
La Bourse facilite les nettoyages de portefeuilles

C’est un ménage de printemps avant l’heure. En fin de semaine dernière, Renault a récupéré 1,2 milliard d’euros grâce à la vente de sa participation résiduelle de 1,54% au capital de Daimler. 48 heures auparavant, Bouygues avait fait remonter 500 millions d’euros en se délestant de 3,23% du capital d’Alstom.
Les deux industriels français ne sont pas les seuls à faire le tri dans leurs participations. La vente effectuée par Renault était la vingtième opération de ce type depuis le début de l’année en Europe, Royaume-Uni compris. Les fonds d’investissement contribuent pour une bonne moitié au mouvement. En France par exemple, Apollo a vendu 9% du capital de Verallia la semaine dernière. Les actionnaires-dirigeants ne sont pas en reste. La holding de Remo Ruffini, le fondateur de Moncler, a cédé pour 400 millions d’euros de titres du fabricant de doudounes de luxe.
Ces actionnaires, qu’ils soient industriels, financiers ou dirigeants, profitent de conditions de marché favorables pour monétiser leurs participations, soit pour empocher des plus-values, soit pour faire remonter du cash dans les caisses. La vente d’actions Daimler par Renault servira notamment à rembourser une partie du prêt garanti par l’Etat (PGE) souscrit par le constructeur automobile en mai 2020.
Les marchés actions européens sont tous revenus à leurs niveaux d’avant le Covid, y compris le CAC 40 la semaine dernière. Et la collecte des fonds investis en actions a fortement progressé ces derniers jours, les stratégistes de Bank of America parlant même de « champagne pour les actions », avec 31,5 milliards de dollars injectés dans les fonds actions la semaine passée, dont un gros tiers pour les fonds en actions américaines.
Petite décote
«Les deux grosses ventes de blocs de la semaine dernière, Alstom par Bouygues et Daimler par Renault, se sont très bien passées. Cela démontre l’intérêt actuel des investisseurs pour les actions européennes», souligne Cyril Revenu, banquier conseil chez HSBC, et ancien responsable des activités primaire actions (equity capital market, ECM) de la banque en France. HSBC était l’une des deux banques conseil de Renault sur la vente d’actions Daimler, avec BNP Paribas.
L’opération lancée par Renault constitue le placement le plus important en Europe depuis le début de l’année et le plus gros du secteur automobile depuis novembre 2017. Mais malgré sa consistance, le bloc a été bien absorbé par le marché. Vendredi, l’action Daimler a fini autour de 70 euros, soit au-dessus du prix de cession des actions par Renault (69,50 euros). «A 3,59%, la décote est très compétitive pour un bloc de cette taille et au moment où le cours de l’action Daimler évolue à ses plus hauts historiques», reconnaît Cyril Revenu. Pour Alstom, la décote était également faible, à 3,3%.
Des banquiers plus disciplinés
Ce bon accueil résulte aussi d’une meilleure discipline dans l’organisation de ces opérations. Auparavant, ces blocs étaient traditionnellement mis sur le marché à la suite d’un processus d’enchères organisé par le vendeur des actions. Ce dernier retenait la ou les banques qui lui garantissaient le meilleur prix de vente. A charge pour l’établissement financier de revendre ensuite ces titres sur le marché à un meilleur prix pour espérer toucher une plus-value, qu’il devait ensuite partager avec le vendeur. Un processus concurrentiel extrêmement risqué pour les banques, dans lequel plusieurs d’entre elles se sont brûlé les doigts par le passé. La compétition entre les banques pour obtenir le mandat avait aussi tendance à gonfler les décotes, au détriment du vendeur. «C’était perdant-perdant pour tout le monde», admet un banquier.
Dans le cas de Renault et de Bouygues, la vente des blocs d’actions a été réalisée selon la méthode dite du meilleur effort (best effort), c’est-à-dire sans prix garanti, mais avec une meilleure assurance de réussite. Dans ce cas, l’opération est confiée à un nombre limité de banques. Celles-ci ont la possibilité de réaliser en amont un sondage confidentiel auprès de quelques investisseurs de référence pour tâter le marché et déterminer un prix d’équilibre. «Cela évite de partir à l’aveugle et permet d'équilibrer le rapport de force entre vendeur et acheteur, et donc de mieux piloter la décote», explique un autre banquier. D’autant que si les résultats du sondage ne sont pas favorables, le vendeur a toujours la possibilité d’annuler son opération. Les banques y gagnent également : en plus d’une commission fixe de structuration et de placement, elles perçoivent un bonus en fonction de la décote et de la satisfaction du client.
Cette méthode était fréquente pour les petites opérations, pour vérifier que le marché était capable d’absorber un bloc important du capital. Elle a été employée une première fois sur une opération d’envergure par l’Etat début 2017, lors d’une vente d’actions Engie, l’Agence des participations de l’Etat souhaitant réduire au maximum le risque d’échec. Peu habitués, certains banquiers avaient grincé des dents. Depuis, elle est quasiment devenue la norme. Selon un spécialiste, 90% des ventes de blocs se font désormais avec la méthode best effort.
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Népal : trois ministres du gouvernement provisoire nommés après les émeutes meurtrières
Katmandou - La nouvelle Première ministre du Népal Sushila Karki a présenté lundi les trois premiers membres du gouvernement provisoire qu’elle dirigera jusqu’aux élections convoquées en mars après les émeutes meurtrières de la semaine dernière Les nouveaux ministres ont prêté serment à la mi-journée devant le chef de l’Etat Ramchandra Paudel, lors d’une courte cérémonie organisée sous une tente devant les ruines de la présidence incendiée par les manifestants. Ancien patron de l’Autorité de régulation de l'électricité, Kulman Ghisang s’est vu attribuer les portefeuilles de l’Energie, des Infrastructures, des Transports et du Développement urbain. Economiste reconnu et ancien secrétaire du ministère des Finances, Rameshwor Khanal a été promu ministre des Finances. Quant à l’avocat Om Prakash Aryal, spécialisé dans les dossiers de corruption, de gouvernance et de défense des droits humains et des libertés, il dirigera un grand ministère de la Loi, de la Justice et des Affaires parlementaires. L’ex-cheffe de le Cour suprême, Sushila Karki, 73 ans, a pris vendredi les rênes du pays dans la foulée des plus graves émeutes antigouvernementales que le pays a connues depuis l’abolition de la monarchie en 2008. Elle doit conduire le pays jusqu'à des élections législatives anticipées fixées le 5 mars 2026. Selon le dernier bilan publié par les autorités, les violences ont fait au moins 72 morts et des centaines de blessés, dont 191 étaient toujours hospitalisés dimanche. Le 8 septembre, la police a ouvert le feu à Katmandou sur des milliers de jeunes manifestants réunis sous la bannière d’une «Génération Z» venus dénoncer le blocage des réseaux sociaux et, au-delà, la corruption du gouvernement. Le lendemain, des groupes de manifestants ont mis à sac la capitale en incendiant et détruisant tous les symboles du pouvoir, dont le Parlement et de nombreux bâtiments ministériels. Au pouvoir depuis 2024, le Premier ministre KP Sharma Oli, a été contraint de démissionner. Lors de sa première prise de parole publique dimanche, Mme Karki s’est engagée à satisfaire les exigences des jeunes protestataires. «Nous devons travailler en accord avec la pensée de la génération Z», a-t-elle déclaré, «ce qu’ils réclament, c’est la fin de la corruption, une bonne gouvernance et l'égalité économique». Dans un pays où plus des trois quarts de la main d'œuvre sont employés dans l'économie informelle, plus de 20% des jeunes Népalais de 15 à 24 ans sont au chômage, selon de récentes estimations de la Banque mondiale. Alors que le produit intérieur brut (PIB) annuel par habitant frôle à peine les 1.450 dollars, les manifestants ont régulièrement dénoncé le train de vie luxueux des enfants de l'élite qui s’affichent sur les réseaux sociaux. © Agence France-Presse -
La Bourse de Paris en hausse, les yeux sur la Fed
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Rubio rencontre Netanyahu à Jérusalem pour parler des conséquences de la frappe israélienne au Qatar
Jérusalem - Le secrétaire d'État américain Marco Rubio rencontre lundi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour examiner les conséquences d’une attaque israélienne contre des dirigeants du Hamas au Qatar et ses répercussions sur les efforts visant à instaurer une trêve à Gaza. La rencontre entre MM. Rubio et Netanyahu devait commencer à 10h00 (07h00 GMT) à Jérusalem, selon le département d’Etat. M. Rubio a indiqué à des journalistes qu’il comptait discuter avec le Premier ministre de l’offensive militaire israélienne en cours sur Gaza-ville, ainsi que des discussions au sein du gouvernement israélien sur l’opportunité d’annexer des territoires en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, dans le but d’empêcher la création d’un État palestinien. Il a affirmé que le président américain Donald Trump souhaitait que la guerre de Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas, le 7 octobre 2023, sur Israël, soit «terminée», ce qui doit passer selon lui par la libération des tous les otages enlevés ce jour-là et des garanties sur le fait que le Hamas «ne soit plus une menace» pour Israël. La visite de M. Rubio avait été prévue avant la frappe israélienne ayant visé des dirigeants du Hamas, le 9 septembre au Qatar, une attaque qui a fortement contrarié Donald Trump. Washington est l’allié numéro un d’Israël, mais aussi un proche allié du Qatar, pays à la pointe des efforts diplomatiques, avec l’Egypte et les Etats-Unis, en vue d’un accord de cessez-le-feu et de libération des otages à Gaza. Le Qatar abrite la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient. La visite de M. Rubio est destinée afficher la solidarité des Etats-Unis avec Israël à une semaine d’un sommet codirigé par la France et l’Arabie saoudite aux Nations Unies et destiné à promouvoir la reconnaissance internationale de l’Etat de Palestine, ce à quoi s’opposent fermement M. Netanyahu et ses alliés d’extrême droite au sein du cabinet israélien. «Capitale éternelle» Le secrétaire d’Etat a indiqué que l’attaque israélienne à Doha ne le détournait pas du but initial de sa visite. Cette frappe «ne va pas changer la nature de notre relation avec Israël, mais nous allons devoir en parler», a déclaré M. Rubio avant son départ. «Nous ne sommes évidemment pas contents de (cette attaque mais) nous devons aller de l’avant et déterminer ce qui va se passer ensuite», a-t-il ajouté. La frappe visait une réunion de dirigeants du Hamas rassemblés pour examiner une nouvelle proposition de cessez-le-feu américaine pour Gaza. Elle a fait cinq morts, cinq Palestiniens membres du Hamas et un policier qatari. Catholique pratiquant, M. Rubio s’est recueilli dimanche avec M. Netanyahu au mur des Lamentations, lieu le plus sacré du judaïsme où les juifs sont autorisés à prier. Le mur des Lamentations, vestige du Second Temple juif, détruit par les Romains en l’an 70, est situé à Jérusalem-Est, secteur de la Ville sainte occupé et annexé par Israël depuis 1967. Dans un message sur X, M. Rubio a ensuite déclaré que Jérusalem était la «capitale éternelle» d’Israël. M. Netanyahu a déclaré lui que l’alliance d’Israël avec les États-Unis n’avait «jamais été aussi forte». Les Etats-Unis sont un des rares pays à reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, enjeu clef du conflit israélo-palestinien. L’annexion de Jérusalem-Est n’est pas reconnue par les Nations unies, et l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas souhaite faire de ce secteur la capitale de l’Etat palestinien pleinement souverain et indépendant auquel aspirent les Palestiniens. © Agence France-Presse