
Comment les institutionnels manient les couvertures

Il n’y avait nulle part où se cacher dans les marchés financiers en 2022. Sauf peut-être sous une couverture. Pour les assureurs, la couverture contre la hausse des taux est un classique pour se prémunir contre des rachats massifs en assurance-vie. Dans un environnement de taux durablement bas, son intérêt principal a été pendant des années de lisser le résultat et de protéger la solvabilité. Mais depuis le début de l’année 2022, ces produits ont enfin pu faire gagner de l’argent à leurs utilisateurs. L’inflation, autre risque réapparu récemment, nécessite aussi des’interroger. Eric Dubos, directeur financier du groupe MACSF, n’est pas un grand consommateur de couvertures mais partage quelques recettes: «ll y a les obligations indexées sur l’inflation, qui pèsent un peu plus de 5% chez nous. Nous utilisons également des produits de pente et nous avons fait quelques produits Spire, une enveloppe de type obligataire dans laquelle on peut par exemple mettre un swap (de taux, de change, d’inflation) et une obligation corporate financière ou non. Ce système protège de l’inflation avec un spread plus important que l’OAT.» Il estime qu’en ajoutant les obligations à taux variable, 12% de son portefeuille est indexé sur les taux. Il préfère cependant sélectionner des papiers à duration courte rapidement réinvestissables plutôt que de se couvrir. Volatilité des marchés actions Depuis janvier, les marchés actions se sont montrés fébriles. La couverture sur ce marché peut jouer plusieurs rôles. Pour la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf), le dispositif est fourni par Amundi pour les actions européennes et américaines depuis 2015. A la fin de l’exercice 2021, 46% du portefeuille de 8 milliards d’euros de la Caisse était investi en actions pour maximiser les réserves, en déficit technique. «Nous avons un overlay sur des fonds de fonds qui apporte une couverture assez classique contre les risques systémiques avec achat de puts et vente de calls, explique Arnaud Amberny, responsable de la gestion déléguée actions de la caisse de retraite (lire aussi l’interview). Sur la période 2016-2021, cela ne nous a rien coûté pour les actions européennes. En avril 2020, nous avons levé cette couverture et encaissé la prime. En 2022, la couverture reste efficace mais moins qu’en 2020. Ses effets ont été atténués à cause de la rotation sectorielle très importante car nous avions embarqué un biais croissance.» Le produit contribue toutefois à protéger les réserves du régime. Chez les assureurs mutualistes, Mutex préserve aussi son portefeuille d’actions. Romain Fitoussi, son directeur investissements et ALM, couvre, à l’aide d’une mécanique optionnelle systématique, les deux tiers de son exposition actions: le coût en Solvabilité 2 passe alors de 39% à 20%. «La baisse des marchés actions depuis le début de l’année a affecté notre portefeuille actions mais la revalorisation de la couverture a permis d’atténuer ce choc. Le programme de cette couverture est revu tous les ans entre ingénieurs financiers et gérants, et nous allons la modifier en diminuant le nombre de points d’entrée dans l’année pour que sa performance puisse être encore plus facilement lisible dans le temps», détaille-t-il. Il recommande d’estimer différents profils de couverture et de privilégier des schémas simples afin de bien appréhender la performance de la couverture sur la durée. L’environnement économique actuel n’épargne pas non plus les devises. Frédéric Petiniot, directeur général du cabinet de conseil en investissement Amadeis, constate une demande récente de ce côté: «Il nous arrive d’établir des couvertures sur le dollar pour nos clients institutionnels. Ils peuvent mettre en place des ‘futures’ seuls, ce qui reste complexe ; sinon nous leur proposons des parts de fonds ‘hedgées’ contre le risque de change.»
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