
BNP Paribas veut réduire de 30% ses effectifs dans le crédit à la consommation en France

BNP Paribas veut aller vite pourrestructurer sa filiale de crédit à la consommation chahutée par la remontée des taux. La banque française, qui a publié mardi 7 février, avant marchés, un bénéfice net record de plus de 10 milliards d’euros en 2022, a présenté dès l’après-midi un plan de départs volontaires aux partenaires sociaux de Personal Finance. Selon plusieurs sources syndicales interrogées par L’Agefi, la direction prévoit de supprimer 921 postes dans sa filiale en France d’ici à la mi 2024, tandis que 56 créations de postes auront lieu en parallèle sur la période.
Les suppressions de postes concerneront essentiellement les fonctions supports, notamment l’informatique et les ressources humaines, au siège de Personal Finance à Levallois Perret en région parisienne. BNP Paribas, qui n’a pas encore précisé les mesures d’accompagnement à la mobilité des salariés concernés par ce plan, mise également sur les départs naturels sur la période. Selon une source syndicale, la banque anticipait déjà dans son plan stratégique 500 départs dans sa filiale d’ici à 2025 du fait de ce turn over naturel, ce qui ramènerait les effectifs totaux de BNP Paribas Personal Finance en France de 5000 aujourd’hui à près de 3500 salariés. Le spécialiste du crédit à la consommation aura ainsi réduit sa masse salariale de près de 30% sur la période.
Une trajectoire de rentabilité «moins ambitieuse»
Tailler dans les coûts fixes apparaît comme un levier d’efficacité opérationnelle, alors que le nouveau régime de taux bouscule l’activité de crédit à la consommation depuis l’été dernier. Le mécanisme du taux d’usure en vigueur en France – le taux plafond auquel les banques peuvent prêter - a notamment empêché les acteurs spécialisés d’ajuster leurs prix rapidement, réduisant fortement les marges sur ces produits. La demande a, quant à elle, commencé à montrer des signes de dégradation. L’Association des sociétés financières (ASF) rapportait récemment dans son baromètre annuel les « premiers impayés » constatés par ses adhérents. Le coût du risque de BNP Paribas Personal Finance s’est élevé à 120 points de base en 2022.
Interrogé par L’Agefi lors de la présentation des résultats annuels, le directeur général de BNP Paribas Jean-Laurent Bonnafé a reconnu que cette activité connaissait « des difficultés en matière de repricing face à la remontée des taux ». « Personal Finance a noué de nouveaux partenariats dans le crédit automobile : avec Jaguar Land Rover, il est déjà effectif, tandis que le partenariat avec Stellantis sera en place en avril prochain. Cela apporte 10 milliards d’euros d’encours de crédit supplémentaires. Nous allons améliorer la rentabilité des capitaux propres, même si la trajectoire sera moins ambitieuse compte tenu des taux », a-t-il mis en avant. Et de souligner : « Personal Finance vit des cycles. C’est un métier qui s’adapte et qui a un grand avenir au sein du groupe. »
Cession d’activités hors Europe
Le tableau brossé aux partenaires sociaux mardi après-midi a en revanche été moins glorieux. Selon une source syndicale, BNP Paribas Personal Finance anticipe une rentabilité des capitaux propres (RONE) négative en 2023 en France si ce plan d’adaptation n’est pas mis en oeuvre. La maison-mère entend bien remettre à flot sa filiale en bouclant les négociations sur le plan en mai pour une première vague de départs dès le mois d’octobre.
A l’image d’autres acteurs du secteur en difficulté comme Oney Bank, la filiale de BPCE et Auchan, BNP Paribas Personal Finance va également opérer un recentrage géographique. « Nous allons céder des activités en dehors de l’Europe et les redéployer sur le continent pour nous recentrer sur la zone euro », a précisé Jean-Laurent Bonnafé. Selon nos informations, le groupe compte fermer ses activités de crédit conso en Afrique du sud, au Mexique, au Brésil, en Bulgarie et en Hongrie. Il devrait aussi abandonner en France certains segments comme l’expertise automobile et le regroupement de crédits. La fintech Floa, spécialiste du paiement fractionné, qui n’est pas logée dans le giron de Personal Finance, n’est a priori pas concernée par ce plan.
Plus d'articles Banque & Assurance
-
L’Etat italien cherche à sauver l’assureur Eurovita
L’injection de capital de son actionnaire Cinven n’a pas suffi à sortir l’assureur vie italien de ses difficultés. Sa solvabilité s’est écroulée, ses clients ne peuvent plus retirer leur épargne et la compagnie est placée sous administration de l’Etat. -
Le financement des créances commerciales a le vent en poupe
Une enquête du groupe Demica montre que les banques misent sur ce marché dans les cinq continents. -
BNP Paribas amorce son programme de rachat d’actions de 5 milliards d'euros
La première tranche, exécutée sur un maximum de quatre mois, débutera le 3 avril pour 2,5 milliards d’euros.
Contenu de nos partenaires
- La Société Générale présente sa nouvelle direction autour de Slawomir Krupa
- Credit Suisse entraîne le secteur bancaire européen dans sa chute
- UBS rachète Credit Suisse pour éviter la contagion
- Fraude fiscale : BNP Paribas, la Société Générale et Natixis perquisitionnées
- Les actions chutent avec les banques américaines
- L’électrochoc SVB met la finance sous tension
- Credit Suisse, trois ans de descente aux enfers
- Les gérants prennent la mesure de la persistance de l’inflation
- Silicon Valley Bank : la chute éclair de la banque des start-up
-
Consommation
La grande distribution tisse sa toile en Afrique
Les hypermarchés, supermarchés et magasins «cash & carry» gagnent du terrain sur le continent face à la distribution traditionnelle. Dopées par l'essor de la classe moyenne, les dépenses de consommation sont en constante progression -
Campagne permanente
La dissolution, ce scénario auquel le RN se prépare
Le parti investit des candidats à tour de bras au cas où des élections législatives avaient lieu -
Le Juste Prix
Ukraine: les Européens se chamaillent sur le vrai prix des armes
Plusieurs pays demandent à l’Europe de rembourser le prix d’achat neuf des armes qu’ils envoient à l’Ukraine… mais quand elles datent de l’ère soviétique, ça pique