
La recette du marché allemand pour convertir les épargnants aux ETF

Avec 27 % des encours, l’Allemagne domine le marché européen des ETF. Une position qu’elle doit tout particulièrement à ses investisseurs particuliers. « La moitié des 300 à 350 milliards d’euros d’actifs sous gestion investis en ETF en Allemagne vient d’épargnants individuels, dont 100 milliards apportés par des investisseurs autonomes, clients de banques et de courtiers en ligne », indique Christian Biemuller, responsable de la distribution digitale en Europe continentale pour BlackRock, qui capte environ la moitié de ce marché de 100 milliards avec iShares ETF. On estime ainsi entre 7 et 10 millions le nombre de particuliers allemands investis dans au moins un ETF. En France, l’AMF n’en compte pas plus de 450 000…
Ce succès des fonds cotés outre-Rhin vient tout particulièrement de plateformes qui proposent des plans d’investissement réguliers et automatisés : un épargnant peut programmer d’investir, ne serait-ce que dix euros, chaque mois dans un ou plusieurs titres. S’il est aussi possible d’investir en direct dans des actions, ce sont les ETF qui dominent très largement les allocations. « Plus de la moitié de nos 600 000 clients ont au moins un plan d’investissement, pour une épargne moyenne mensuelle de 470 euros, et 91 % de ces flux vont vers les ETF », témoigne Marc Braun, responsable pour la France de la plateforme Scalable Capital, un des principaux acteurs de ce marché en Allemagne qui en compte une vingtaine.
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Cette alliance entre plans d’investissement et ETF répond bien aux besoins du marché. « Les Allemands épargnent beaucoup, mais principalement en cash ou sur leurs comptes courants : prélever un montant prédéfini chaque mois, indépendamment de l’état des marchés financiers, correspond bien à cette approche », estime Christian Bimueller. L’optique n’est pas de « timer » le marché ni de spéculer sur quelques actions en vue, mais bien d’investir à long terme. « On reproche à certains néo-courtiers de présenter la Bourse comme un casino aux jeunes investisseurs : à travers l’investissement en ETF, nous les incitons au contraire à des investissements diversifiés », souligne Marc Braun.
Stabilité des flux
Mais c’est aussi le modèle de frais qui finit de convaincre les épargnants allemands. Scalable ne facture ainsi aucun frais de transaction pour ses plans d’investissements. « Nous mutualisons les ordres et nous offrons en échange la gratuité à nos clients », précise Marc Braun. S’y ajoutent des accords avec les fournisseurs d’ETF eux-mêmes. « En Allemagne, nous avons noué des partenariats avec de multiples plateformes digitales pour proposer des frais de gestion nuls ou du moins très limités sur nos ETF », complète Christian Bimueller. Pour les fournisseurs d’ETF, ce type de clientèle retail présente en effet l’avantage d’apporter une grande stabilité dans les flux. «Une large part des clients qui ont investi dans les premiers plans il y a sept ans sont toujours présents », complète l’expert de BlackRock.
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Ce succès allemand commence à faire des émules chez les voisins européens. Scalable, qui s’est installé en France il y a un an, est aussi présent en Espagne, en Italie, en Autriche au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. De même, iShares noue, depuis l’an dernier, des partenariats au-delà des frontières allemandes.
Mais selon les marchés, la recette du succès pourrait être différente. « En France, l’expansion des ETF au sein de la clientèle des particuliers pourrait davantage passer par d’autres produits d’investissement à long terme, tels que les Plans épargne retraite (PER), prévient Bettina Mazzocchi, directrice iShares & Wealth pour la France, la Belgique et le Luxembourg chez BlackRock. Mais l’esprit reste le même : sur le PER de Boursorama, par exemple, beaucoup d’investisseurs ont choisi les versements libres programmés. » Une opportunité que cherchent à saisir les fournisseurs d’ETF.
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RDC: à Ntoyo, dans le Nord-Kivu, les survivants des massacres commis par les ADF enterrent leurs morts
Ntoyo - Lundi soir, les habitants de Ntoyo, un village de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’apprêtaient à assister à des funérailles quand une colonne d’hommes armés a surgi de la forêt. «Parmi eux, il y avait de très jeunes soldats», raconte à l’AFP Jean-Claude Mumbere, 16 ans, rescapé d’un des deux massacres commis par les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) dans la nuit de lundi à mardi, l’un à Ntoyo et l’autre dans un village distant d’une centaine de kilomètres. Le bilan de ces attaques, au moins 89 tués selon des sources locales et sécuritaires, a peu de précédent dans une région pourtant en proie à une instabilité chronique, victime depuis trente ans de multiples groupes armés et conflits. Les ADF, groupe armé né en Ouganda et qui a prêté allégeance à l’Etat islamique, est connu pour une extrême de violence à l'égard des civils. «Ils étaient nombreux et parlaient une langue que je ne comprenais pas. De loin, ils portaient des tenues qui ressemblaient à celles des militaires», se souvient le jeune homme, venu assister mercredi aux funérailles de sa soeur, l’une des victimes de ce nouveau massacre perpétré dans la province du Nord-Kivu. Plus de 170 civils ont été tués par les ADF depuis juillet dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, selon un décompte de l’AFP. Plus au sud, malgré les pourparlers de paix de ces derniers mois, des affrontements se poursuivent entre l’armée congolaise (FARDC) et affiliés, et le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par le Rwanda et son armée, qui s’est emparé des grandes villes de Goma et de Bukavu. A Ntoyo, Didas Kakule, 56 ans, a été réveillé en sursaut par les premiers coups de feu. Il dit avoir fui avec femmes et enfant à travers les bananeraies pour se réfugier dans la forêt voisine, avec d’autres habitants. Tapis dans l’obscurité, les survivants n’ont pu que contempler leurs maisons consumées par les flammes. «Les coups de feu ont retenti longtemps. Ma maison a été incendiée, ainsi que le véhicule qui était garé chez moi. Chez nous, heureusement, personne n’a été tué», dit Didas Kakule. Jean-Claude Mumbere, lui, a été touché par une balle pendant sa fuite. «Ce n’est qu’après m'être caché dans la forêt que j’ai réalisé que je saignais», affirme-t-il. «Inaction» Mercredi, Ntoyo, 2.500 habitants, n'était plus qu’un village fantôme, et la plupart des survivants partis se réfugier dans l’agglomération minière voisine de Manguredjipa. Une dizaine de corps étaient encore étendus sous des draps ou des bâches, battus par une forte pluie. Des volontaires ont creusé des tombes, assistés par des jeunes des environs, et planté 25 croix de bois dans la terre humide. Une partie des dépouilles avait déjà été emportée par les familles, les cercueils ficelés à la hâte sur des motos. Parmi les quelques proches de victimes venus aux funérailles, Anita Kavugho, en larmes devant la tombe de son oncle. Il est mort "à cause de l’inaction des autorités qui ne réagissent pas aux alertes», peste la jeune femmme, une fleur à la main. Des pickups de l’armée congolaise stationnent non loin, devant un véhicule calciné. Le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés de l’armée congolaise dans le nord-est de la RDC depuis 2021 n’a pas permis de mettre fin aux multiples exactions des ADF, groupe formé à l’origine d’anciens rebelles ougandais. Quatre militaires congolais étaient présents à Ntoyo au moment de l’attaque. Les renforts stationnés à environ 7 km à Manguredjipa sont arrivés trop tard. «C’est leur faillite, on signale aux militaires que les assaillants sont tout près, et ils n’arrivent pas à intervenir», lâche Didas Kakule, amer. Cette énième tuerie risque d’aggraver la «fissure» entre l’armée et la population, estime Samuel Kakule, président de la société civile de Bapere. Les ADF «se dispersent en petits groupes pour attaquer nos arrières», répond le lieutenant Marc Elongo, porte-parole de l’armée congolaise dans la région, présent à Ntoyo mercredi. Quelques jours auparavant, les forces ougandaises et congolaises s'étaient emparées d’un bastion ADF dans le secteur et avaient libéré plusieurs otages du groupe, selon l’armée. Mais comme souvent, les ADF se sont dispersés dans la forêt, et ont frappé ailleurs. Une stratégie pour attirer les militaires loin de ses bases, selon des sources sécuritaires. © Agence France-Presse -
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