
La crise sanitaire a permis d’améliorer la gestion des risques dans le SBF 120
La gouvernance à l’épreuve du Covid-19. Face à la crise, les conseils des sociétés cotées ont dû s’adapter et relever leur niveau d’exigence, constate le panorama 2020 de la gouvernance d’EY, réalisé en partenariat avec Labrador et Ethics & Boards. «Le vrai changement de paradigme de cette année concerne la gestion des risques. La crise du Covid-19 a accéléré la tendance. Les informations sont plus pertinentes et plus transparentes, avec des plans de gestion de crise et des plans de continuité d’activité mieux formalisés et testés, confie à L’Agefi Thierry Moreau, associate partner EY et co-auteur de l’étude. Pour autant, encore 22% des sociétés du SBF 120 n’ont pas de cartographie sur les risques de corruption, bien que cela soit obligatoire. Une anomalie que ne peuvent plus accepter les conseils. Ils sont désormais beaucoup plus attentifs et demandent davantage d’information à la direction générale. Cette vigilance est accrue, alors que l’Agence française anticorruption (AFA) a annoncé son intention de contrôler toutes les sociétés du SBF 120. Plus généralement, les conseils attendent désormais une revue annuelle de la cartographie des risques par toutes les sociétés de l’indice.»
Les conseils s’ouvrent peu aux nouvelles compétences
Les conseils d’administration travaillent «sur un agenda beaucoup plus large, avec trois sujets principaux qui montent en puissance, la stratégie RSE, les questions éthiques et de conformité, et les attentes des parties prenantes, constate Thierry Moreau. Dans leur URD [document d’enregistrement universel, ndlr], les sociétés donnent désormais une cartographie détaillée de leurs parties prenantes, dans lesquelles les actionnaires minoritaires sont encore peu présents».
Les compétences au sein des conseils «évoluent peu et les nouveaux savoirs (RSE, digital, gestion des talents, éthique et conformité) sont encore souvent absents, poursuit Thierry Moreau. Le lent renouvellement des conseils et l’étroitesse des viviers de compétences recherchés ne favorisent pas une transformation rapide des conseils. Or, l’agilité et la résilience des conseils naissent de la diversité.» D’ailleurs, l’âge moyen reste stable depuis des années, en France comme en Europe, autour de 60 ans. Les moins de 50 ans ne représentent que 18% des conseils du SBF 120. Une proportion pourtant plus élevée qu’au Royaume-Uni (4%) et qu’en Allemagne (12%).
En revanche, les comités exécutifs se transforment plus rapidement, ils se féminisent (21% dans le SBF 120) et s’internationalisent (24%) de plus en plus. Toutefois, la France a encore du mal à accueillir des étrangers dans ses comex, alors que leur proportion est de 31% en Allemagne et de 75% au Royaume-Uni.
Les conseils peinent à se faire évaluer par un tiers
L’évaluation des conseils peut encore largement s’améliorer. Seulement 30% du SBF 120 fait évaluer son conseil par un cabinet extérieur au moins tous les trois ans, et seulement 11% demandent une analyse de la contribution individuelle de chaque administrateur. «Les conseils restent réticents à un regard extérieur sur leur fonctionnement, constate Thierry Moreau. Invoquant l’absence de valeur ajoutée d’une évaluation externe, ou le coût et le manque du temps, les conseils préfèrent s’accorder un auto-satisfecit».
Avec 64.000 euros de rémunération annuelle (hors jetons de comités) dans le CAC 40 et 36.000 dans le SBF 80, les administrateurs de sociétés françaises restent bien moins payés qu’au Royaume-Uni (103.000 euros) et qu’en Allemagne (124.000 euros). Et la baisse enregistrée en 2019 sera accentuée cette année avec les réductions annoncées pour faire face à la crise du Covid-19. «Outre-Rhin, la part variable fait grimper les rémunérations, mais en France le code Afep-Medef y est hostile. Outre-Manche, les mandats courts ont un effet haussier sur les rémunérations, poursuit Thierry Moreau. Aussi, les conseils français sont moins attractifs, d’autant que les sociétés n’osent pas relever l’enveloppe des jetons de présence de crainte de rejet de la résolution en assemblée générale.»
Plus d'articles du même thème
-
Armani pourrait se vendre à un groupe français
Dans son testament, Giorgio Armani demande que sa marque soit progressivement vendue à un autre acteur du secteur en citant nommément LVMH, EssilorLuxottica et L'Oréal. -
Le partage des profits des grandes entreprises se démocratise avec le temps
Les sociétés du SBF 120 ont versé 6% de leurs bénéfices 2024 au titre de la participation, de l'intéressement ou de l'abondement. -
La prise de décision reste un défi pour les conseils d’administration
Afin de les aider à effectuer les meilleurs choix pour l’entreprise, l’Institut français des administrateurs (IFA) vient de dévoiler son dernier guide «Le Conseil d’administration face à l’exercice de la décision»
ETF à la Une

Kraken étend son offre de trading actions et ETF à l'Union européenne
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne
- Mistral AI lève 1,7 milliard d’euros et accueille ASML à son capital
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
- Armani pourrait se vendre à un groupe français
Contenu de nos partenaires
-
Chips
En France, les producteurs assistent à l'éclatement de la « bulle des patates »
On a planté des pommes de terre à tour de bras. Trop ? Près de 20 % de la production française ne trouve pas preneur dans l'agro-industrie cette année -
TikTok : la Chine et les Etats-Unis « très proches » d'un accord à Madrid, selon le Trésor américain
Madrid - La Chine et les États-Unis sont «très proches» d’un accord concernant TikTok, a affirmé lundi le secrétaire au Trésor des États-Unis Scott Bessent à Madrid, où les deux pays ont entamé un deuxième jour de discussions commerciales. «Sur l’accord TikTok lui-même, nous sommes très proches de résoudre le problème. Il y a une série d’autres points qui restent non résolus», a déclaré à la presse Scott Bessent. «Si nous ne parvenons pas à un accord sur TikTok, cela n’affectera pas la relation globale entre les deux pays. Elle reste très bonne», a-t-il toutefois ajouté, expliquant avoir «beaucoup de respect pour [ses] homologues». Les négociations commerciales entre les deux plus grandes économies du monde ont repris lundi au ministère espagnol des Affaires étrangères, au lendemain de l’ouverture de ce nouveau cycle de discussions visant à régler les divergences sur le commerce et la technologie qui ont tendu leurs relations, a constaté une journaliste de l’AFP. Les délégations sont dirigées par le secrétaire au Trésor des États-Unis, Scott Bessent, d’une part, et le vice-premier ministre chinois, He Lifeng d’autre part et pourraient se poursuivre jusqu'à mercredi. L’ordre du jour comprend deux des questions les plus épineuses des relations bilatérales entre les deux pays: la menace du président Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers élevés sur les importations chinoises et la demande de Washington que TikTok soit vendu avant, d’ici le 17 septembre à un propriétaire non chinois, sous peine d'être interdit aux Etats-Unis. Suspicions chinoises sur les puces Nvidia Mais, signe que les tensions ne sont pas apaisées entre les deux géants malgré l’espoir d’un accord sur TikTok, Pékin a lundi accusé le géant américain des puces Nvidia d’avoir violé ses lois anti-monopole et annoncé une «enquête approfondie». «Suite à une enquête préliminaire, il a été déterminé que NVIDIA Corporation a violé la loi anti-monopole de la République populaire de Chine», a affirmé l’Administration d'État pour la régulation du marché (SAMR) dans un communiqué, sans préciser de quelles violations il s’agissait. Le régulateur chinois des marchés va donc approfondir l’"enquête préliminaire» qu’il avait lancée en décembre sur Nvidia. Les résultats financiers de Nvidia publiés le mois dernier ont suscité des inquiétudes concernant ses activités en Chine, de plus en plus scrutées par Washington dans un contexte de fortes tensions commerciales et géopolitiques. Cette annonce survient en outre après le lancement par la Chine au cours du week-end d’enquêtes dans le secteur des semi-conducteurs aux États-Unis. Les tensions commerciales entre Pékin et Washington ont connu des hauts et des bas en 2025, les deux pays se lançant dans l’augmentation répétée de leurs tarifs douaniers respectifs. Au cours de l’année, ces tarifs entre les États-Unis et la Chine ont atteint des niveaux trois fois supérieurs à la normale des deux côtés, perturbant les chaînes d’approvisionnement. Depuis, Washington et Pékin ont conclu un accord visant à désamorcer les tensions, abaissant temporairement les droits de douane à 30% pour les États-Unis et à 10% pour la Chine. En août, les deux pays ont décidé de reporter de 90 jours l’entrée en vigueur de nouvelles hausses tarifaires sur leurs exportations réciproques, prolongeant ainsi la trêve commerciale jusqu’au 10 novembre. Le ministère chinois du Commerce a appelé vendredi Washington à «travailler avec la Chine sur la base du respect mutuel et de consultations égales, pour résoudre les préoccupations mutuelles par le dialogue et trouver une solution au problème», selon un communiqué. Les réunions à Madrid pourraient poser les bases d’un possible sommet entre Trump et le dirigeant chinois Xi Jinping plus tard cette année. Marie GIFFARD et Daniel SILVA © Agence France-Presse -
Libertés
Sébastien Lecornu Premier ministre, bis repetita ou nouvelle donne ? – par Monique Canto-Sperber
Le vote du budget ne sert plus tant à mesurer l’adhésion à la politique mise en œuvre qu’à apprécier le degré de défiance qu’elle suscite