«Ce virus, c’est un événement extérieur qui nous a mis sur pause»

Pour ce dernier volet de notre série «Ma vie d’instit confiné", Constance de Poncins, déléguée générale d’Agipi, se confie sur son adaptation à la vie en confinement et la préparation du déconfinement.
Réjane Reibaud
constance-de-poncins-agipi.jpg
 -  GUILLOUX Jean-Claude

Comment vous êtes vous adaptée au télétravail? Nous nous sommes mis tous en télétravail juste avant le confinement, le lundi 15 mars matin. Nous sommes habitués à travailler à distance car nous travaillons en partenariat avec des équipes réparties en plusieurs lieux différents. Par exemple, le centre de gestion des contrats AGIPI se situe à Strasbourg, une partie de l’association à Paris… Nous étions déjà tous équipés de PC portables à l’association, mais il est vrai que c’est la première fois que nous nous y sommes mis tous en même temps d’un coup! Nous avons essayé dès le départ d’éviter les embouteillages de mails en mettant tous nos documents en partage. Et pour garder le lien, nous avons mis en place un café virtuel tous les matins à 9h30 avant de nous apercevoir que ce créneau horaire était saturé! Du coup, le café pour nous c’est à 9h15! Côté opérationnel, nous avons maintenu notre Codir avec le président chaque semaine. Et on est plus relaxes sur les horaires de travail car bien sûr il a fallu s’adapter au fait que, pour certains, les enfants sont à la maison et qu’il faut les aider pour les cours. Nous avons établi des règles claires pour tous, y compris pour moi qui a aussi 2 enfants à la maison, et cela fonctionne bien. On entend parfois les enfants des collaborateurs au téléphone et je trouve cela très sympathique. Mon plus jeune est en 6e et je dirais qu’un des effets collatéraux de ce télétravail en famille c’est qu’il prend conscience de la nature de mon travail et me pose souvent des questions dessus. Cela devient plus concret pour lui. Que faites-vous que vous n’avez jamais le temps de fairehabituellement ? Je trouve que ce télétravail nous met davantage en mode «écoute». On ne voit plus les gens, il n’y a que la voix! Il y a donc tout un travail de fond à faire pour s’assurer que tout se passe bien, que la personne a bien compris. Il y a plus de partages aussi. On a plus de temps pour penser à tous ceux qui sont seuls. Quand on a la tête dans le guidon c’est plus difficile de prendre le temps d’appeler sa famille ou ses amis. Je prends également plus de temps pour aller sur les réseaux sociaux ou écouter des podcasts, lire des articles de fond que je survolais avant. A titre personnel, j’étais toujours dans la prospective et l’organisation de beaucoup de choses bien à l’avance que ce soit pour des réunions, des projets ou des vacances. Aujourd’hui je vis plus dans le temps présent. Je ne peux pas faire de projections solides puisqu’il y a beaucoup d’incertitudes. J’ai aussi rapatrié ma mère de 87 ans à la maison car il était inconcevable pour moi qu’elle vive seule dans ces conditions de confinement. Je suis très heureuse d’avoir fait cela, c’est une situation inédite qui ne serait pas venue en autre temps.. Ce virus, c’est un événement extérieur qui nous a mis sur «pause». Enfin, sur le plan professionnel, le ralentissement de certaines activités, la mise en stand-by de plusieurs projets, nous a permis de nous concentrer sur d’autres sujets chez Agipi. Nous sommes plus à l’écoute de nos adhérents. Nous leur envoyons de l’information plus régulièrement, on s’est lancé dans des podcasts d’éducation financière, nous avons créé le fonds de AGIPI Solidarité Covid 19 et lancé la chaîne de solidarité «Un mot pour nos héros» à destination de nos soignants!.. Nous avons lancé un fonds de solidarité doté de 25 millions d’euros. Comment vous préparez-vous au déconfinement la semaine prochaine? Nous allons rester en télétravail encore quelques temps c’est sûr. Et puis continuer à renforcer nos liens avec nos adhérents. Nous sommes spécialisés dans la protection sociale des entrepreneurs et des indépendants, une catégorie professionnelle qui a été touchée de plein fouet par la crise. Certains sont en situation très délicate. Avant même les derniers événements, certains s’étaient lourdement endettés grâce aux taux bas pour lancer leur activité et n’ont jamais trop épargné, à part peut-être pour leur retraite. Nous avons lancé un fonds de solidarité doté de 25 millions d’euros. Pour la suite, nous allons réfléchir sur l’évolution de garantie en lien avec une pandémie car cela a été une grosse déception pour les Français de voir qu’ils n’étaient pas garantis, réfléchir à de nouveaux supports financiers pour aider ce mouvement, accompagner toujours plus les entrepreneurs. Il nous faudra aussi adapter notre communication pour expliquer sans faire peur, qu’un nouveau monde se profile, un monde où le Covid-19 sera là, et où d’autres virus peuvent arriver. J’attache beaucoup d’importance à la façon d’expliquer les choses, en particulier en ce moment pour ne pas être anxiogène. Les gérants ont souvent l’habitude, par exemple, de dire que les marchés ont souffert, c’est faux. Les marchés ont baissé, mais ils n’ont pas souffert, ce ne sont pas des personnes !

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles Prévoyance

Contenu de nos partenaires

Les plus lus de
A lire sur ...