
BNP Paribas durcit son plan d’économies dans la BFI

BNP Paribas a revu en baisse mercredi ses prévisions de revenus à moyen terme et a annoncé des économies supplémentaires dans sa banque d’investissement, durement touchée par les turbulences financières de la fin 2018.
La banque ne vise plus qu’une croissance moyenne de 1,5% par an de son produit net bancaire entre 2016 et 2020, au lieu de 2,5% anticipé initialement. Pour préserver ses objectifs de rentabilité, BNP Paribas souhaite porter ses économies récurrentes à 3,3 milliards d’euros à compter de 2020, au lieu des 2,7 milliards d’euros envisagés initialement.
Parmi les réorganisations ébauchées dans la banque de financement et d’investissement (CIB), BNP Paribas envisage de restructurer ou de fermer des activités dans certains pays, notamment en regroupant des activités d’octroi de crédits et de titrisation de ces créances. Le groupe a déjà annoncé l’arrêt de sa filiale de trading pour compte propre Opera Trading Capital et prévoit de cesser ses opérations de dérivés sur matières premières aux Etats-Unis. Des cessions de participations ou d’activités non stratégiques sont également à l'étude.
Sur les 600 millions d’euros de réductions de coûts supplémentaires prévues à l’horizon 2020, 350 millions d’euros doivent être réalisées dans la banque d’investissement. Aucun plan de départ volontaire ni de licenciement n’est toutefois prévu à ce stade, cette restructuration devant se traduire par des mobilités internes et par un non remplacement de certains départs.
Au quatrième trimestre, les revenus de la banque d’investissement et de financement se sont repliés de 9,4% dans l’ensemble, mais la baisse a été nettement plus marquée pour les activités de marché face au repli de marchés d’actions particulièrement volatils et compte tenu de la décision de nombreux investisseurs de rester inactifs en fin d’année. Le pôle Global Markets a ainsi vu ses revenus chuter de 40% à 650 millions d’euros (la baisse a atteint 70% sur les marchés actions et 15% sur les marchés de taux, de devises et de matières premières). Fait exceptionnel depuis la crise de 2008, le pôle Global Markets a essuyé une perte avant impôts de 225 millions d’euros sur le trimestre.
L’objectif de rendement des fonds propres légèrement abaissé
Cet ajustement du plan stratégique reflète un « environnement contrasté » marqué par une « croissance économique toujours favorable mais qui devrait décélérer, un environnement de taux bas en Europe qui ne devrait s’améliorer que progressivement et une évolution incertaine des parités de change », a indiqué BNP Paribas dans un communiqué.
Au quatrième trimestre, le résultat net du groupe bancaire a tout de même augmenté de 1,1%, à 1,44 milliard d’euros, une baisse de son taux d’imposition après les provisions passées au cours des trimestres précédents permettant à la banque de compenser la dévalorisation de certains actifs (participation résiduelle dans la First Hawaiian Bank) dans un contexte de marché difficile.
Le résultat d’exploitation trimestriel s’inscrit pour sa part en baisse de 18% à 1,59 milliard d’euros, pénalisé par une légère hausse des frais de gestion et par 97 millions d’euros de charges exceptionnelles. Dans les pôles opérationnels, le résultat d’exploitation du trimestre affiche une baisse de 11%.
Le produit net bancaire (PNB) a reculé de 3,5% au quatrième trimestre, à 10,16 milliards d’euros, dans un contexte de taux d’intérêt faibles en Europe. Les revenus de la fin 2017 avaient par ailleurs bénéficié d'éléments exceptionnels liés à la revalorisation de la dette du groupe.
Les analystes prévoyaient en moyenne un résultat net de 1,37 milliard d’euros au quatrième trimestre et un PNB de 10,30 milliards d’euros, selon FactSet.
Sur l’ensemble de l’année 2018, le résultat net s’affiche en baisse de 3% à 7,53 milliards d’euros et le produit net bancaire en recul de 1,5% à 42,52 milliards d’euros. Le groupe a décidé de maintenir son dividende annuel inchangé à 3,02 euros par action malgré ce léger repli. La rentabilité des fonds propres a par ailleurs atteint 8,2% en 2018 (8,8% hors éléments exceptionnels) et le ratio de fonds propres CET1 s’améliore de 0,2 point sur un an, à 11,8%.
Cette réduction de la voilure envisagée dans certaines activités a pour objectif de préserver la rentabilité du groupe, qui vise un rendement de fonds propres de 9,5% en 2020, proche de l’objectif initial de 10%. En matière de solvabilité, l’objectif de ratio CET1 reste à 12% et la banque estime même pouvoir se situer légèrement au-dessus en 2020.
Après quelques minutes de cotation, le cours de l’action BNP Paribas cède 1,46% à 40,53 euros.
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Venise - Au terme d’une édition à la fois glamour et très politique, la 82e Mostra de Venise décerne samedi son Lion d’or, qui pourrait aller au film-événement «The Voice of Hind Rajab» sur Gaza. Ovationné pendant 23 minutes, ce long-métrage, qui a bouleversé les festivaliers, fait figure de favori pour succéder à «La chambre d'à côté» de Pedro Almodovar. Mais nul ne sait ce que va décider le jury présidé par le réalisateur américain Alexander Payne, ni comment il va départager les 21 films en compétition. La réalisatrice de «The Voice of Hind Rajab», Kaouther Ben Hania, s’est appuyée sur les véritables enregistrements des appels au secours de la fillette de cinq ans qui avaient suscité une vive émotion au moment de leur révélation. Hind Rajab a été retrouvée morte à l’intérieur d’une voiture criblée de balles dans la ville de Gaza, plusieurs jours après avoir passé des heures au téléphone, le 29 janvier 2024, avec le Croissant-Rouge palestinien. Le véhicule dans lequel elle voyageait avec six membres de sa famille avait été visé par des soldats israéliens. Avant même d'être projeté, le film était annoncé comme susceptible d’avoir «un fort impact sur le public», selon le directeur de la Mostra, Alberto Barbera. Malgré une programmation faisant la part belle aux stars sur le tapis rouge, la guerre dans la bande de Gaza s’est largement imposée au cours de cette Mostra. MMA et shakers La 82e édition s’est ouverte sur l’appel d’un collectif fondé par dix cinéastes italiens, Venice4Palestine, à condamner la guerre déclenchée après l’attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. L’objectif «était de mettre Gaza et la Palestine au centre de l’attention», selon Fabiomassimo Lozzi, l’un des fondateurs du collectif, interrogé par l’AFP. Ont suivi un défilé de plusieurs milliers de manifestants il y a une semaine dans les rues du Lido et le soutien d’artistes portant pin’s et pancartes sur le tapis rouge ou devant les journalistes. Un autre film, «Le mage du Kremlin» avec Jude Law dans la peau de Vladimir Poutine, a fait écho à l’actualité géopolitique. Le festival a aussi proposé des films prenant le pouls de l'époque («Bugonia» de Yorgos Lanthimos, sur le complotisme) ou de genre («Frankenstein» de Guillermo del Toro). Les stars, en particulier américaines, ont répondu à l’appel. Souvent considérée comme une rampe de lancement pour les Oscars, la Mostra offre en effet une large place au cinéma hollywoodien et aux plateformes de streaming, contrairement à son concurrent cannois. C’est un habitué, George Clooney, qui a ouvert le bal, suivi par Emma Stone ou Julia Roberts, dont c'était la première Mostra. Mais ce sont des outsiders qui ont le plus retenu l’attention comme Dwayne Johnson alias The Rock, qui a fait chavirer le public en combattant de MMA en proie à ses démons dans «The Smashing Machine». Son interprétation pourrait être saluée par le jury, tout comme celle d’Amanda Seyfried en leader du mouvement religieux des shakers au 18e siècle dans «Le Testament d’Ann Lee» ou celle du Français Benjamin Voisin dans «L’Etranger», adapté d’Albert Camus. L’Asie a également été à l’honneur, du Sud-Coréen Park Chan-wook qui, pour son retour après 20 ans d’absence à Venise a séduit avec «No Other Choice», à la star taïwanaise Shu Qi dont c'étaient les débuts en tant que réalisatrice avec «Girl». Après le palmarès, le festival doit refermer ses portes avec la superproduction française «Chien 51", un thriller dans un Paris futuriste et anxiogène, où le maintien de l’ordre a été sous-traité à l’intelligence artificielle. Aurélie MAYEMBO © Agence France-Presse