CCR Re attend sereinement son augmentation de capital

La filiale privée du réassureur public, qui passera cette année dans le giron de SMABTP et MACSF, a dégagé un bénéfice de 42 millions d’euros en 2022.

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Jacques Le Pape, président de CCR  - 

CCR Re traverse les crises. La filiale de réassurance de marché du groupe public CCR, qui a enregistré en 2022 un chiffre d’affaires en hausse de 17% sur un an à 987 millions d’euros, tire son épingle du jeu. Alors que la majorité de ses concurrents enregistre des baisses de résultats, CCR Re a dégagé un bénéfice net de 42 millions d’euros au titre de l’année 2022, soit un million de plus que l’année 2021.

«Nous avons navigué dans le même contexte mais avec une sensibilité différente aux effets du dérèglement climatique. Les spécificités de notre pool de souscription, et notre politique de souscription particulièrement conservatrice, ont fait que nous n’avons pas été touchés par les grosses catastrophes naturelles de 2022 comme l’ouragan Ian, la sécheresse au Brésil ou les inondations en Australie», explique Bertrand Labilloy, président-directeur général de CCR Re. La charge des catastrophes naturelles en 2022, de 62 millions d’euros bruts et 35 millions nets de rétrocession, diminue par rapport à 2021 et ses 79 millions bruts et 43 millions nets.

Transaction vers la mi-année

La filiale, qui doit passer dans le giron de SMABTP et MASCF au cours de l’année dans une opération la valorisant près d’un milliard d’euros, voit tout de même son ratio combiné progresser de 2 points à 98,7% sous l’effet des événements humains. En vie, qui représente 33,8% de son activité, la marge augmente de 0,5 point à 3,6%. «La sur-inflation sur le coût des sinistres a été évaluée prudemment, entraînant un impact de +564 points de base sur le ratio combiné non-vie et de -123 points de base sur le taux de marge vie», précise le groupe. Fort d’un ratio de solvabilité en hausse à 205%, CCR Re proposera un dividende de 16,8 millions d’euros au titre de l’année 2022.

«Il n’y a pas de surprise dans les résultats de CCR Re, ce qui conforte le chemin d’ouverture du capital», a commenté Jacques Le Pape, président de CCR, qui précise que «la transaction en cours devrait être réalisée à la mi-année et apportera des moyens financiers supplémentaires». Outre l’acquisition de 70% du capital de CCR Re, SMABTP et MACSF doivent mener une augmentation de capital de 200 millions d’euros pour permettre à la filiale d’avoir les moyens de ses ambitions. Son plan stratégique à horizon 2025 vise un niveau d’activité de 2 milliards d’euros et une rentabilité des capitaux de 8% à 10%.

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Baisse des réserves de la réassurance publique

Au contraire, la réassurance publique, dont le chiffre d’affaires a atteint 1,08 milliard d’euros à 93,3% pour le régime des catastrophes naturelles, a vécu une année compliquée. «CCR a fait face en 2022 à l’effet de l’inflation et de la sécheresse la plus coûteuse jamais enregistrée», résume Jacques Le Pape. Alors que la sécheresse coûtera 2,9 milliards au secteur au titre de l’année 2022, la CCR en assumera 1,8 milliard au total, contre 323 millions d’euros en 2021. Pour faire face à cet événement, la CCR, qui affiche un résultat divisé par deux en un an à 67 millions, a puisé plus d’un million dans ses réserves.

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«CCR a fait son travail. La Caisse est là pour, année après année, accumuler les réserves et permettre d’indemniser les Français», commente Jacques Le Pape. Mais avec la multiplication des mauvaises années, la situation se détériore. En 2023, la CCR pourra faire face à une sinistralité de 2 milliards d’euros à sa charge, soit 3,8 milliards d’euros pour l’ensemble du marché, contre respectivement 3 milliards de capacité et 4,9 milliards d’euros en 2022.

Le sujet est désormais discuté par les assureurs mais aussi les pouvoirs publics. De multiples propositions émergent pour adapter le financement du régime à la hausse de la fréquence et à l’intensité de la sinistralité. «C’est une bonne chose qu’il y ait un débat sur le sujet», continue Jacques Le Pape, qui prévient : «Le conseil d’administration a constaté que les réserves ne sont plus nécessairement suffisantes pour couvrir à la fois l’amélioration de l’indemnisation décidée en 2022 et les effets du dérèglement climatique sur la sinistralité. La question des moyens du régime et du niveau de surprime, aujourd’hui à 12%, se pose donc dès cette année

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