Mubadala voit la vie en vert

L’investisseur souverain d’Abou Dhabi travaille son image d’investisseur responsable en sponsorisant une étude sur l’investissement selon des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Laurence Pochard
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Mubadala soigne sa réputation d’investisseur responsable. Depuis qu’il a rejoint en 2020 le One Planet Summit des fonds souverains, une initiative lancée dans le sillage de l’Accord de Paris sur le climat, le fonds d’Abou Dhabi multiplie les efforts pour se montrer sous un jour responsable. La dernière en date prend la forme de la commande d’une étude auprès de Bloomberg Media sur l’investissement selon des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), intitulée The future of ESG investing (le futur de l’investissement ESG) publiée fin juillet 2022, ce qui paraît assez inédit pour un fonds souverain. L’étude, réalisée auprès de 789 gérants, responsables de la responsabilité sociale d’entreprises et responsables gouvernementaux de cinq pays dont la France, n’apporte pas de révélation ou de nouveauté particulière, mais le fait qu’elle ait été commandée par l’investisseur émirati sur le thème spécifique de l’ESG paraît plus remarquable. Certes, on y lit que «les gérants de fonds sont convaincus du lien entre ESG et la valeur pour l’actionnaire d’une entreprise, et que ce lien est une donnée clé pour les prises de décision d’investissement» ou que «l’environnement représente le plus gros du poids [de l’investissement ESG] de nos jours, et les énergies renouvelables et propres bénéficient des allocations les plus conséquentes dans les portefeuilles». Cela tombe bien, car Mubadala a justement mis sur pied fin 2021 une plateforme consacrée aux énergies propres et à l’hydrogène vert, et les répondants de l’étude estiment qu’il s’agit du secteur qui présente le meilleur retour sur investissement. Soft power Le fonds a aussi agi sur d’autres pans de sa communication pour prouver ses engagements responsables. Son site présente désormais un onglet consacré à son impact, dans lequel on trouve, outre son code d’éthique datant de février 2021, ses objectifs d’investissement responsable parmi lesquels celui de «continuer de développer une culture de sensibilisation en construisant uneaisance ESG opérationnelle pour mieux identifier, comprendre et gérer de façon proactive les principes et considérations liées à l’ESG au niveau des actifs, du portefeuille et de l’entreprise». Et on y voit aussi l’objectif de «s’appuyer sur notre taille et notre présence globale pour promouvoir Mubadala comme un bon gestionnaire et un promoteur des principes ESG et de l’investissement responsable.» Afin de prouver cela, le fonds a même décroché en juin 2022 une certification ISO pour la qualité de ses processus de conformité. Enfin, Mubadala a également décidé de créer et de financer en 2021 un Transition investment lab (laboratoire de l’investissement dans la transition) au sein de la New York University Abou Dhabi, un des campus de l’université américaine installé aux Emirats. Le laboratoire a fait paraître en juin 2022 son premier rapport qui met en lumière que«les capitaux et les capacités uniques des grands investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension, les fonds souverains sont nécessaires pour accomplir la transition», principalement via des investissements non cotés dans une zone comprenant l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie afin de remplir les objectifs de développement durables des Nations unies. Le fonds aux 284 milliards d’actifs sous gestion (280 milliards d’euros, au 31 décembre 2021) pourra ainsi contribuer à atténuer les effets du changement climatique, sensibles sur son territoire où le thermomètre peut déjà allègrement dépasser les 50°.

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