Christian Noyer plaide contre un «bail in» des gros déposants en Grèce

Le banquier central préfère une recapitalisation du secteur bancaire grec dès août. Faire payer les déposants mettrait à terre les PME du pays.
Alexandre Garabedian

La recapitalisation des banques grecques sera l’un des gros chantiers de l’été en Europe. Alors qu’Athènes a voté le 22 juillet un texte transposant la directive européenne BRRD en droit grec le 1er janvier 2016, pour mettre à contribution actionnaires et créanciers des banques, les membres du conseil des gouverneurs de la BCE ont leur idée sur la marche à suivre. La directive permet d’essorer actionnaires et créanciers à hauteur de 8% du passif des banques pour éviter la faillite, avant de toucher aux dépôts.

Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, s’est dit le 24 juillet dans un entretien au Monde «contre l’idée de solliciter les gros déposants grecs car ce sont aujourd’hui en majorité des PME. Cela reviendrait à détruire l’outil productif du pays». «Ma position est largement partagée au sein du conseil des gouverneurs», a-t-il ajouté, en disant espérer «qu’une telle clarification favorise le retour de la confiance et fasse revenir une grande partie des 90 milliards d’euros sortis de Grèce depuis 2010». Une ponction partielle (bail in) avait été appliquée à Chypre lors de la crise bancaire de 2013 sur les dépôts supérieurs à 100.000 euros, mais leurs titulaires étaient surtout étrangers, notamment russes. Christian Noyer estime que la question du bail in des créanciers et déposants de banques est «l’un des aspects à clarifier au plus vite, si possible au cours de l’été».

Le banquier central a aussi jugé nécessaire une première injection de capital dès le mois prochain, après la signature «attendue le 11 août» d’un protocole d’accord entre Athènes et ses créanciers sur un troisième plan d’aide. La BCE mènera par ailleurs des tests pour chiffrer le besoin final du secteur «en fin d’année», indique Christian Noyer. Le traitement des actifs d’impôt différé (DTA), en particulier, jouera un rôle crucial. A 13,5 milliards, les DTA représentent la moitié des fonds propres durs CET1 des quatre grandes banques grecques, calcule RBS. Les disqualifier accroîtrait d’autant le besoin de recapitalisation.

Actions et titres de dette représentent 12% du passif d’Alpha Bank, mais 9% chez Piraeus et seulement 7% chez Eurobank, selon une étude d’UBS. La dette subordonnée des quatre grandes banques grecques représente 2,1 milliards d’euros, selon RBS, et semble condamnée à être effacée à 100%. Le gros des obligations seniors est garanti par l’Etat grec, la part non garantie ne pesant que 3,2 milliards.

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