En 2021, Bpifrance a intensifié ses investissements en non coté

L’investisseur en fonds de fonds a investi dans 60 véhicules l’an passé, dont certains poussés par des équipes émergentes.
Laurence Pochard
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En 10 ans, elle n’a jamais autant misé sur le capital investissement français. En 2021, Bpifrance a investi dans près de 60 nouveaux fonds -dont ceux de 18 nouvelles sociétés de gestion partenaires- un total de 1,5 milliard d’euros. En tout, l’investisseur collabore avec 200 équipes qui gèrent 500 véhicules d’investissements sur divers segments du non coté, sauf le grand LBO (leverage buy-out, rachat par effet de levier) majoritaire. L’équipe disposait à fin 2021 de 13 milliards d’actifs sous gestion, à deux tiers pour compte propre et le reste pour compte de tiers, soit pour divers programmes de l’Etat, soit pour d’autres investisseurs institutionnels tels que la Caisse des dépôts, Allianz, Assurances du Crédit Mutuel, BNP Paribas Cardif, CNP, Generali et l’Erafp. Souvent perçue comme un investisseur pilier, la Banque publique d’investissement (BPI) voit toutefois son emprise moyenne dans les fonds se réduire au fil du temps: pour les fonds de millésimes allant de 2012 à 2016, elle pesait en moyenne 19% de la collecte des fonds, et pour les suivants de 2017 à 2021, sa part descend à 16%. Sur cette période, elle apporte près du quart de leur levée aux fonds régionaux, mais seulement 10% de celle des fonds de petites capitalisations. Par métier, elle pèse le plus lourd dans les fonds d’amorçage avec 37% et dans ceux de «situations spéciales» avec 24%. Elle vient d’ailleurs de finir d’allouer son fonds de fonds consacré à cette stratégie d’aide aux entreprises fragilisées en investissant dans les fonds d’Arcole ou d’Aldébaran. La BPI explique la baisse de son taux d’emprise par la hausse régulière de la taille des fonds, allant de pair avec la maturité de l’industrie. Régénération L’investisseur a la particularité d’apporter son soutien à de nouvelles équipes. Bpifrance a ainsi soutenu 18 premières générations de fonds dont six nouvelles verticales au sein de plateformes existantes en 2021. Elle a notamment investi entre 2020 et 2021 chez Adagia Partners, qui cible la santé et les services aux entreprises sur un champ franco-allemand, Epopée qui d’entrée de jeu gère plusieurs stratégies, dans le fonds intervenant en région Auvergne Rhône-Alpes Albarest, le spécialiste des nouveaux modes de consommations Eutopia, les investisseurs en santé Lauxera et Jeito, ou le fonds de dette pour les entreprises en difficulté Gagéo. La BPI met d’ailleurs l’accent sur des secteurs et métiers en particulier: après son action ciblée sur les fonds de retournement, elle va bientôt en consacrer un aux fonds spécialisés dans l’industrie, avec un biais «industrie du futur». Elle veut également accélérer sur les spécialistes du financement de la transition énergétique et écologique. Elle a déjà confié 400 millions d’euros depuis 2017 à des gérants comme Demeter, Sofinnova, Eurazeo, Eiffel, Tikehau, Omnes, Citizen Capital, Omnes, Yotta et Initiative & Finance et compte poursuivre son fléchage vers ce segment. Bpifrance agit aussi en faveur du climat avec ses critères de sélection. «Il faut que les fonds se mettent en ordre de marche sur la décarbonation de leurs portefeuilles, et il devient difficile pour nous d’investir dans un fonds de capital développement qui ne mesure pas son empreinte carbone», confirme Benjamin Paternot, directeur exécutif en charge des fonds de fonds. Il ajoute être «très favorablemais sans l’imposer » à l’indexation du «carried interest» à des critères extra financiers.

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