
Universal Owner conteste les annonces «Net Zero» des gérants d’actifs

Desengagements « sans ambitions et susceptibles d’être manipulés». Universal Owner, «start-up à mission» créée par Thomas O’Neill (Influence Map), qui se définit comme une aide aux investisseurs institutionnels pour comprendre et quantifier leur impact climatique, critique sévèrement dans un rapport les annonces de neutralité carbone de la grande alliance Net Zero Asset Managers Initiative (NZAMI), représentant 57 trillions d’actifs sous gestion. Au cours de la COP 26, 43 des 220 gérants de la coalition ont publié leurs objectifs intermédiaires pour 2030 afin de s’engager dans une trajectoire de neutralité carbone pour 2050. Universal Owner reproche d’abord aux gestionnaires d’appliquer leurs objectifs de réduction carbone sur le périmètre de portefeuille qu’ils souhaitent. Résultat: seuls 35% des actifs sous gestion de ces membres sont pris en compte et se disent alignés sur l’objectif de l’Accord de Paris. En rapportant l’objectif de réduction carbone des membres à la part des actifs véritablement couverts (35%), Universal Owner obtient un objectif de décarbonation des portefeuilles de seulement 20% d’ici à 2030 contre la cible de 50% demandée par les experts du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Des engagements surestimés ? Mais ce chiffre de 20% est susceptible d'être surestimé. Car «aucune garantien’existe» pour que les gérants appliquent leurs engagements sur la part de portefeuille qui représente le plus d’émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, chez BlackRock, Vanguard, State Street, Allianz et LGIM, 10% des placements en actions représentent 85% des émissions totales. Autrement dit, il est possible d’avoir des engagements portant sur 90% du portefeuille actions en laissant inchangées 85% des émissions de gaz à effet de serre du portefeuille. Seuls 13 des 43 gérants appliquent leur objectif climat sur 100% du portefeuille. La coalition NZAMI demande aux signataires de revoir à la hausse tous les cinq ans le périmètre des actifs concernés par les objectifs climatiques, ce qui laisse, selon Universal Owner, trop de temps et de latitude aux gérants pour appliquer leurs objectifs d’ici à 2050. Le recours au principe d’intensité carbone (émissions rapportées à la valeur en dollars du portefeuille) pourrait aussi surestimer l’objectif de décarbonation. «Par exemple, une hausse de la valeur du secteur technologique peut réduire l’intensité carbone du portefeuille sans réduction effective des émissions», relève Universal Owner. Un accroissement des investissements bas carbone proportionnelle à la croissance des autres actifs, permet également de laisser échangée la part des actifs les plus carbonés. Exposition ou véritable impact ? Universal Owner reproche à la NZAMI de laisser aux signataires la possibilité d’atteindre leurs objectifs en se contentant de réduire l’exposition de leurs portefeuilles aux émissions carbone, par un changement d’allocation, alors que seule la réduction des émissions des entreprises, via l’engagement, permet d’avoir un impact réel et immédiat sur le climat. Enfin, Universal Owner ne croit pas à l’argument des gérants qui se disent empêchés d’agir à cause de leurs investissements dans les fonds indiciels. Malgré ses engagements sur le charbon, Universal Owner rappelle que BlackRock est exposé à plus de 85 milliards de dollars dans le secteur via la gestion passive et estime que les fonds indiciels constituent « un mythe qui sert d’excuse à l’inaction». Le rapport estime que les fonds indiciels peuvent être verdis en changeant les indices sous-jacents ou la règle de suivi des indices.
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