
Barclays va se restructurer davantage en Europe et en BFI
John MacFarlane annonce la couleur. «Nous pouvons faire beaucoup plus pour offrir de meilleurs rendements à nos actionnaires», a déclaré hier le président de Barclays, en présentant des comptes semestriels en hausse. Contrairement aux attentes des analystes, la banque britannique n’augmentera pas son dividende cette année, mais elle souhaite accélérer sa restructuration pour doubler son cours de Bourse d’ici trois ou quatre ans. Le groupe va de nouveau réduire ses actifs non stratégiques (non-core), après les coupes jugées insuffisantes de son directeur général Anthony Jenkins, remercié brutalement le 8 juillet.
La bad bank de Barclays a encore généré 244 millions de livres (346 millions d’euros) de pertes au deuxième trimestre et elle pèse sur l’agilité de la banque, en mobilisant 9,3 milliards de livres de fonds propres, soit 16,6% des capitaux du groupe. Les actifs pondérés du risque (RWA) de cette division gérée en extinction devront diminuer de 37 milliards de livres pour être ramenés à 20 milliards en 2017, au lieu du seuil de 46 milliards annoncé précédemment pour 2016.
A fin juin, les RWA de ces activités et portefeuilles jugés inutiles ou hérités de la crise atteignaient encore 57 milliards de livres, sur les 377 milliards du groupe. Ils ont tout de même diminué de 53 milliards de livres depuis fin 2013. Malgré son discours offensif, le groupe compte donc réaliser moins de cessions ces 18 prochains mois, qu’au cours des 18 derniers.
Après la vente, à perte, de ses activités en Espagne, Barclays cherchera sans doute à céder d’autres franchises de banque de détail en Europe continentale. La zone n’est pas prioritaire, contrairement au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et à l’Afrique, et elle représente à elle seule «environ 40% des coûts sous-jacents de (la division) non-core», indique le groupe dans sa présentation d’hier. Objet de rumeurs persistantes, Barclays France ne semble toutefois pas susciter l’appétit des grandes banques françaises, entrées dans une logique d’attrition de leur réseau d’agences.
Dans les activités cœur, le coefficient d’exploitation (ratio coûts sur revenus) devra passer de 64% aux alentours de 55%. Barclays est déjà à mi-parcours de ses 19.000 suppressions de postes, mais n’a pas dévoilé d’autres économies. Seule certitude, la BFI en Asie et au Moyen-Orient est dans le viseur car elle «ne génère pas d’argent». Bloomberg révélait aussi hier le recentrage à Londres des activités européennes d’ABS (asset backed securities).
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Enquête du PNF en France sur le patrimoine supposé frauduleux de Najib Mikati, ancien Premier ministre libanais
Paris - Les avocats d’associations qui accusent l’ancien Premier ministre libanais Najib Mikati de s'être constitué frauduleusement un important patrimoine ont annoncé dimanche à l’AFP avoir obtenu l’ouverture d’une enquête par le parquet national financier (PNF) à Paris autour de ces biens supposés «mal acquis». Interrogé récemment par l’AFP, le PNF ne souhaitait pas communiquer sur le sujet. L’enquête, dont a fait état dimanche le quotidien libanais L’Orient-le Jour, intervient après une plainte déposée en avril 2024 par le Collectif des victimes des pratiques frauduleuses et criminelles au Liban (CVPFCL) et l’association anti-corruption Sherpa, selon Me William Bourdon. Dimanche, le service de communication de Najib Mikati a indiqué à l’AFP «ne pas avoir été notifié». Lors du dépôt de la plainte, Najib Mikati avait assuré avoir «toujours agi dans le strict respect de la loi», tout comme les membres de sa famille. «L’origine de notre patrimoine familial est entièrement transparente, légitime et conforme à la législation», avait insisté celui qui a été Premier ministre du Liban à plusieurs reprises, et jusqu'à début 2025. Les associations accusent Najib Mikati, 69 ans, et ses proches, dont son frère Taha Mikati, d’avoir acquis différents biens en France et à l’étranger par des structures multiples, dont des montages offshore. Une fortune qu’ils auraient amassée frauduleusement, au mépris notamment du fisc. Leur plainte visait les infractions de blanchiment et recel ou complicité, association de malfaiteurs, le tout commis en bande organisée, circonstance aggravante. Elle a été complétée par de nouveaux éléments en avril 2025. Cette enquête «va peut-être réduire le pouvoir de nuisance de ceux qui cherchent à tout prix à saper le processus en cours pour que cesse la prédation des intérêts privés sur l’Etat et l’intérêt public des Libanais», ont déclaré à l’AFP les avocats William Bourdon et Vincent Brengharth. Najib Mikati, qui a fait fortune dans les télécoms, et son frère Taha, sont présentés par les plaignants comme faisant partie des plus grandes fortunes du Liban, propriétaires de yachts, de jets privés ou encore d’immeubles sur la Côte d’Azur. Plusieurs enfants des frères Mikati sont aussi visés comme de potentiels receleurs de l’argent supposément blanchi. Les associations plaignantes sont déjà à l’origine de l’enquête autour de l’enrichissement de l’ancien dirigeant de la banque du Liban, Riad Salamé. Une information judiciaire est en cours à Paris et Riad Salamé fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, tandis que son frère Raja Salamé a été mis en examen. Ils contestent fermement les faits. © Agence France-Presse -
Moule de mer Noire: alors que le climat change, la filière bulgare s’adapte et cherche à tirer son épingle du jeu
Kaliakra - Ensemencement décalé, filets plus profonds. En mer Noire, le Bulgare Nayden Stanev adapte son élevage de moules en espérant tirer son épingle du jeu car ici, le réchauffement est moins intense qu’en Méditerranée et l’eau donc plus clémente pour le petit mollusque à coque noire. «Cette année, on s’en tire bien», dit à l’AFP le mytiliculteur de 56 ans à bord de son vieux bateau diesel, évoquant les 20% de coquillages qui n’ont pas survécu à la canicule marine, qui décime les élevages d’Europe. Car ce coquillage est menacé, au grand désespoir des principaux pays producteurs que sont l’Espagne et l’Italie, où la production baisse inexorablement ces dernières années. Bien sûr, avec son millier de tonnes produits par an contre plus de 54.500 rien que pour la France en 2023, la Bulgarie est encore loin de jouer dans la cour des grands. Mais elle est déjà le premier producteur en Europe de l’Est. Pleine saison Avec les eaux de la Grèce voisine qui tendent à se «tropicaliser», de nouvelles opportunités s’offrent à Nayden Stanev qui compte bien en profiter et fait tout pour adapter sa ferme marine. Car la Méditerranée est l’une des mers qui change le plus vite. Avec une température moyenne en surface de 26,79°C, elle a connu cette année son mois de juillet le plus chaud jamais enregistré, selon Mercator Océan International, opérateur du service Copernicus Marine de l’Union européenne. Si ces hausses de température ne sont pas nouvelles, le changement climatique les rend de plus en plus fréquentes, de plus en plus longues, de plus en plus extrêmes. Avec ses 25,46°C degrés sur la même période, la mer Noire laisse plus de temps aux professionnels pour s’adapter et la baie du cap Kaliakra (nord-est), protégée des courants, demeure privilégiée. En compagnie de ses six employés, Nayden Stanev est sur le pont dès l’aube pour récolter et livrer sa production alors que la saison bat son plein en cette fin du mois d’août. Gestes ancestraux Le téléphone de cet ancien commando de marine sonne sans interruption tandis qu’il prend les commandes sur un petit carnet. Ce jour-là, ce ne sont pas moins de dix tonnes de moules qu’il devra livrer. Des centaines de restaurants et les marchands locaux sont très demandeurs, mais aussi la Roumanie voisine. Après une courte traversée, l'équipage atteint les 200 hectares de champs de moules. A la surface flottent des bouées sombres auxquelles sont suspendus de longs filets sur lesquels elles croissent. Sans échanger un mot, les hommes travaillent avec des gestes ancestraux: l’un fait émerger les précieuses coquilles, l’autre les nettoie, un troisième les trie. Les sacs de 800 kilos s’empilent, des cormorans guettent les restes avant que le bateau ne revienne à quai en début d’après-midi, attendu par plusieurs camions frigorifiques. Quelques habitants patientent aussi, munis de seaux pour le dîner en famille. Malgré la bonne récolte, les experts invitent à la prudence. Ici non plus «la mer n’a pas le temps de refroidir, quand le réchauffement est prolongé», déplore Radoslava Bekova, de l’institut d’océanologie à l’académie bulgare des sciences. «Fragilisée, la moule est vulnérable aux maladies» et l’année dernière, les pertes avaient été très lourdes, rappelle-t-elle. Chute de la production La production de moules dans l’UE est en baisse depuis 2018 tandis que la production mondiale a continué de croître, selon les données de l’Observatoire européen des marchés des produits de la pêche et de l’aquaculture (EUMOFA). En 2023, le volume récolté dans l’UE était inférieur d’environ 21% à celui de 2018. «Le passage durable des eaux à 26°C et plus — seuil de mortalité massive des moules — pendant les pics de demande perturbe la chaîne d’approvisionnement», constate John A. Theodorou, professeur associé au département des pêches et de l’aquaculture de l’Université de Patras, en Grèce. «Le changement climatique frappe déjà à la porte des producteurs européens». Dans ce tableau noir, les conchyliculteurs bulgares ont des raisons d’espérer. L'écart de températures «ouvre des débouchés à la moule de la mer Noire, moins exposée aux pressions environnementales», estime M. Theodorou. Quelque 356.500 tonnes de moules ont été récoltées dans l’UE en 2023, pour une valeur d’environ 463 millions d’euros, d’après les données d’EUMOFA. L’Espagne arrivait en tête avec 155.700 tonnes, suivie de l’Italie (57.279) et de la Grèce (18.000). La Bulgarie représentait, elle, près de 1.100 tonnes. Rossen BOSSEV © Agence France-Presse -
Agriculture: la FNSEA souhaite une journée de mobilisation le 25 septembre
Paris - Le syndicat agricole FNSEA appelle à «une grande journée d’action» autour des questions des échanges internationaux pour les produits agricoles le vendredi 25 septembre à travers toute la France, annonce son président Arnaud Rousseau dans un entretien au Journal du dimanche. Cette mobilisation aura lieu contre «le Mercosur, les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes qui sont les nôtres», explique le dirigeant. «A l’image des œufs ukrainiens: tous ces produits qui entrent sur notre territoire et que nous ne voulons pas voir dans nos assiettes, car ils sont dangereux pour la santé et pour l’environnement!», poursuit-il. «Les actions sont à l’appréciation des fédérations départementales mais ça peut prendre la forme de visite de grandes surfaces pour aller chercher tous les produits non conformes», a précisé à l’AFP un porte-parole du premier syndicat agricole français, qui mènera ces actions avec les Jeunes agriculteurs (JA). La FNSEA et les JA avaient déjà dit leur hostilité à l’accord de libre-échange entre des pays latino-américains du Mercosur et l’Union européenne. Cet accord UE-Mercosur doit notamment permettre à l’UE d’exporter davantage de voitures, de machines, de vins et de spiritueux en Argentine, au Brésil, en Uruguay et au Paraguay. En retour, il faciliterait l’entrée de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, au risque de fragiliser certaines filières agricoles européennes. La FNSEA avait indiqué ne pas vouloir participer au mouvement «Bloquons tout» du 10 septembre pour éviter une «récupération politique» mais avait déjà prévu une mobilisation «cet automne» sur ses propres revendications. «Nous attendons une date de rendez-vous avec (le nouveau Premier ministre) M. Lecornu dans les prochains jours», a précisé le porte-parole à l’AFP. © Agence France-Presse