Matthieu Esposito, jeune spécialiste des contraintes assurantielles

Du haut de ses 33 ans, Matthieu Esposito s’est déjà hissé à la tête de la direction des investissements et la trésorerie de La Mutuelle Générale. Un poste qu’il nourrit de son expérience acquise chez Groupama et Neuflize Vie, mais aussi de son passé de consultant chez EY auprès de compagnies d’assurance et de sociétés de gestion.
Aurore Barlier
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 -  Xavier Renauld

C’est à l’Université de Cergy Pontoise que s’est joué l’avenir professionnel de Matthieu Esposito.Un professeur, allocataire d’actifs chez AXA, suscite en lui une vocation. Plusieurs stages seront nécessaires pour s’assurer qu’elle est bien la bonne.Master de Gestion des risques en Finance et Assurances en poche, Matthieus’envole en 2009 pour unVolontariat International en Entreprise (VIE) de deux ans à Rome, chez GroupamaAssicurazioni. “C’est un peu comme ça que c’est venu”, nous confie ce fils de Napolitain. «Le format VIE est une opportunité extraordinaire pour les jeunes diplômés qui intègrent le monde du travail. Il leur permet de voyager dans de bonnes conditions», reconnait-il. Son expérience italienne confirme la bonne impression perçue quelques mois plus tôt en stage chezSkandia. «J’ai eu l’occasion de travailler dans plusieurs départements de Groupama Assicurazioni et de me concentrer sur les investissements», se souvient-il. Il était notamment chargé de développer les classes d’actifs non liquides. Il rencontre aussi des collaborateurs parisiens, dontArthur Chabrol, directeur financier deGroupama SA, qui l’embauche dans la capitale française au terme de son VIE. Devenu allocataire d’actifs pour le groupe d’assurance en 2011, Matthieu continue à suivre la filiale italienne, au même titre que la branche grecque, où passera quelques années plus tard un certain...ChristopheHarrigan, actuel directeur général de La Mutuelle Générale.La crise grecquedonne d’ailleurs à Matthieu de quoi s’occuper pendant les quatre années à ce poste. «J’ai appris beaucoup de choses sur le métier dans le cadre de la crise des dettes souveraines, salue l’intéressé. Groupama a été fortement touchée, nous avons été contraints dedérisquerle portefeuille”. Une parenthèse dans leconsulting Arthur Chabrol embarque Matthieu dans une nouvelle aventure chez EY en 2013. Il y monteune businessunit liée aux placements assurantiels. “J’ai été l’un de ses premiers recrutements pour développer ce département”, expose le jeune trentenaire. Il intervient alors comme soutien auxdirections des investissements institutionnelles, pour mettre en place une allocation stratégique d’actifs, effectuerla gestion ALM, ou encorerenégocier leurs mandats de gestion.Un bagage bien utile à La Mutuelle Générale, où il a notamment poussé les investissements dans des actifs au traitement favorable sous Solvabilité 2. «J’ai aidé de nombreuses sociétés de gestion à lancer leur premier fonds de dette privée corporate» Le jeuneconsultantfournissait également un accompagnement aux asset managers confrontés aux changements liés àSolvabilité 2 :notamment pour créer des produits adaptés aux assureurs eteffectuer des calculs de coût en capital.Il s’agissait aussi de «développer sur la place de Paris denouveaux fondsdedette privée”, développe Matthieu, ajoutant avoir aidé «de nombreuses sociétés de gestion à lancer leur premier fonds de dette privée corporate».Il se souvient aussi des missions liées aupassage des fonds communs de créances aux FCT, et d’avoir apporté un soutien sur lesriskmitigation techniques. «Nous faisions beaucoup d’études pour aider les sociétés de gestion à mettre en place ces couvertures et abaisser le coût en capital de leurs fonds actions notamment», relate-t-il. Un poste permettantà Matthieu d’allier l’utile à l’agréable, et de saluer aujourd’hui encore le projet“judicieux” d’Antoine Chabrol. A son départtrois ans plus tard, le département comptaitune trentaine de personnes. Matthieu repasse finalement côté investisseur, chez Neuflize Vie. En tant que gérant mandat et investissements, il est d’abord chargé de la gestion de l’actif général, comme chez Groupama. Son background réglementaire allié à son savoir-faire en gestion de projet lui valent rapidement une promotion. «Je me suis vu proposer un poste plus transverse, en relation avec le groupe ABN Amro. Je devais faire connaitre l’assurance-vie dans le groupe et travailler sur la partie unités de compte, lesquelles représentent une large part des contrats vendus par Neuflize Vie», explique Matthieu. Les UC représentant 55% du bilan de Neuflize Vie, l’assureur cherchait à structurer ce nouveau modèle d’affaires. «Nous avons essayé de travailler sur les unités de compte protégées et individualisées, donc de mettre des protections surlesportefeuillesd’UC», explique Matthieu, ajoutant avoir ainsi contribué à une réflexion stratégique sur l’avenir de l’épargne. Une mutuelle dynamique Malgréun expérience «enrichissante» chez Neuflize, Matthieu a difficilement su résister au poste de directeur des investissements offert par LaMutuelle Générale en juillet 2018.Opportunité plutôt rare à 32ans.“Les instances de La Mutuelle Générale sont très volontaristes pour faire bouger les choses.La direction me laisse la liberté de proposer et d’innover sur de nombreux sujets”,loue Matthieu, qui a pu sans peine proposer des investissements en dutch mortgages loans,private equity ouinfrastructure. Le jeune homme milite d’ailleurscontre l’image un peu “vieillotte” qui peut ternir, à tort, l’image de certaines mutuelles. “C’est une organisation qui n’a rien à envier à des groupes de taille plus importante”, résume-t-il pour qualifier la rapidité d’exécutiondes instances et la refonte récente de la direction des investissements. Heureux de retrouver chaque matindeséquipes expertes des sujets financiers, Matthieu peut aussi compter surla simplicité du management :“Il y a une bonne osmose, c’est très agréable de travailler ici». Il découvre aussi le fonctionnement d’une mutuelle, qui oblige àrendre des comptes devant lecomitédes investissements."Cela nousoblige àavoir une bonne compréhension de ce que l’on fait, pour lerestituer de manière simple et pédagogique», prône-t-il.Il parvient même à conserver un bon équilibre entre vie professionnelle et personnelle, via notamment une pratique régulière du tennis. “J’essaie de me challenger pour progresser dans mon classement”, exprime-t-il. Matthieu conserveaussi un sens aiguisé de la bougeotte.Sonannée universitairepasséeà Hong Kong,l’a d’ailleurs incité à visiterl’Asie sous toutes ses coutures : la Chine, le Japon, les Philippines et plus globalement l’Asie du Sud Est.Récemment, le jeune papa a fait découvrir la Thaïlande à sa femme et sa fille. Cet adepte de plongée sous-marine a cependant plus de mal à sortir ses palmes. Son point de chute favori : l’Italie, où il peutrenouer avec ses racines, sa famille portantle même nom que “90% des gens qui habitent à Naples”. Ces voyages très fréquents n’ont pas encore eu raison de son émerveillement devant la côte amalfitaine, qu’il qualifie de “magique”.Ne reste plus qu’à cet adepte du dépaysementde trouver un nouveau payspour ses prochaines vacances. Peut-être dans la région du Cachemire, où il rêverait de faire de la randonnée pour profiter du paysage. Une chose est sûre, la vocation dudirecteur des investissements de La Mutuelle Générale est bel et bien la bonne. Ilimagine sans difficulté son avenir à long terme dans une direction des investissements, ou «pourquoi pas chez des gérants d’actifs afin de mettre en place des solutions adaptées aux assureurs et mutuelles». Rendez-vous dans dix ans, donc.

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