Les trésoreries de Fnac et Darty ne font plus qu’une

Le groupe Fnac Darty est né en 2016 sur le papier, avant exécution opérationnelle : priorité est donnée aux achats, à la logistique ou aux stocks, avant de passer à la fonction finance. Avec, côté trésorerie, le triple objectif de « comprendre, prévoir et contrôler le cash », selon Stéphanie Constand, directrice trésorerie et financements de Fnac Darty. Sur ce front, l’union récemment achevée a pris dix-huit mois contre six prévus, sans compter le décalage d’un an dû au Covid ayant contraint à ne lancer que début 2021 l’appel d’offres pour le nouvel outil. « Nous sommes partis d’une feuille blanche, remplaçant de bout en bout une technologie obsolète et complexe par un fonctionnement digitalisé, l’outil constitue un socle fédérateur », selon la dirigeante. Le choix s’est porté sur le TMS (Treasury management system) de Diapason. Fnac et Darty séparément utilisaient les solutions d’un même autre prestataire.
Une aventure humaine
Le projet est d’envergure. Fnac et Darty ont chacun un chiffre d’affaires annuel voisin de 4 milliards d’euros, cela hors taxe, « soit 10 milliards d’entrée de cash par an au total », pointe Stéphanie Constand. Si l’équipe ne traite pas chacune des millions de transactions du groupe, une agrégation en amont se faisant au niveau bancaire, « nous gérons tout de même auprès d’une dizaine d’établissements quelque 900 comptes bancaires, avec plusieurs comptes pour chacun des 200 magasins Fnac et des comptes plus centralisés pour les 400 Darty ».
A partir de deux cultures différentes, la technologie a permis des gains d’efficacité opérationnelle : la validation de la position quotidienne de trésorerie « occupait auparavant près de deux personnes pendant huit heures. Aujourd’hui, une seule personne le fait en quatre heures, relève Stéphanie Constand. La quasi-totalité des 2.000 virements manuels subis chaque année a disparu, tout comme l’ensemble des feuilles Excel que nous utilisions tous. » L’automatisation, qui passe notamment de façon homogène par le protocole Ebics (Electronic banking internet communication standard, NDLR) pour la réception des relevés bancaires, « est d’autant plus poussée grâce au choix du SaaS (Software-as-a-Service, NDLR) privé offrant davantage de flexibilité, de paramétrage et de cycle de vie à Fnac Darty », avance Alexandre Sortais, directeur des services de Diapason.
Outre cette vision instantanée optimisée, les gains concernent aussi la prévision de trésorerie, sur la base de codes analytiques qualifiant la donnée pour distinguer par exemple ventes en ligne et en magasin, ou par enseignes, voire par typologies de produits. « Plusieurs niveaux de codes sont possibles, offrant une comparaison budgétaire plus précise, ainsi qu’une consolidation des prévisions court et long terme grâce au module budget de trésorerie », précise Alexandre Sortais. Les budgets mensuels à douze mois produits sont stratégiques pour Fnac Darty étant donné la forte saisonnalité du solde de cash, qui atteint un pic à un milliard d’euros à Noël après deux mois de fortes ventes d’articles qui ne seront payés aux fournisseurs qu’en début d’année. Stéphanie Constand met en avant l’aventure humaine : « C’est une fierté collective d’avoir réussi ce chantier. Il permet aux trésoriers de consacrer bien plus de temps à des tâches à forte valeur ajoutée ».
La directrice se félicite du « gain de légitimité et même de pouvoir de l’équipe au sein du groupe. Nous sommes en mesure, grâce à nos analyses plus fines, de mieux accompagner les départements opérationnels ». Le chantier pourra connaître des étapes complémentaires, grâce à l’approche modulaire de l’outil. Il couvre tout le groupe sur les prévisions mais pas l’étranger (20 % des ventes) côté paiements. Ni la Fnac quant aux rapprochements bancaires, effectués au sein de l’outil comptable : « Nous sommes les gardiens du temple du cash, cette opération pourrait se faire de notre côté », plaide Stéphanie Constand. L’outil pourrait aussi intégrer le module consacré aux cautions ou celui à la fraude. A ce titre, comme sur la prévision de trésorerie, Diapason « travaille beaucoup sur l’apport de l’intelligence artificielle ainsi que sur des collaborations avec des fintechs », relève Alexandre Sortais. La sauce moutarde-ketchup, ainsi que se désignent les salariés en interne d’après la couleur des gilets des vendeurs Fnac et Darty, est bien unifiée. Il est encore possible d’améliorer la recette.
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