depuis un PEA ne peut dépasser 0,50% de son montant pour les ordres dématérialisés.
Sans surprise, les frais des ordres passés en ligne auprès des intermédiaires spécialisés se révèlent moins élevés que ceux des banques traditionnelles, oscillant entre 0,17 et 0,31% sur les comptes titres, toujours selon le montant.
Effet déflationniste des ETF
Dans le cas de la gestion collective, les frais courants de l’ensemble des OPC français ouverts au public se sont élevés, en moyenne à 1,26%, contre 1,35% en 2018, selon des données compilées par Six Financial Information. Pour les fonds d’actions (plus de 2.600 examinés), toutes catégories confondues, cette baisse est restée limitée. Ils ont affiché en 2019 des frais moyens de 1,55%, à comparer à 1,57% en 2018. Cette baisse est d’autant plus discutable qu’elle est due aux ETF et aux fonds indiciels. En 2019, les premiers ont affiché des frais annuels moyens égaux à 0,36%, et les seconds de 0,95%. Les fonds gérés activement ont, de leur côté, présenté un niveau moyen des frais sur encours (TFE), additionnant frais courants et éventuelles commissions de surperformance, de 1,68%, soit un niveau équivalent à celui de 2018.
Sur les fonds diversifiés (plus de 800 fonds), la baisse des frais apparaît plus nette, avec des frais moyens de 1,53% en 2019, contre 1,61% en 2018.
Le mouvement, observée en 2019, participe à une tendance qui dure depuis plus de dix ans, constate l’AMF dans son étude. Ainsi, sur cette période, les frais des fonds d’actions et des fonds diversifié ont baissé de 25%. Pendant la période, sur les actions françaises, par exemple, Sur une décennie, ils sont passés de 2,3% à 1,7% et sur les fonds diversifiés, de 2,1 à 1,55%.
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Londres - L’ambassadeur britannique aux Etats-Unis, Peter Mandelson, a été limogé jeudi en raison de ses liens avec le délinquant sexuel américain Jeffrey Epstein, un revers de plus pour le Premier ministre Keir Starmer avant la visite d’Etat de Donald Trump au Royaume-Uni. La pression montait depuis plusieurs jours sur Keir Starmer, qui avait nommé il y a moins d’un an cet architecte du «New Labour» de Tony Blair, pour tenter de consolider les liens entre son gouvernement et la nouvelle administration Trump. Des mails entre le vétéran du parti travailliste de 71 ans et le financier américain, mort en prison en 2019, révélés cette semaine, «montrent que la profondeur et l'étendue des relations de Peter Mandelson avec Jeffrey Epstein sont sensiblement différentes de celles connues au moment de sa nomination», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. «Compte tenu de cela, et par égard pour les victimes des crimes d’Epstein, il a été révoqué comme ambassadeur avec effet immédiat», a ajouté le Foreign Office. Dans une lettre écrite par Peter Mandelson pour les 50 ans de Jeffrey Epstein en 2003, et publiée en début de semaine par des parlementaires à Washington, le Britannique affirme que le financier américain est son «meilleur ami». Interrogé mercredi après la publication de cette lettre, le Premier ministre Keir Starmer lui avait apporté son soutien, assurant que Peter Mandelson avait «exprimé à plusieurs reprises son profond regret d’avoir été associé» à Jeffrey Epstein. Mais cette position est rapidement devenue intenable. En fin de journée mercredi, des médias britanniques, dont le tabloïd The Sun, ont rapporté que M. Mandelson avait envoyé des mails de soutien à Jeffrey Epstein alors que ce dernier était poursuivi en Floride pour trafic de mineures. Juste avant que M. Epstein ne plaide coupable pour conclure un arrangement dans cette affaire en 2008, Peter Mandelson lui aurait écrit: «Je pense énormément à toi et je me sens impuissant et furieux à propos de ce qui est arrivé», l’incitant à "(se) battre pour une libération anticipée». «Je regrette vraiment très profondément d’avoir entretenu cette relation avec lui bien plus longtemps que je n’aurais dû», avait tenté de se défendre l’ambassadeur dans un entretien diffusé mercredi sur la chaîne YouTube du Sun. Il y a affirmé n’avoir «jamais été témoin d’actes répréhensibles» ou «de preuves d’activités criminelles». «Sérieuses questions» «L’affirmation de Peter Mandelson selon laquelle la première condamnation de Jeffrey Epstein était injustifiée et devait être contestée constitue une nouvelle information», a fait valoir le Foreign Office pour expliquer la décision de le limoger. Dans une lettre au personnel de l’ambassade, citée jeudi soir par la BBC, Peter Mandelson affirme que ce poste a été le «privilège» de sa vie. «Je regrette profondément les circonstances qui entourent l’annonce faite aujourd’hui», ajoute-t-il. Les relations entre Londres et Washington sont «en très bonne posture», se félicite l’ex-ambassadeur, disant en tirer une «fierté personnelle» Pour Keir Starmer, ce départ, à une semaine de la visite d’Etat du président Donald Trump au Royaume-Uni les 17 et 18 septembre, est un nouveau coup dur. Le dirigeant travailliste, au plus bas dans les sondages, a déjà dû se séparer il y a quelques jours de sa vice-Première ministre, Angela Rayner, emportée par une affaire fiscale, ce qui a déclenché un remaniement de taille du gouvernement. Trois fois ministre et commissaire européen, Peter Mandelson était le premier responsable politique nommé ambassadeur à Washington, un poste traditionnellement réservé à des diplomates chevronnés. Cet homme de réseaux et d’influence, surnommé le «Prince des ténèbres», était déjà tombé à deux reprises par le passé en raison d’accusations de comportements répréhensibles ou compromettants. La cheffe de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch a fustigé le «manque de courage» de Keir Starmer, qui «a encore échoué à un test de son leadership». Marie HEUCLIN © Agence France-Presse -
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