
Credit Suisse dévoile sa restructuration tant attendue

C’est le grand jour. Après des semaines, voire des mois, de spéculations à tout va qui ont alimenté la volatilité de l’action, Credit Suisse annonce enfin son grand plan stratégique.
L’objectif affiché des dirigeants est de transformer l’entreprise en une «banque plus simple, plus concentrée et plus stable, construite autour des besoins des clients». Dans le détail, le plan prévoit surtout, comme prévu, une refonte complète de l’activité de banque d’investissement de Credit Suisse et des mesures pour améliorer la situation financière.
Dans ce cadre, le groupe annonce son intention de lancer deux augmentations de capital afin de lever un total de 4 milliards de francs suisses (autant d’euros). La première sera réservée à des investisseurs qualifiés, dont la banque nationale saoudienne (SNB) qui s’est engagée à souscrire à hauteur de 1,5 milliard de francs suisses maximum afin d’obtenir jusqu’à 9,9% du capital de la banque. Ce projet, qui vise une levée de fonds de 1,85 milliard de francs au total, doit encore obtenir l’aval de l’assemblée générale qui sera organisée le 23 novembre. L’opération sera réalisée à un prix décoté de 6% par rapport au cours moyen enregistré par l’action sur les séances des 27 et 28 octobre.
32% de décote
Une deuxième augmentation de capital, plus classique, sera réalisée auprès des actionnaires actuels de Credit Suisse. Elle n’est pas sujette à l’accord de l’AG et devrait s’élever à 2,15 milliards de francs suisses mais pourrait être portée à 4 milliards si l’opération auprès des investisseurs qualifiés ne peut finalement pas être lancée (en cas de rejet lors de l’AG par exemple). La levée de fonds avec droits préférentiels de souscription (DPS) s’effectuera avec une décote d’environ 32% sur le cours ex-DPS.
Parallèlement à cette augmentation de capital massive, Credit Suisse annonce la cession d’une grande partie de son activité de produits titrisés à un groupe de fonds d’investissement mené par Apollo Global Management et Pimco.
La nouvelle banque d’investissement sera composée essentiellement des activités de marché, qui continueront de servir une clientèle institutionnelle mais seront «étroitement alignées» sur les activités de gestion de fortune et de banque suisse, a indiqué Credit Suisse.
Le retour de CS First Boston
Elle comprendra également les activités de conseil et de marchés de capitaux, regroupées au sein d’une nouvelle division baptisée CS First Boston, ainsi qu’une nouvelle branche réunissant les activités non stratégiques et le solde de l’activité de produits titrisés du groupe.
Credit Suisse «envisage d’attirer des capitaux extérieurs» pour la division CS First Boston, qui sera dirigée à compter de 2023 par Michael Klein. Dans un premier, ce dernier quittera son poste d’administrateur de Credit Suisse pour devenir conseiller du directeur général, Ulrich Körner. Une fois les autorisations réglementaires obtenues, il sera nommé directeur général de CS First Boston, un nom reprenant celui de la banque d’investissement américaine reprise par le groupe en 1988. Credit Suisse avait abandonné la marque First Boston en 2006.
Enfin, les dirigeants de la banque suisse lancent un plan d'économies visant à réduire la base coûts de 15% d’ici 2025, soit une diminution de l’ordre de 2,5 milliards de francs suisses sur la période. Dès 2023, le groupe devrait réaliser des économies de 1,2 milliards de francs, a précisé la banque.
Baisse des effectifs
Ces économies seront notamment réalisées en réduisant les effectifs de la banque, qui devraient être ramenés à environ 43.000 équivalents temps plein d’ici à 2025, contre 52.000 au 30 septembre, selon Credit Suisse. Un plan de départ touchant 2.700 personnes, soit 5% des effectifs de Credit Suisse, est déjà en cours, a ajouté la banque.
Credit Suisse estime que les coûts liés à son plan de transformation atteindront 2,9 milliards de francs suisses sur une période allant du quatrième trimestre 2022 à 2024.
Toutes ces annonces ont été faites alors que le groupe a révélé des comptes dégradés au titre de son troisième trimestre, enregistrant notamment une perte nette de 4 milliards de francs suisses.
En Bourse, l’action Credit Suisse plongeait de 12%, à 4,2 francs suisses, jeudi en milieu de journée, pénalisée par l’importante dilution que suppose l’augmentation de capital annoncée.
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Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse