
Bancassurance et Bourse, les raisons du divorce

CNP et Natixis ont tant en commun qu’il semble presque naturel de les voir quitter la Bourse à un an d’intervalle. La compagnie d’assurance-vie et la banque de gros sont toutes deux nées dans l’orbite de la Caisse des dépôts et ont longtemps été partenaires l’une de l’autre. Leurs cotations respectives furent aussi, en leur temps – 1998 et 2006 –, de grandes opérations d’actionnariat populaire. C’était une époque où les énergéticiens, les opérateurs de télécoms, les banques passaient pour des valeurs sûres dans les portefeuilles. Désormais, les investisseurs portent au pinacle les représentants du nouveau monde : un Tesla capitalisant plus que l’ensemble des constructeurs automobiles traditionnels, un Facebook au parcours boursier largement épargné par la litanie de scandales qui écornent l’image du réseau social.
Après BPCE avec Natixis en début d’année, La Banque Postale a donc choisi d’en tirer les leçons en proposant de racheter les actionnaires minoritaires de CNP. La bancassurance, si caractéristique de l’ancien monde, a-t-elle encore un intérêt à la cotation ? Les exigences réglementaires adoptées dans le sillage de la crise financière de 2007 et la faiblesse séculaire des taux ont laminé la rentabilité du secteur et les multiples de prix, avec une destruction de valeur pour l’actionnaire. Elles ont découragé, aussi, les grandes fusions transfrontalières, inimaginables aujourd’hui en zone euro. Dans la banque de détail ou d’investissement, dans l’assurance-vie, les actions ne peuvent plus guère servir de monnaie d’échange. Le Crédit Agricole est le dernier à y avoir eu recours en France, en 2003, pour financer son offre sur le Crédit Lyonnais. Privée de sa raison d’être, la Bourse devient, au mieux, un aiguillon à la discipline financière et à la transparence, au pire, un désavantage compétitif face à des concurrents non cotés qui peuvent se permettre de rester discrets. N’est-ce pas en mettant Boursorama à l’abri du regard des marchés que la Société Générale a donné un coup d’accélérateur au développement de sa filiale ? Un comble.
L’intérêt pour les valeurs financières ne s’est pas pour autant tari. Il s’est déplacé vers les grands gagnants de la mutation de cette industrie ces quinze dernières années. Les fintechs, les gestionnaires d’actifs, les fonds d’investissement se précipitent vers une Bourse prête à payer très cher leurs perspectives bénéficiaires. A peine sevré du marché actions, Natixis évoque déjà une cotation de son asset management pour financer une grosse acquisition. De surcroît, le déclassement des banques traditionnelles se vérifie surtout en zone euro : aux Etats-Unis, celles-ci parviennent encore à afficher des valorisations honorables. Ce glissement ne signe donc pas seulement la victoire d’une nouvelle génération sur l’ancienne. Il fixe aussi les limites d’une régulation à l’européenne qui a coupé pour partie l’industrie financière de sa base d’actionnaires.
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Orem - Un homme soupçonné d’avoir assassiné l’influenceur conservateur Charlie Kirk a été arrêté, a assuré vendredi Donald Trump, deux jours après un meurtre qui a choqué des Etats-Unis profondément polarisés. «Je pense, avec un haut degré de certitude, que nous l’avons en détention», a déclaré le président américain lors d’une interview avec la chaîne de télévision Fox News. Donald Trump a ajouté que «quelqu’un de très proche (du tueur) l’a(vait) dénoncé», expliquant que le père du suspect lui-même ainsi qu’un pasteur avaient joué un rôle dans cette arrestation. «Je peux me tromper mais je vous dis ce que j’ai entendu», a-t-il aussi souligné. Charlie Kirk, 31 ans, a été assassiné d’une balle mercredi lors d’un débat public en plein air dans une université située à Orem dans l’Utah (ouest). Son corps a été transporté jeudi dans l’avion du vice-président JD Vance vers Phoenix, dans l’Arizona, le siège de Turning point USA. Cette association qu’il avait cofondée en 2012 à l'âge de 18 ans, est devenu en une décennie le plus important groupe de jeunes conservateurs aux Etats-Unis. Originaire de la banlieue de Chicago, chrétien et défenseur du port d’armes à feu, Charlie Kirk, père de deux enfants avait abandonné ses études très tôt pour se consacrer au militantisme. Fermement ancré à droite et très présent sur les réseaux sociaux, il était devenu un porte-drapeau de la jeunesse trumpiste. «Extrémistes» La police fédérale américaine (FBI), qui a publié plusieurs photos et vidéos du suspect, a évoqué un acte «ciblé» contre l’influenceur et podcasteur trentenaire, désormais qualifié de «martyr» par la droite américaine. Ces photos et vidéos montrent un jeune homme svelte, habillé d’un tee-shirt sombre à manches longues avec un drapeau américain sur le torse, jean et lunettes de soleil, casquette bleue sur le crâne et chaussures de sport aux pieds. Sur une vidéo mise en ligne par le FBI, on voit une personne identifiée comme le suspect courant sur un toit après le tir et sautant avec adresse jusqu’au sol. On le voit ensuite traverser une rue très fréquentée et disparaître dans une zone boisée, où les enquêteurs ont ensuite trouvé un fusil de chasse 30-06 Mauser. Les autorités avaient annoncé une récompense allant jusqu'à 100.000 dollars pour toute information utile et en avaient appelé au public pour retrouver l’auteur du crime. Jeudi soir, plus de 7.000 signalements avaient été reçus par la police. Donald Trump avait dès mercredi mis en cause la responsabilité de la «gauche radicale» avant d’appeler jeudi à la retenue. Mais vendredi devant la caméra de Fow News, le président américain, lui-même visé par deux tentatives d’assassinat lors de la dernière campagne électorale, a lancé une attaque en règle contre les «extrémistes» de gauche et ses cibles de prédilection, dont l’ancien président Joe Biden et le milliardaire George Soros. Les Etats-Unis, un pays où il y a plus d’armes à feu en circulation que d’habitants, ont connu une recrudescence de la violence politique ces dernières années. Cette année déjà, Melissa Hortman, élue démocrate au Parlement du Minnesota, et son époux ont été tués et un autre élu local a été grièvement blessé. Sur le campus d’Orem, des centaines de personnes portant des casquettes rouges MAGA («Make America great Again», le slogan de Donald Trump) et tenant des drapeaux américains s'étaient rassemblées jeudi soir et avaient prié en mémoire de Charlie Kirk, comme ailleurs aux Etats-Unis. «Cela semble toujours insensé que cela soit arrivé», a affirmé à l’AFP Jonathan Silva, 35 ans. «C’est totalement surréaliste». Romain FONSEGRIVES, avec Aurélia END à Washington © Agence France-Presse