Le danois ATP s’inquiète d’un possible schéma pyramidal dans le private equity

Le fonds de pension a souligné lors de la conférence IPEM à Cannes que les fonds d’entreprises non cotées dans lesquels il a investi vendent principalement leurs actifs à d’autres fonds ou à des structures de continuation.
Laurence Pochard
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Cela fait presque 20 ans qu’ATP fréquente la classe d’actifs, et pourtant un doute pointe. Le directeur des investissements du fonds de pension danois ATP, Mikkel Svenstrup, a parlé d’un «potentiel schéma pyramidal» dans le capital investissement lors de la conférence International Private Equity Market (IPEM) à Cannes, selon le Financial Times. Des propos qui rappellent ceux tenus début juin 2022 par Vincent Mortier, le responsable de la stratégie d’investissement d’Amundi. Face à la polémique, ce dernier s'était rétracté. Mardi, invité à échanger avec le gérant français Ardian, le Danois explique que l’an passé, plus de 80% des cessions d’entreprises des fonds de private equity dans lesquels ATP est engagé ont eu lieu soit avec d’autres fonds de LBO (leveraged buy out, rachat avec effet de levier), soit avec des fonds de continuation. Ces derniers sont montés par les gérants pour continuer à porter des actifs en les sortant de leur véhicule fermé initial et en les logeant dans un véhicule ad hoc. La manœuvre implique une transaction secondaire pour réaligner les intérêts des souscripteurs anciens et nouveaux et pour cristalliser un prix pour ces actifs non cotés. Ce qui signifie que la valeur des entreprises sous-jacentes n’est pas fixée par des investisseurs hors de la communauté du capital investissement, communauté qui a typiquement intérêt à ce que la valorisation augmente après chaque cycle de détention de quelques années. Baisse attendue des rendements Mikkel Svenstrup a également dit que «la croissance exponentielle» de l’industrie du private equity lors des dernières années, qui a connu un afflux d’argent en provenance des investisseurs, devrait s’arrêter «à un certain point», et que «ce n’est qu’une question de temps». «Ce n’est pas que je pense que le private equity va tomber d’une falaise, dit-il, nous allons juste observer des rendements potentiellement plus bas et des coûts plus élevés.» Il a tempéré son propos en précisant qu’il estime que le capital investissement joue un rôle important en tant que «force motrice poussant certaines entreprises à passer des paliers pour finalement s’introduire en bourse ou se doter d’investisseurs de long terme.» ATP est en conséquence en train de limiter le nombre de relations entretenues avec les general partners (GPs), les gérants spécialisés en private equity. Le fonds analyse en effet la façon dont est réalisé leur taux de rendement interne (TRI) – l’étalon de performance de la classe d’actifs – pour repérer ceux qui le «manipulent» grâce au recours à des «trucs» tels que du financement «bridge» (une ligne de crédit utilisée en début de vie du véhicule et garantie par les engagements des souscripteurs) ou à du levier au niveau du fonds. Dans son rapport annuel pour 2021, ATP, écrivait être engagé à traverssa filiale ATP Private Equity Partners dans plus de 200 fonds, hébergeant plus de 1.400 entreprises en portefeuille. Il a commencé à investir dans la classe d’actifs en 2003 et enregistre une performance sur la période de 2 à 2,5 fois sa mise. Pour 2021, le TRI net de sa filiale s’est élevé à 44%, un niveau très élevé. Qui devrait donc se tasser dans les prochaines années.

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