
Credit Suisse mise sur un nouvel homme fort pour sortir de l’ornière

Le « nouveau Credit Suisse » promis il y a un mois par Thomas Gottstein aux investisseurs s’écrira finalement sans lui. Propulsé il y a deux ans et six mois aux commandes de la banque suisse en vue de la redresser après de multiples scandales, le directeur général a annoncé dans un communiqué diffusé ce mercredi 27 juillet qu’il était « temps pour lui de se mettre en retrait ». S’il évoque officiellement des « raisons personnelles et de santé », des sources proches de la banque ont rapporté au Wall Street Journal que le conseil d’administration commençait à s’impatienter face à la lenteur de la restructuration engagée en 2020.
L’opération de la dernière chance du 29 juin dernier, lors de la journée « deep dive investors », n’a pas non plus réussi à convaincre les investisseurs. Depuis qu’a éclaté la pandémie de Covid-19, Thomas Gottstein n’a pourtant pas ménagé ses efforts pour mettre le passé de côté, alors que la banque suisse a fait les frais de l’implosion des fonds Archegos et Greensill. Ces affaires lui ont non seulement coûté cher, mais ont également remis en question sa gestion des risques et sa stratégie de développement.
Place donc au recentrage. Credit Suisse, dont les comptes sont à nouveau dans le rouge au deuxième trimestre avec une perte nette de 1,59 milliard de francs suisses, a présenté une nouvelle feuille de route consistant à remettre la gestion de fortune au cœur de son activité. Pour mener à bien cette « revue stratégique », le conseil nomme à la tête de la banque l’ex-patron de la gestion d’actifs, Ulrich Körner.
Alors qu’il avait annoncé vouloir redéployer trois milliards de dollars dans la gestion de fortune d’ici à 2024, Credit Suisse sera en avance de deux ans sur cet objectif, s’est-il félicité. Il compte aller plus loin en « renforçant son leadership en Suisse, dans la région EMEA, dans une partie du continent américain et dans la région Asie-Pacifique ».
Réduire la base de coûts
Le groupe compte, par ailleurs, frapper plus fort et plus vite pour réduire ses coûts et se rendre « plus agile ». Sous la houlette de Thomas Gottstein, Credit Suisse avait présenté un programme d’économies à l’automne dernier qui prévoyait de réaliser 1 à 1,5 milliard de francs suisses d’économies «structurelles» chaque année d’ici à 2024.
« En raison des défis posés par l’environnement macroéconomique et de marché », la banque suisse vise désormais à réduire sa base de coûts annuels à 15,5 milliards de francs suisses « à moyen terme », contre 19 milliards en 2021. Elle compte y parvenir en misant sur la technologie, tout en continuant à « améliorer sa gestion des risques et sa culture du risque. » Ce programme de transformation numérique « comprend des mesures telles que la simplification des processus ‘front to back’, la réduction du traitement manuel des données et des doublons, ainsi que l’utilisation accrue d’une infrastructure évolutive basée sur le cloud », détaille-t-elle.
Stratégie similaire à celle d’UBS
Credit Suisse veut également accélérer la transformation de sa banque d’investissement. Son but : en faire « une activité bancaire à faible capital, axée sur le conseil et plus ciblée sur l’activité de marché afin de compléter la croissance de la gestion de fortune et des activités de banque commerciale en Suisse. » La banque évaluera notamment « les options stratégiques pour l’activité des produits titrisés afin de saisir les opportunités de croissance inexploitées ».
Un retour aux fondamentaux qui rappelle le virage pris par sa rivale UBS en 2012 lorsque cette dernière a choisi de réduire la voilure sur le trading pour miser sur la gestion de fortune, pointent les analystes de Citigroup dans une note aux investisseurs. Le président Axel Lehmann tout comme le nouveau directeur général Ulrich Körner ont d’ailleurs officié pendant plus d’une décennie chez UBS. Sa nomination pourrait « entraîner un autre départ au sein de la banque d’investissement », estiment encore les analystes. Credit Suisse semble organiser la relève en nommant David Miller et Michael Ebert comme co-responsables de la banque d’investissement, tandis que Christian Meissner « supervisera la revue stratégique ». Avant un très probable passage de relais.
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