
L’Agirc-Arrco dégage plus de 5 milliards d’euros d’excédents en 2022

« Le régime des retraites complémentaires des salariés du privé est robuste et agile. Sans dette, il est équilibré dans la durée. Il fait face aux aléas économiques et démographiques, en satisfaisant les besoins de ses bénéficiaires », proclame Brigitte Pisa, présidente de l’Agirc-Arrco, lors de la présentation des résultats annuels, mercredi 29 mars. En pleine contestation de la réforme des retraites, les partenaires sociaux, administrateurs de l’Agirc-Arrco, ont beau jeu d’insister sur la bonne gestion de ce régime par répartition. Il dégage un excédent de +5,1 milliards d’euros en 2022 contre +2,6 milliards en 2021 et dispose de réserves financières stables à 68 milliards d’euros.
Le régime qui a versé 86,5 milliards d’allocations à 13 millions de retraités l’an dernier, a bénéficié de l’amélioration du marché de l’emploi et de la hausse des salaires. « Les résultats sont totalement conformes aux prévisions des partenaires sociaux et ont permis de revaloriser les pensions de 5,12% depuis novembre », présente Didier Weckner, vice-président. Cela représente une dépense supplémentaire de cinq milliards d’euros en année pleine et 75 milliards d’euros sur quinze ans. L’Agirc-Arrco a également réduit ses frais de gestion de 800 millions d’euros en dix ans dont 100 millions d’euros pour la gestion financière.
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Le régime ne se prononce pas encore sur l’impact de la réforme des retraites. D’ici à l’été 2023, des négociations s’ouvriront entre les partenaires sociaux pour fixer le cadre du pilotage stratégique pour les quatre prochaines années. Le régime discutera alors des conséquences de la réforme si elle est promulguée. « Il serait trop facile de croire que le relèvement d’âge va accroître les réserves de l’Agirc-Arrco. Ce système par répartition est très dépendant des évolutions économiques et démographiques. Nous nous appuyons sur des hypothèses (chômage, évolution de la masse salariale, revalorisation des salaires et des retraites etc) plus prudentes que celles du Conseil d’Orientation des Retraites (COR). Nos hypothèses sont faites pour assurer la pérennité du régime dans la durée, pas pour répondre à des besoins à court terme », tranche Brigitte Pisa.
Réserves stables
Pour faire face aux aléas, le régime compte sur ses 68 milliards d’euros de réserves qui lui permettent de disposer à tout moment de l’équivalent de six mois d’allocations. Au cours des dix dernières années, le régime a ainsi pu supporter 37 milliards de déficit, amortis grâces aux réserves. « Elles donnent une marge de manœuvre satisfaisante pour piloter le régime chaque année, payer les retraites et les revaloriser, sans faire peser la charge sur les générations futures », se félicite François-Xavier Selleret, directeur général.
En 2022, elles restent stables grâce aux bons résultats techniques du régime. Mais le portefeuille (70% obligations / 30% actions) a subi la chute des marchés actions et obligataires. Il a enregistré une perte financière de 500 millions d’euros en 2022. La performance du portefeuille est en repli de - 9,2%. « Cette baisse a été minimisée grâce à la réduction par anticipation de la duration du portefeuille obligataire », précise Gaëlle Piadé, directrice financière. Depuis l’automne dernier, le régime a commencé à relever la duration du portefeuille pour capter la hausse des taux. Face à l’affaissement des marchés financiers, l’Agirc-Arrco a passé quelques provisions mais profite d’une trésorerie positive alimentée par la croissance des cotisations, qui lui a permis de ne pas céder de titres. A compter de 2023, le conseil d’administration a autorisé la direction financière à prendre plus de risques sur la poche taux, en faisant rentrer des titres BBB, et à s’ouvrir davantage à l’international sur des actions OCDE hors zone euro.
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