
L’optimisme règne chez les chefs d’entreprise français

Le Covid n’aura pas eu raison de l’optimisme des chefs d’entreprise français. C’est en substance ce qu’il ressort d’une étude inaugurale annuelle menée par JPMorgan auprès de 250 cadres supérieurs d’entreprises françaises de taille moyenne et intitulée Business Leaders Outlook (BLO Survey).
Cette étude, qui doit paraître aujourd’hui et dont les résultats sont dévoilés en exclusivité dans L’Agefi, révèle qu’ils sont 60% à être confiants dans l’économie mondiale pour l’année 2022. Ce chiffre grimpe en flèche lorsqu’il s’agit de leur propre secteur ou leur entreprise. Ils sont 80% à être optimistes pour leur industrie et 84% à considérer que leur entreprise devrait prospérer dans les 12 mois qui viennent. Ainsi, plus de 80% des entrepreneurs constatent que leurs bénéfices sont revenus à des niveaux au moins aussi élevés qu’avant la crise sanitaire et plus de 70% s’attendent à ce qu’ils augmentent encore cette année. Cette étude met donc en avant la solidité et la résilience de ces structures.
Cette reprise se constate dans la plupart des secteurs, même ceux qui ont été particulièrement touchés par la pandémie. «Nous accompagnons, par exemple, un groupe familial dans l’aéronautique qui, comme toutes les entreprises du secteur, a eu deux années très difficiles, constate Olivier Simon, responsable corporate client banking pour JPMorgan France et membre du comité de direction. Or celui-ci vient d’annoncer une acquisition aux Etats-Unis pour développer son activité. Cela illustre le retour des projets de croissance internationaux et marque la fin de la période de pandémie pour certains acteurs durement touchés.»
L’optimisme affiché se traduit donc par de réelles concrétisations de projets pour les entreprises de taille moyenne. «Nous avons accompagné de nombreuses sociétés de taille intermédiaire sur les marchés de la dette, pour conduire des opérations de croissance externe ou de croissance organique», confirme le banquier. Même si le marché obligataire devient plus difficile aujourd’hui, et malgré la volatilité observée, «il y a toujours une demande très forte de la part des investisseurs pour les projets de qualité», déclare-t-il.
Frein à l’embauche
Malgré cela, les sociétés de taille moyenne sont encore confrontées à de nombreux défis. L’un d’entre eux, toujours selon l’étude de JPMorgan, tient aux difficultés des structures à recruter. Plus du tiers des entreprises considèrent la pénurie de main d’œuvre comme étant un frein possible à leur développement.
Elles sont aussi conscientes de la montée en puissance de la technologie. Elles font de plus en plus appel à des outils numériques et la tendance devrait continuer. «L’intérêt pour le numérique touche les entreprises de tous les secteurs, en lien, ou non avec la technologie», précise Olivier Simon. Ainsi, 67% des entreprises indiquent utiliser des fintechs au quotidien. Beaucoup estiment que leur croissance l’année prochaine se fera grâce aux nouvelles technologies non seulement pour les aider à automatiser les processus manuels (55 %) mais aussi pour développer les canaux de distribution numériques et les solutions de paiement sans contact (46 %).
Ces ambitions futures ne devraient pas être freinées par la période électorale qui s’ouvre en France. «Historiquement, les élections étaient un frein au développement des entreprises de taille moyenne. Ce n’est pas le cas cette année. Les dirigeants considèrent qu’il y a toujours une dynamique favorable aux entreprises en France et ils n’estiment pas que les élections vont avoir une influence sur leurs projets de croissance et l’attractivité du pays», souligne Olivier Simon.
Enfin, comme pour les groupes de très grande taille, les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, constituent un point d’attention. «Les entreprises de taille moyenne sont très conscientes des enjeux, mais elles ne sont peut-être pas toutes préparées à la déferlante ESG», constate Olivier Simon. Elles sont ainsi environ un tiers à ne pas savoir comment répondre à ces exigences de la société civile ou de leurs partenaires.
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Etats-Unis : des jeunes saisissent la justice contre Trump, accusé de sacrifier leur avenir climatique
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Un an après les émeutes, la Martinique renforce son « bouclier qualité-prix » contre la vie chère
Fort-de-France - Un an après les émeutes en Martinique sur fond de mobilisation contre la vie chère, les principaux acteurs de la distribution et les services de l’Etat ont adopté lundi une version étendue du «bouclier qualité-prix» (BQP). «C’est l’aboutissement de trois mois de négociations avec la grande distribution, avec les grossistes importateurs, pour obtenir un bouclier qualité-prix qui soit élargi», a salué le préfet de la Martinique, Etienne Desplanques, à l’issue de la signature de ce dispositif annuel de modération des prix des produits de consommation courante. Il s’agissait d’une des mesures phares inscrites dans le protocole de lutte contre la vie chère, signé le 16 octobre 2024 par le prédécesseur de M. Desplanques et une trentaine d’interlocuteurs locaux, au terme de plusieurs semaines de protestation populaire sur cette île où les produits alimentaires sont en moyenne 40% plus chers que dans l’Hexagone, selon l’Insee. Malgré la signature de ce protocole, les prix ont enregistré en juillet 2025 une progression de 0,8% sur un an en Martinique, indiquait l’institut fin août. «L’Etat s'était engagé à ouvrir une négociation» et «les associations de consommateurs nous le demandaient», a rappelé le représentant de l’Etat. Jusqu’ici limité à 134 articles répartis en quatre «sous-paniers» - produits alimentaires, infantiles, d’hygiène ou d’entretien -, le BQP, dont la nouvelle version entre en vigueur dès mardi, comporte désormais 180 produits, dont 14 fournitures scolaires, catégorie jusqu’ici exclue du dispositif. En outre, une catégorie «BQP bricolage», qui inclut 36 articles vendus dans sept enseignes de l'île, a été créée, en s’inspirant du modèle existant à La Réunion. Ces produits ont été définis «par les associations de consommateurs, qui ont fait état de leurs besoins», s’est félicité Patrick Plantard, le président de l’Observatoire des prix, des marges et des revenus des Antilles-Guyane, qui prend part chaque année à l'élaboration du BQP. Le dispositif annuel devrait être étoffé d’un «BQP automobile» portant sur les pièces détachées et «les services d’entretien des véhicules», a indiqué le préfet. Les négociations avec les acteurs de ce secteur seront lancées «d’ici quelques semaines», a-t-il précisé. © Agence France-Presse -
Allemagne : la justice se prononce sur le meurtre d’un policier attribué à un Afghan radicalisé
Berlin - Un tribunal allemand doit rendre mardi son jugement concernant un Afghan accusé du meurtre d’un policier, lors d’une attaque aux motivations jihadistes, première d’une série qui avait choqué le pays et contribué à la progression de l’extrême droite. Le procureur a requis une peine de prison à perpétuité pour Sulaiman A., 26 ans, assortie d’une reconnaissance de la gravité particulière de la culpabilité qui rendrait très difficile une libération anticipée. Accusé d’un meurtre et de cinq tentatives de meurtre, l’accusé avait gardé le silence sur le motif de son acte présumé à l’ouverture de son procès, mi-février, dans une salle sécurisée de la prison de Stuttgart-Stammheim (sud-ouest). Le 31 mai 2024 à Mannheim (ouest), sur la place du marché, il s’en était pris à plusieurs membres d’une organisation anti-islam, le Mouvement citoyen Pax Europa (BPE), poignardant l’orateur principal, Michael Stürzenberger, déjà condamné pour incitation à la haine raciale. L’accusé a ensuite donné plusieurs coups de couteau à quatre personnes qui voulaient l’arrêter, avant de s’en prendre à un policier de 29 ans. Une vidéo le montrant en train de frapper l’agent à la tête avait largement circulé sur les réseaux sociaux, accentuant l'émotion. La victime était décédée deux jours plus tard à l’hôpital. Mineur non accompagné Selon les enquêteurs, Sulaiman A., un partisan du groupe jihadiste Etat islamique (EI), aurait décidé au printemps 2024 de commettre un attentat en Allemagne contre des «infidèles». Des médias allemands ont affirmé qu’il était arrivé en Allemagne à l'âge de 14 ans, avec son frère, mais sans leurs parents. Ils se sont vu refuser l’asile mais, en tant que mineurs non accompagnés, ont bénéficié d’un sursis, puis d’un titre de séjour. Le verdict est attendu une semaine après la condamnation à perpétuité d’un Syrien pour une autre attaque jihadiste au couteau, à Solingen, qui avait fait trois morts en août 2024. Espacées de trois mois, ces deux attentats avaient pesé sur les élections législatives de l’hiver suivant, marquées par la progression du parti d’extrême droite AfD. Au cours de la campagne, l’Allemagne a connu d’autres violences meurtrières impliquant des ressortissants étrangers qui ont enflammé le débat sur la politique d’asile et la sécurité. Mi-février, l’ouverture du procès de Sulaiman A. avait d’ailleurs coïncidé avec une attaque à la voiture-bélier à Munich, dont l’auteur présumé est également afghan. Elle a fait 2 morts et 44 blessés graves. Un million de réfugiés Juste avant, fin janvier, un Afghan souffrant de troubles psychiatriques s’en est pris à un groupe d’enfants dans un parc à Aschaffenbourg (sud), poignardant à mort deux personnes, dont un garçon de deux ans. La première économie européenne a accueilli plus d’un million de réfugiés, dont de très nombreux Syriens et Afghans, lors de la crise migratoire de 2015-2016. Mais elle a aujourd’hui définitivement tourné cette page associée à l’ex-chancelière Angela Merkel (2005-2021). Pour enrayer l’ascension de l’AfD, le chancelier conservateur Friedrich Merz a opéré un nouveau tour de vis sur la politique migratoire, instaurant notamment le refoulement des demandeurs d’asile aux frontières. En juillet, sa coalition a organisé le rapatriement de 81 condamnés afghans dans leur pays, malgré la présence au pouvoir des talibans. Samedi, le ministère de l’Intérieur a redit à l’AFP son intention de «permettre des rapatriements réguliers et fréquents vers l’Afghanistan», justifiant ainsi des «discussions techniques» avec les talibans. © Agence France-Presse